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Coronavirus : les hôpitaux se mobilisent pour éviter l'engorgement

Les professionnels de santé demandent aux Français de respecter les recommandations afin de les aider à faire face à cette crise sanitaire.[Anne CHAON / AFP]

Emmanuel Macron l'a annoncé jeudi 12 mars : nous sommes face à «la plus grave crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle». En première ligne, les hôpitaux sont sur le pied de guerre, adaptant leurs pratiques à l'affluence qui s'annonce.

Le gouvernement a déclenché le «plan blanc maximal», ordonnant aux hôpitaux et cliniques d'annuler toute chirurgie non-urgente pour accueillir le maximum de malades du coronavirus. Pour cela, les établissements de santé disposeront de «tous les moyens financiers nécessaires».

Selon Olivier Véran, ministre de la Santé, il s'agit de «libérer les ressources, les plateaux techniques (et) les personnels compétents». Car ce que craignent avant tout les professionnels de santé, c'est l'engorgement.

«Les gens très malades représentent moins de 5% des personnes qui sont infectées» par le coronavirus, mais l'épidémie «va toucher probablement 50, 60, 70% de la population française», estime le Pr Karine Lacombe, cheffe du service de maladies infectieuses à l'hôpital parisien Saint-Antoine.

«Si c'est sur un laps de temps très court, par exemple un mois et demi à deux mois, ça va faire beaucoup de personnes à prendre en charge dans le système de soins», explique-t-elle.

Surtout que la crise intervient alors que le secteur de la santé est traversé depuis un an par un conflit social inédit sur fond de restrictions budgétaires chroniques. Les soignants redoutent de devoir absorber une hausse soudaine de patients dans des services déjà surchargés.

Renfort des équipes et limitation des admissions

«Ce serait mentir que de prétendre qu'on aborde cette épidémie dans les meilleures conditions», reconnaît Martin Hirsch, interrogé par Le Monde. Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) explique que la répartition des moyens a été calculée en fonction des chiffres de l'épidémie de grippe de 2018, en leur appliquant les facteurs multiplicatifs spécifiques au Covid-19.

Les établissements de santé misent donc sur une double stratégie : le renfort des équipes de soignants et la limitation des admissions, réservées, autant que possible, aux cas les plus graves.

Le premier point repose notamment sur la mobilisation de la réserve sanitaire. Mise en place en cas de situation sanitaire exceptionnelle , elle regroupe les professionnels de santé en retraite depuis moins de cinq ans ou disponibles suite à une cessation d'activité, les étudiants en médecine, les infirmiers et les médecins.

Si besoin, les ingénieurs, logisticiens, épidémiologistes, psychologues, et secrétaires médicaux peuvent aussi être mis à contribution.

Pour limiter les admissions et éviter la saturation des services, l'AP-HP et Nouveal e-santé ont lancé l'application Covidom dédiée au télésuivi des personnes qui resteront chez elles. Ces patients seront soumis à un questionnaire chaque jour afin de pouvoir suivre leur évolution et adapter leur prise en charge si nécessaire.

Sur Twitter, le Collectif inter-hôpitaux a également créé le challenge #Restecheztoi afin de responsabiliser les internautes. Il repose sur une règle unique : les soignants demandent aux Français de les aider en ne quittant pas leur domicile, pour éviter de participer à la propagation du virus.

La limitation des contaminations est aujourd'hui leur principal souci, afin d'étaler l'afflux de patients dans le temps. Si bien que Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP n'a pas hésité à demander aux Français de ne pas aller voter, dimanche 15 mars.

D'autres professionnels de santé déploraient également la tenue du scrutin mais pour des raison différentes : ils pointaient la présence de gel hydroalcoolique, parfois en abondance, dans les bureaux de vote, alors qu'eux-mêmes en manquent dans le cadre de leurs fonctions.

Pourtant, la bonne santé des soignants est indispensable à la gestion de cette crise sanitaire puisqu'ils ne seront plus en mesure d'aider les malades s'ils le sont eux-mêmes.

Selon Martin Hirsch, des consignes leur ont été transmises. Ils doivent éviter de s'embrasser, de se serrer la main et de se réunir pour des repas entre collègues. Une chaise sur deux est également retirée dans les cafétérias.

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