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Elu maire de Tourcoing, Gérald Darmanin reste ministre

[Ludovic Marin / AFP]

Gérald Darmanin a été élu samedi maire de Tourcoing (Nord), une fonction qu'il entend cumuler, du moins un temps, avec son portefeuille ministériel avec, selon des sources concordantes, la bénédiction du tandem Macron-Philippe.

Exit donc la jurisprudence instaurée par Lionel Jospin en 1997 qui veut qu'un ministre ne peut pas diriger un exécutif local.

Certes, il s'agit d'une règle non-écrite -qui a d'ailleurs souffert des exceptions, à gauche comme à droite (Le Drian, Falco...)- mais le Premier ministre l'avait martelée en septembre 2019: «chaque ministre pourra être candidat» aux municipales mais «quand on est ministre, on ne peut pas cumuler avec la tête d'un exécutif local».

Âgé de 37 ans, le ministre de l'Action et des Comptes publics a sans surprise été élu maire, en présence de son ami le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand, par le conseil municipal de Tourcoing, deuxième plus grande ville du Nord avec ses 100.000 habitants, derrière Lille.

Sa liste l'avait emporté haut la main dès le premier tour, le 15 mars, avec 60,9% des voix, sur fond d'abstention record (74,6%).

Gérald Darmanin retrouve le siège occupé entre mars 2014, quand le jeune élu alors estampillé UMP avait ravi la ville au PS, et septembre 2017. A son entrée au gouvernement, le ministre avait déjà attendu quatre mois avant de céder son fauteuil à un fidèle et de devenir premier adjoint.

Contrairement à son collègue Franck Riester (Culture) et à Edouard Philippe, lancés dans la bataille en annonçant qu'ils ne seraient pas maires, M. Darmanin avait affiché la couleur dès sa candidature.

«Si je suis tête de liste, c'est pour être maire», proclamait-il fin janvier dans La Voix du Nord.

Eclipsé par Le Maire 

Selon plusieurs sources concordantes, l'Elysée et Matignon l'ont autorisé à revêtir les deux casquettes. «Ils lui ont dit banco», assure un ténor de la majorité.

Le chef de l'Etat semble en effet décidé à garder à ses côtés ce ministre jugé très politique, qui s'était imposé au début du quinquennat comme l'un des poids-lourds de son équipe.

Aux municipales, où le second tour le 28 juin s'annonce au moins aussi désastreux que le premier pour la majorité, Gérald Darmanin est l'un des rares élus LREM à avoir triomphé.

Et, face à la crise économique et financière consécutive à l'épidémie de Covid-19, il doit préparer le texte-clef du projet de loi de finances rectificative, débattu fin juin au Parlement.

Sa séquence municipale est aussi pour lui l'occasion de retrouver de la visibilité. Ces dernières semaines, il a semblé disparaître des radars, éclipsé par le vrai patron de Bercy, Bruno Le Maire, qui a réussi à lui voler l'étiquette de «ministre du quotidien des Français», selon l'expression d'un de ses collègues.

Reste à savoir s'il pourra cumuler jusqu'au remaniement gouvernemental -qui pourrait avoir lieu dans la foulée du second tour des municipales ou en septembre- ou alors au-delà ?

«Je crois qu'il n'est pas sain de cumuler les deux dans la durée», avait semblé répondre par avance l'intéressé dès janvier.

Une façon de signifier au chef de l'Etat qu'il pourrait à terme choisir de succomber à la tentation de Tourcoing. A moins qu'un grand ministère -style Affaires sociales au périmètre élargi- ne lui soit offert dans les prochaines semaines !

Devant son conseil municipal, il est resté évasif samedi: «j'entends que vous souhaitez (...) qu'à plein temps je m'occupe de vous. Peut-être est-ce un argument qu'il faut entendre». En faisant au passage sien le «en même temps» macronien: «Je voudrais dire que Tourcoing est belle et je voudrais dire que la République est belle».

«M. Darmanin, pendant cette campagne, vous avez menti sciemment aux habitants. Malgré les apparences, vous ne serez pas vraiment maire. Maire à temps partiel, ministre à temps partiel...», l'avait interpellé un peu plus tôt Rémi Meurin, élu d'opposition (RN).

Gerald Darmanin a annoncé que, pendant le cumul, il ne toucherait «évidemment pas» ses indemnités municipales, reversées à la Société protectrice des animaux (SPA).

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