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Coronavirus : comment le Cantal résiste à l'épidémie

Aucun décès n'a encore été enregistré à l'hôpital et aucun cas n'a été recensé dans les nombreux Ehpad du territoire. (Image d'illustration)

Zéro décès, aucun cas en Ehpad. Malgré une population âgée, le Cantal affiche un bilan enviable face à l'épidémie de coronavirus mais les professionnels restent prudents dans l'attente du déconfinement, redoutant notamment la «deuxième vague».

L'arrivée d'un virus touchant plus particulièrement les personnes âgées aurait pu faire craindre le pire dans ce département où la part des seniors est l'une des plus élevées. Les plus de 60 ans y représentent 35% de la population.

Aucun décès enregistré

Mais les autorités sont formelles:  aucun décès n'a encore été enregistré à l'hôpital et aucun cas n'a été recensé dans les nombreux Ehpad du territoire.

Seul le département voisin de la Lozère peut aujourd'hui se vanter de n'avoir compté aucun mort à ce jour en métropole.

Au total, 63 personnes avaient été testées positives dans le Cantal au 5 avril, selon la préfecture. Et l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes comptabilisait vendredi 27 patients hospitalisés.

C'est seulement le 13 mars qu'un premier cas a été détecté dans ce département du sud de l'Auvergne. La victime, originaire de Charente-Maritime, était de passage.

Les premiers cas «autochtones», c'est-à-dire ceux qui ont été contaminés sans être sortis du Cantal, sont apparus au début du confinement.

Les mesures d'isolement de la population ont ainsi permis très vite de «casser les chaînes de transmission et la circulation du virus», explique à l'AFP Mathieu Kuentz, biologiste et président de la Commission médicale du centre hospitalier d'Aurillac.

Ce décalage avec les autres régions a aussi accordé davantage de temps aux professionnels de santé pour se préparer. «Nous avons pu augmenter nos capacités d'hospitalisation, préparer la mise en place des mesures barrières, les circuits de patients pour que les "Covid" ne croisent pas les autres, sinon on aurait saturé», affirme M. Kuentz. De huit lits de réanimation en temps normal, l'hôpital est passé à une vingtaine. De fait, huit seulement ont été nécessaires pour accueillir des patients Covid-19 en réanimation. Mais ce n'est pas l'unique explication.

La densité de la population, un atout majeur

L'enclavement du Cantal, situé au coeur du Massif central, en marge des grandes voies de communication, «a eu un rôle certain», estime M. Kuentz, qui évoque également la faible densité de population et un habitat «diffus».

Selon l'Insee, le Cantal compte un peu plus de 25 habitants par kilomètre carré contre 105 au niveau national. «Ici, nous n'avons pas de barres d'immeubles avec 300 personnes, ce qui limite la diffusion par les boutons d'ascenseurs ou les poignées de portes», note le biologiste.

Avec 146.000 habitants, et une majorité de communes comptant entre 200 à 400 habitants en moyenne, «le phénomène de distanciation sociale est naturel» dans le Cantal, explique à l'AFP la préfète Isabelle Sima.

«L'accès au Cantal est difficile y compris pour le coronavirus !», s'amuse la sénatrice Josiane Costes (RDSE), l'une des premières patientes testées positives dans le département, confiant avoir depuis «retrouvé (s)a forme habituelle».

L'élue avance une autre explication au bilan singulier de son département : «Les Cantaliens sont des gens citoyens et ils ont bien respecté les règles de confinement édictées au niveau national», assure-t-elle, en rappelant que le Cantal affiche traditionnellement les meilleurs taux de participation aux élections.

«La population a été globalement très disciplinée», confirme Mme Sima.

Pour elle toutefois, l'absence de décès est «un petit miracle chaque jour» car les patients en réanimation sont souvent très âgés.

Craintes sur le déconfinement

«Théoriquement, nous avons été épargnés par la première vague mais attention à la deuxième vague et au déconfinement», prévient pour sa part Mathieu Kuentz.

Aucun test ne permet selon lui de préciser le taux d'immunité de la population. Mais «si nous avons une population "immunologiquement naïve", c'est-à-dire peu immunisée car elle n'a pas été en contact avec le coronavirus, alors on peut craindre une résurgence de cas» lors du déconfinement, si le virus circule à nouveau.

«Nous n'avons plus de cas ou alors au compte-goutte», dit-il, et de fait, le déconfinement, «c'est la principale question qui nous occupe aujourd'hui».

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