Le Ramadan, mois sacré dans l'Islam, commence vendredi 24 avril. Mais en pleine crise du coronavirus, le quotidien et les habitudes religieuses des musulmans se retrouvent complètement chamboulés.
Une vie spirituelle d'autant plus perturbée depuis la mise en place du confinement, le 18 mars dernier, qui rend difficile, voire impossible, certaines pratiques.
Les prières
Dès le 9 mars, après l’interdiction de tout rassemblement de plus de 1 000 personnes, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé à annuler les prières du vendredi dans les mosquées. Quelques jours plus tard, avant même l'instauration du confinement, les mosquées de France ont fermé leurs portes.
Fermeture des mosquées de France à compter du dimanche 15 mars et jusqu'à nouvel ordre https://t.co/7CfayGGRi1 via @UmfOfficiel
— CFCM (@CfcmOfficiel) March 14, 2020
Mais même confinés chez eux, et dans l'incapacité de participer aux prières collectives, les croyants ne sont pas abandonnés par les autorités religieuses. Le CFCM a en effet appelé les imams à «doubler d’efforts pour accompagner les fidèles dans leur vie spirituelle». Comment ? Notamment via «des enregistrements audio ou vidéo» diffusés sur les réseaux.
Les cérémonies mortuaires
Autre moment clé de la vie spirituelle musulmane perturbé : la cérémonie mortuaire. Comme l'explique le Conseil Français du Culte Musulman, ces cérémonies doivent avoir lieu «dans la stricte limite du cercle des intimes» (20 personnes maximum), et dans le respect des gestes barrières.
Les toilettes mortuaires
Mais le plus gros changement concerne les lavages mortuaires. Selon les recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), le corps du défunt doit être lavé uniquement dans la chambre dans laquelle il a été pris en charge, à l’aide de gants à usage unique sans eau. «En d’autres termes, aucune des deux formes d’ablutions prévues par le droit musulman (Ghusl et tayamum) n’est possible, précise le CFCM. Dans ce cas les ablutions perdent leur caractère obligatoire.»
Nouvelles dispositions prises par la Grande Mosquée de Paris face à la pandémie de #COVID19. Les toilettes rituelles sont suspendues et nos imams sont à la disposition des fidèles pour tout conseil, via un standard téléphonique : pic.twitter.com/ae6YMiyKX9
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) March 18, 2020
Le rapatriement des corps
Après le décès, vient souvent pour les proches du défunt la question du rapatriement de son corps vers son pays d'origine. Mais cette opération est devenue quasiment impossible avec la fermeture de nombreuses frontières et la suspension des vols. Selon le CFCM, le rapatriement demeure possible «pour certains cas, vers certains pays, en mode cargo sans accompagnateur» il convient alors de se renseigner auprès des consulats concernés. Reste que ce rapatriement est jugé «inutile et inapproprié [...] dans ces cas précis de pandémie».
Pour rassurer les fidèles, Mohammed Moussaoui, président de l'organisme, rappelle que «la tradition prophétique est d’enterrer les personnes dans la région où elles sont mortes et le plus rapidement possible».
Le Ramadan
Le mois de ramadan, qui commencera vendredi 24 avril, ne sera pas annulé ou reporté. Cela reviendrait à annuler le mois d’avril ou de mai dans le calendrier grégorien. Mais les musulmans devraient effectuer leur jeûne dans des conditions particulières.
Comme l’a annoncé Emmanuel Macron le 23 mars dernier aux représentants des cultes, «les célébrations religieuses du mois d'avril devront se faire sans rassemblement». Une situation difficile à vivre pour tous les musulmans, pratiquants ou non, pour qui ce mois sacré est synonyme de rassemblements et d'échanges avec les proches.