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Le plan de déconfinement de Paris en détail

Alors que la maire Anne Hidalgo s'est chargée de dresser les grandes lignes du plan de déconfinement, ses adjoints ont présenté mardi 5 mai les détails des mesures qui seront progressivement mises en place dans la capitale à partir du lundi 11 mai.

La réouverture des écoles

Pour respecter les règles sanitaires face au coronavirus, le bras droit de la maire, Emmanuel Grégoire, a tenu à rappeler que l'accueil des enfants se fera «très progressivement». Et ce, à partir du 14 mai, après trois jours de pré-rentrée pour les personnels éducatifs.

«La maire de Paris a estimé que nous pourrions accueillir 10 à 15 % des enfants pendant les deux premières semaines», soit jusqu'au lundi 25 mai, a indiqué Patrick Bloche, adjoint à la maire de Paris chargé de l'éducation. «Cela représenterait 20.000 élèves, sachant qu’on en accueille 1.500 actuellement».

Concernant la restauration scolaire, la municipalité a bon espoir de «pouvoir restaurer les enfants à partir de leur rentrée». Que ce soit dans les cantines, ou bien dans les salles de classe en amenant des plateaux aux enfants.

A noter que la mairie a prévu de donner plus d'informations aux parents le jeudi 7 mai, une fois que l'Education Nationale aura fini de recenser leurs besoins et leurs demandes. Un questionnaire a en effet été envoyé par les directeurs d'établissement.

Les familles qui obtiendront une place seront contactées d'ici au lundi 11 mai par leur directeur d'école.

Un «point d'étape» sera ensuite réalisé «après 15 jours», en vue de dresser« un premier bilan des conditions de scolarité et des capacités d'accueil». Suivant l'évolution de la situation, de nouvelles mesures d'ouverture pourraient avoir lieu.

les déplacements

Avec pour objectif d'éviter la ruée dans les transports en commun, la mairie de Paris va dédier aux vélos «50 km de voies d'habitude réservées aux voitures», a indiqué Christophe Najdovski, adjoint chargé des transports et de l'espace public. A commencer par la rue de Rivoli dès lundi 11 mai. En outre, trois pistes cyclables provisoires sont en effet en cours d'aménagement en parallèle des lignes 1, 4 et 13 de métro.

L'adjoint a ajouté que «les départements voisins aménagent 40 km de pistes chacun», et que des continuités sont donc mises en place aux portes de Paris, comme à celles de Clichy ou d'Orléans. Et ce n'est que le début : «d'autres phases suivront, c'est un plan au long cours pour favoriser les alternatives vertueuses aux transports collectifs», a assuré Christophe Najdovski.

L'angoisse des autorités est en effet que les habitants de la région parisienne, délaissant les transports en commun par crainte de la contamination au Covid-19, utilisent en masse leur voiture pour se rendre au travail.

Une crainte traduite en une comparaison par Christophe Najdovski : «le trafic journalier sur la ligne 13 est de 540.000 voyageur. Si 10 % de ces voyageurs décident de prendre la voiture, c'est 54.000 trajets. Cela représente une fois et demi le trafic avant leur fermeture sur les berges de Seine, une autoroute urbaine en plein cœur de Paris».

La mairie souhaite également accorder davantage de place aux piétons pour qu'ils puissent mieux circuler, avec une trentaine de rues qui seront piétonnisées. Parmi elles, figurent la rues Mouffetard (5e) ainsi que la rue du Faubourg Saint-Denis (10e). Idem pour les abords des gares, à commencer par celle de Montparnasse, dont le nouvel aménagement est en cours.

Enfin, la fermeture des berges, du champ de Mars et de certaines zones des bois de Vincennes et de Boulogne seront levées à partir du 11 mai. Idem pour l'interdiction de la pratique sportive individuelle en journée.

Les masques

Promis par Anne Hidalgo en avril, les 2,5 millions de masques en tissu commenceront à être distribués – gratuitement – «dès le 11 mai, dans les 906 pharmacies de la ville. Cela permettra notamment à ces professionnels de donner des conseils sur comment les porter, par exemple», a indiqué Jean-François Martins, adjoint au tourisme.

Et pour éviter que tous les Parisiens se précipitent au même moment, «un système de régulation» sera mis en place. «A partir du lundi 11 mai, on pourra choisir son créneau de réservation sur le site internet de la ville de Paris. On obtiendra alors un bon de retrait qu'il faudra présenter en pharmacie», a détaillé l'adjoint.

«En première semaine, 500.000 masques environ seront disponibles. Ensuite, le chiffre sera de près de 300.000 masques par semaine, pour arriver aux 2 millions de masques distribués mi-juin», a assuré Jean-François Martins.

Les tests

L'adjoint à l'urbanisme, Jean-Louis Missika, a levé le voile sur un axe qui sera sans doute important dans la politique de tests pour l'après-confinement. «Nous travaillons pour pouvoir faire des interventions dans des bâtiments identifiés, souvent dans des logements sociaux, pour tester toute la population du bâtiment où nous aurons repéré un problème».

