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Reconfinement d'urgence : quel est le plan de l'Etat en cas de deuxième vague ?

Jean Castex (g), délégué interministériel en charge du déconfinement, a déjà un plan de repli si les contaminations venaient à repartir. [LUDOVIC MARIN / POOL / AFP].

Alors que le pays amorçait, lundi 11 mai, la première phase d'un déconfinement très gradué, Jean Castex, le délégué interministériel en charge du dossier, n'excluait pas de remettre les Français sous cloche, face à la possibilité de voir une deuxième vague de contaminations au coronavirus déferler.

Mieux vaut prévenir que guérir. C'est, en substance, le message que l'Etat semble vouloir faire passer. «Un reconfinement en urgence doit être anticipé», prévenait ainsi le «monsieur Déconfinement» du gouvernement dans son rapport publié également le lundi 11 mai.

Dans ce document de 68 pages, le maire (LR) de Prades, dans les Pyrénées-Orientales, explique ainsi «qu'en l'absence, à brève échéance, de vaccin ou de solution curative, la population française demeure vulnérable à une reprise de l'épidémie».

De fait, estime-t-il, «la possibilité d'une réversibilité des mesures doit toujours pouvoir être offerte». De même que l'éventualité d'un reconfinement en urgence rester dans les esprits et être anticipée par les pouvoirs publics.

Mais alors sur quels critères, modalités pratiques et à quelle échéance ce déconfinement pourrait-il se traduire ? Voici, à ce stade, ce que l'on sait de ce plan de repli.

Trois indicateurs-clés constamment surveillés

Première chose à savoir, les autorités de santé vont d'abord continuer de surveiller comme le lait sur le feu trois indicateurs-clés, à savoir : la «circulation active du virus», calculée à partir des passages aux urgences et des appels à SOS Médecins, le «niveau de tension» dans les services de réanimation et en soins intensifs, et enfin les résultats des tests de dépistage qui montent en puissance.

Concrètement, «il faudrait que le nombre de cas par jour, au niveau national, double par rapport à ce qu'il est aujourd'hui pour que nous reconfinions», a indiqué Jean Castex. A titre de comparaison, mardi 12 mai, on comptait 708 nouveaux dépistages positifs en 24 heures.

Toutefois, le reconfinement pourra éventuellement aussi être décidé «de manière localisée», avait-il expliqué, devant le Sénat, le 6 mai dernier. Autrement dit, et si besoin, ce pourrait être un ou plusieurs départements seulement qui seraient reconfinés. 

Un reconfinement rapide pas à exclure

En termes d'échéance et en l'état actuel des connaissances, Jean Castex n'exclut pas, si la situation l'exigeait, un reconfinement rapide, c'est-à-dire avant le 2 juin.

Le 2 juin, pour rappel, est censé être la date à laquelle de nouvelles annonces doivent être faites sur la suite à donner au déconfinement dans les zones rouges et vertes.

Les restaurants, bars et lieux culturels devraient notamment savoir s'ils peuvent rouvrir, comme l'a indiqué, jeudi 14 mai, le Premier ministre Edouard Philippe.

Mais comme le chef du gouvernement, Jean Castex estime qu'il ne faut pas «attendre le 2 juin si certains éléments montraient que l'épidémie repart», a ainsi prévenu le monsieur déconfinement de la France face aux députés.

Des modalités pratiques ajustées mais des inconnues demeurent

Sur le fond, le reconfinement, s'il venait effectivement à être mis en place, ne devrait pas trop différer de ce qu'ont connu les Français, avec des déplacements restreints dans le but d'aplanir la vague épidémique.

Mais, sur la forme, plusieurs questions sont toujours sans réponse. Les populations reconfinées auront-elles à nouveau besoin d'une attestation de déplacement dérogatoire ? Sera-t-il interdit de faire un jogging au-delà d'un périmètre d'un kilomètre ?

Et, une fois ce deuxième confinement achevé, faudra-t-il rendre l'usage du masque obligatoire dans tout l'espace public ? Un dernier point sur lequel Jean Castex ne s'est pas montré fermé.

Reste que si un reconfinement était mis en place, le responsable politique écrit qu'il faudra «prévoir des dispositifs d'accompagnements sociaux et économiques de la nature de ceux mis en place durant la période de confinement» mais aussi «mieux prévenir les risques psychosociaux du confinement (stress, anxiété, dépression...) qui sont aujourd'hui mieux connus».

Une manière habile de dire que l'Etat assure pouvoir s'adapter, mais qui demandera, à l'occasion et surtout après la polémique autour des stocks de masques, d'être mesurée à l'épreuve des faits.

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