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Pollution, bruit, lumière... les effets inattendus du confinement à Paris

Après une semaine, les mesures de restrictions ont des conséquences sur l'environnement. [© PHILIPPE LOPEZ / AFP]

Le confinement décrété contre la pandémie de coronavirus entraîne certaines conséquences inattendues, bien éloignées de la lutte contre la maladie pour les habitants de région parisienne. Des effets qui se confirment deux semaines après l'entrée en vigueur de la mesure.

Alors que la présidente de Bruitparif, Fanny Mietlicky, relavait une «diminution du bruit est énorme» le lundi 23 mars, ces observations ont depuis été «légèrement renforcées», indique l'institution mercredi 1er avril. Depuis le mardi 17 mars, date de mis en place du confinement, les émissions sonores chutent en effet progressivement, en même temps que le trafic automobile se raréfie.

Résultat : les appareils de mesure de Bruitparif enregistrent une baisse quotidienne moyenne entre 5 et 7 décibels, surtout marquée la deuxième semaine le long des grands axes, tels que le périphérique. «En sachant qu'une baisse de 5 db représente environ une suppression de 66 % du bruit et 7 db de près de 80 %», explique la spécialiste.

Et ce constat est général, puisqu'il s'applique «pour les pics sonores produits par des deux-roues ou des sirènes de véhicules d’urgence, comme pour le bruit global de fond». Certains habitants de la capitale l'ont sans doute remarqué : «on retrouve des sonorités qu’on n’avait pas habitude d'entendre à Paris, comme des chants d’oiseaux», se réjouit Fanny Mietlicky.

Les «nuisances festives» disparues ?

Mais il n'y a pas que le trafic. Avec les mesures de restriction, les nuisances sonores ont aussi baissé dans les quartiers habituellement festifs, avec de nombreux bars et restaurants : «par exemple, rue des Lombards, on est passé de 70 à 55 db sur l'horaire 22h-2h du matin. Une baisse de 15 db, cela veut dire qu'il n'y a plus de bruit», décrypte la présidente de Bruitparif.

En outre, les riverains des chantiers à l'arrêt, en particulier ceux du Grand Paris Express depuis le 18 mars, peuvent profiter du silence. Idem pour les personnes habitant près des aéroports, puisque le trafic aérien a fortement diminué pendant la semaine de confinement, avant de quasiment s'arrêter lors de la deuxième semaine.

A noter toutefois une exception réjouissante : plusieurs stations d'observations de Bruitparif captent de nettes augmentations du bruit aux alentours de 20h, en raison... des applaudissements des habitants pour les soignants et les travailleurs mobilisés face au coronavirus. Un phénomène par exemple visible sur les relevés pour la rue de la Ferronnerie (1er) : 

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La pollution plus tenace

L'effet du confinement sur la qualité de l'air, lui, est plus nuancé. L'oxyde d'azote (NOx), un polluant produit en majorité par le trafic routier, a vite et nettement diminué. Mais l'agriculture (avec l'épandage) et surtout le chauffage (notamment au bois), couplés à «des conditions météo spécifiques», ont entraîné la formation de particules fines les premiers jours du confinement, a expliqué lundi 23 mars Karine Léger, la directrice d'Airparif.

En clair, s'il n'y avait pas eu le confinement, la région parisienne aurait sans doute subi un pic de pollution, comme c'est régulièrement le cas au mois de mars.

Mais la situation s'est ensuite «nettement améliorée» à partir du lundi 23 mars «en particulier grâce au vent qui disperse les polluants», souligne la spécialiste, alors que les prévisions d'Airparif virent désormais au vert.

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© Aiparif

Résultat : l'institut de contrôle a pointé mercredi 25 mars «une amélioration de la qualité de l’air de l’ordre de 20 à 30 % dans l'agglomération parisienne, consécutive à une baisse des émissions de plus de 60 % pour l'oxyde d’azote» sur la semaine du 16 au 20 mars, comparé à d'autres mois de mars.

Malgré une réduction moins marquée des particules fines, il s'agit d'une embellie historique : «en 40 ans de mesure d’Airparif, cette situation n’est jamais arrivée de manière aussi importante et sur autant de stations de mesure», souligne l'établissement.

Une situation qui est restée stable depuis, avec des niveaux «bas» de NOx et «moyens» de particules fines, a indiqué Airparif mercredi 1er avril.

«Dans un contexte malheureusement dramatique, ces chiffres confirment notre discours depuis 2014 à Paris : la principale source de pollution est le trafic automobile», réagit Célia Blauel, adjointe parisienne au climat, à l'eau et aux canaux.

Si le bilan sur la qualité de l'eau de la Seine ne sera officialisé que dans plusieurs semaines, l'adjointe met déjà en avant une «forte diminution du trafic fluvial. Les très nombreux bateaux de tourisme ne naviguent plus, il ne reste que quelques transports de fret».

Et surtout, Célia Blauel note «clairement une baisse de la pollution lumineuse» dans la capitale ces derniers jours. «Les enseignes de magasins ainsi que certaines publicités sont éteintes, ou plus allumées entièrement». Ces lumières sont souvent critiquées pour nuire au bon fonctionnement des cycles de sommeil des habitants des villes.

«La pollution de l’air, la pollution sonore et la pollution lumineuse sont des fléaux pour la santé des Parisiens ainsi que pour la biodiversité et la nature. On pourra s'interroger et tirer des enseignements pour la suite».

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