Des actions ciblées qui devraient permettre de vite casser les chaînes de transmission du Covid-19 et donc d'empêcher la formation de cluster, tout en évitant de mettre en quarantaine de larges zones de la ville. Un dispositif mis en place dans le cadre d'un travail de cartographie de l'épidémie, réalisé avec l'AP-HP, nommé «Covisan».

Plus largement, l'adjointe à la santé, Anne Souyris, a souligné que la mairie envisage plutôt d'utiliser les tests virologiques («PCR»), jugés plus fiables. Les tests sérologiques, eux, seraient réalisés «uniquement comme complément dans certains cas, pour avoir une vision et une protection plus globale».

L'eau

Alors que des «traces infimes» de coronavirus avaient été relevées dans le réseau d'eau non-potable de la ville de Paris courant avril, «il n'y en a plus aucune désormais», a tenu à rassurer Paul Simondon, l'adjoint à la propreté. Il a toutefois précisé que des mesures continuent d'être effectuées.

A ce sujet, Jean-Louis Missika a déclaré qu'un travail est en cours afin d'utiliser «la présence du coronavirus dans les eaux usées comme un indicateur pour évaluer la propagation de l'épidémie». Selon l'adjoint à l'urbanisme, mettre en place «des outils de mesure dans les égouts permettrait d'identifier des clusters».

Les parcs et jardins

Le premier adjoint Emmanuel Grégoire est remonté contre la volonté du gouvernement de maintenir fermés les parcs et les jardins dans les départements classés rouges, ce qui devrait probablement être le cas de la capitale : «il serait déceptif et dangereux sur le plan sanitaire d'organiser un déconfinement à Paris sans pouvoir aller dans les espaces verts, qui sont essentiels pour respirer».

Le bras droit d'Anne Hidalgo entend donc «plaider auprès de la préfecture de police de Paris pour une exception locale». Même si dans un premier temps, les aires de jeux pour les enfants resteraient inaccessibles.

Les commerces

Au moment du déconfinement, la priorité de la mairie de Paris sera «d'éviter les rassemblements en trop grand nombre dans l'espace public», notamment «des jeunes fétards», a martelé Emmanuel Grégoire. En lien avec la préfecture de police, il a ainsi brandit de l'interdiction et de la consommation d'alcool dans certaines zones. Les quais de Seine, du canal Saint-Martin et du bassin de La Villette sont tout particulièrement visés.

Par ailleurs, les magasins qui vont rouvrir à partir du 11 mai devront adapter les flux de leurs clients, avec des files qui s'étendront sans doute à l'extérieur. «Devant certains commerces, des lieux d’attente vont être positionnés sur les trottoirs pour les personnes qui font la queue, avec des marquages au sol comme dans le métro», a signifié Christophe Najdovski, également adjoint à l'espace public. Le premier aménagement de ce type a eu lieu mardi 5 mai, rue du Poteau (18e).

Pour les aider à redémarrer leur activité, les cafés et les restaurants, eux, devraient avoir la possibilité d'élargir leurs terrasses en empiétant sur la rue. «Une procédure sera détaillée rapidement, avec des critères d'ordre public», a précisé Emmanuel Grégoire. Mais le premier adjoint a aussi prévenu que la mairie sera «vigilante à ce que ce nouvel usage ne se fasse pas au détriment des riverains».

Les marchés

Fermés depuis le 24 mars, les marchés sont en bonne voie pour faire leur retour au moment du déconfinement. «Nous dialoguons avec la préfecture de police pour rouvrir l'intégralité des marchés ouverts et découverts, dès le mardi 12 mai» [le lundi n'étant pas un jour de marché], a fait savoir Emmanuel Grégoire.

Mais une nouvelle fois, le bras droit d'Anne Hidalgo a tenu à répéter que les abus seraient vites sanctionnés : «nous resterons très vigilant si on observait des comportements non compatibles avec les impératifs sanitaires». Au risque de voir ces lieux fermer de nouveau.

Le stationnement

Gratuit depuis le début du confinement, le stationnement de rue «redeviendra payant le 11 mai». Le stationnement résidentiel, lui, «redeviendra payant le 2 juin, pour laisser le temps aux Parisiens de s'adapter», a avisé Emmanuel Grégoire.

La propreté

La majorité des toilettes publiques sont fermés depuis la mi-mars. Leur réouverture va commencer «à partir de la semaine prochaine, pour 140 d'abord. Puis, progressivement pendant 15 jours avec pour objectif de rétablir toutes les sanisettes», a fait savoir Paul Simondon, adjoint à la propreté.

La culture

Alors que le secteur est très durement touché, Anne Hidalgo a demandé de faire du plan de relance de l’activité culturelle «l’un des points centraux du prochain conseil de Paris», prévu le lundi 18 mai. L'ensemble des questions économiques, comme les aides financières, seront d'ailleurs évoquées à cette occasion.

De plus, Christophe Girad, l'adjoint à la culture, a indiqué que les tournages de films et séries pourront reprendre dans la capitale «dès le 11 mai, dans le respect des règles sanitaires», après une décision en ce sens de la préfecture de police.

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