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Mort d'Adama Traoré : une contre-expertise pointe la responsabilité des gendarmes

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré était décédé dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation. [bertrand GUAY / AFP]

Une nouvelle expertise médicale, réalisée à la demande de la famille d'Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans décédé en 2016 lors d'une arrestation, attribue son décès à une technique d'interpellation employée par les gendarmes, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.

Cette affaire, érigée en symbole des violences policières, est devenue une bataille entre les experts judiciaires qui écartent la responsabilité des gendarmes et ceux choisis par la famille qui balayent leurs conclusions.

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré était décédé dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) au terme d'une course-poursuite et après avoir échappé à une première interpellation un jour de canicule.

La dernière expertise judiciaire, dévoilée vendredi, écartait la responsabilité des forces de l'ordre en attribuant la mort à un «oedème cardiogénique» lié à l'état de santé d'Adama Traoré. Les trois médecins y estimaient que «l'association d'une sarcoïdose pulmonaire (pathologie rare, ndlr), d'une cardiopathie hypertrophique et d'un trait drépanocytaire (une maladie génétique, ndlr)» avait «probablement pu (...) contribuer (à l'oedème cardiogénique) dans un contexte de stress intense et d'effort physique, sous concentration élevée de tétrahydrocannabinol», le principe actif du cannabis.

Syndrome asphyxique

Dans le nouveau rapport, le second à être réalisé à la demande de la famille du jeune homme, un médecin, qui a travaillé à partir des autres expertises et de documents médicaux selon l'avocat de la famille, considère pour sa part qu'Adama Traoré est mort d'un syndrome asphyxique faisant suite à un oedème cardiogénique.

Il attribue ce dernier «à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral», revenant à pointer la technique d'interpellation des gendarmes, selon ce document dont l'AFP a pu consulter les conclusions datées du 2 juin.

«Aucune autre cause du décès n'est identifiée», ajoute-t-il.

La dernière expertise judiciaire avait été ordonnée l'an passé par les juges d'instruction chargés de cette affaire sensible, après qu'un premier rapport médical commandé par la famille avait balayé les conclusions de l'enquête.

Adama Traoré «a pris le poids de nos corps à tous les trois» lors de son arrestation dans la maison où il s'était caché, avait raconté un des gendarmes lors d'un interrogatoire, suscitant des interrogations sur la méthode employée.

«Contrairement aux experts désignés par les juges, les médecins indépendants qui ont réalisé les contre-expertises sont tous spécialistes des maladies évoquées dans le dossier. Compte-tenu de leurs compétences, leurs conclusions s’imposent face à celles qui excluent le plaquage ventral comme cause de la mort d’Adama Traore», a réagi auprès de l'AFP Me Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille Traoré.

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