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Coronavirus : le bac 2020 sera-t-il dévalué à cause de la crise sanitaire ?

A circonstances exceptionnelles, baccalauréat exceptionnel. En pleine pandémie, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a abandonné l'idée d'un examen final pour privilégier le contrôle continu. Les résultats seront dévoilés ce mardi 7 juillet, et certains s'interrogent sur la valeur de ce diplôme. Le bac 2020 sera-t-il dévalué ?

Au départ, il avait été question de conserver les épreuves à l'identique, avec une reprise des cours le 4 mai et un examen repoussé à la fin du mois de juin.

Mais avec la prolongation du confinement, cette hypothèse n'était plus envisageable et le contrôle continu s'est imposé.

Ainsi, selon les textes officiels, n'ont été prises en compte que les notes des premier et deuxième trimestres avant le confinement. Les livrets scolaires pouvaient aussi «valoriser» l'implication ou les progrès des élèves. Quant aux moyennes annuelles, elles ont été «arrondies à l'unité supérieure».

Des jurys d'harmonisation, qui avaient accès aux notes des élèves et à leurs appréciations, ont pu décider ou non de «revaloriser la moyenne annuelle». Pour en juger, ils disposaient également d'éléments statistiques des lycées sur les trois dernières années, comme les résultats au bac dans chaque série ou le taux de mentions. 

C'était le souhait de bons lycées, qui, ayant la réputation de noter sévèrement leurs élèves, craignaient de les voir désavantager cette année. D'autres établissements, réputés moins bons, contestaient à l'inverse cette mesure.

Dans tous les cas, l'examen 2020 n'avait pas été conçu comme tel et le baccalauréat suscite cette année quelques inquiétudes. Déplorant le fait que «les moyennes des deux premiers trimestres sont le plus souvent inférieures aux notes obtenues à l'examen final», Claire Guéville, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, s'inquiète de résultats «très inégaux» selon les lycées.

Sans compter que, bien avant le confinement, cette année scolaire avait déjà été troublée par plusieurs mouvements de grève. Contre la réforme des retraites, mais aussi contre les fameuses E3C, ces épreuves de contrôle continu que les classes de première devaient passer dès janvier, afin de préparer l'entrée en vigueur de la nouvelle formule du bac l'an prochain.

Autant d'événements qui, chacun à leur tour, ont perturbé l'apprentissage et peut-être les notes des candidats au bac 2020.

Il est déjà arrivé que le baccalauréat soit remanié dans l'urgence, en raison d'un contexte troublé. En 1968, au mois de mai, le pays tout entier était paralysé par les grèves générales. Les lycéens étaient dans la rue, certains de leurs professeurs aussi.

Moins d'une semaine avant la date initiale de l'examen, le ministre de l'Education nationale de l'époque, François-Xavier Ortoli, avait finalement annoncé son report à la fin du mois de juin. Les épreuves écrites avaient été annulées et remplacées par des oraux. Les livrets scolaires avaient également été pris en compte.

Résultat : 80% de réussite contre 60% l'année précédente. Aujourd'hui encore, le bac de 1968 a la réputation d'avoir été «donné». On raconte que les professeurs, nombreux à participer aux manifestations aux côtés de leurs élèves cette année-là, ont été plutôt indulgents.

Dira-t-on la même chose du bac 2020 ? Ceux qui visent le diplôme cette année pourront-ils justifier du même niveau en ayant passé plusieurs mois loin des salles de classe ?

Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents d'université (CPU), ne considère pas, «à ce stade», que le bac 2020 est dévalué. En tout cas, il ne s'inquiète pas concernant le niveau de ces potentiels bacheliers, futurs étudiants de l'enseignement supérieur.

«Dans les universités, les recrutements se passent de toute façon avant l'examen du bac, indique-t-il. C'est par rapport aux notes de l'année et souvent du première semestre.»

Le président de la CPU reconnaît néanmoins qu'il «faudra s'adapter» au fait que les élèves n'auront pas suivi «certains enseignements avec la même intensité». Mais «il en sera de même pour les étudiants de l'enseignement supérieur qui ont eux aussi subi le confinement».

Une situation qui, selon lui, n'impliquera pas de grand changement puisque l'université «a l'habitude de s'adapter à un public varié».

Quoi qu'il en soit, les candidats de cette année devront, comme tous ceux qui les ont précédés, se plier à la traditionnelle cérémonie des résultats. Les listes seront dévoilées ce mardi 7 juillet, et le stress sera sans doute au rendez-vous. Contrôle continu ou pas.

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