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Esclavage : Ces traces toujours visibles en France

Un mascaron, effigie aux traits négroïdes témoignant du passé de port négrier de Bordeaux. [JEAN-PIERRE MULLER / AFP]
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Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Belgique, des statues de négriers ou d'esclavagistes sont déboulonnées en marge de manifestations contre le racisme suite à la mort de George Floyd. La France possède également des traces de son passé esclavagiste, notamment visibles dans les villes portuaires enrichies par le commerce triangulaire.

«Vos héros sont nos bourreaux», avait affirmé Louis-Georges Tin, ancien président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), dans une tribune publiée par Libération en août 2017. (A cette époque, le retrait de la statue du général esclavagiste Robert E. Lee, installée à Charlottesville en Virginie, avait créé la polémique et provoqué des affrontements entre néo-nazis et antiracistes américains).

En France, sur le plan national, les hommages à Jean-Baptiste Colbert sont pointés du doigt par le CRAN. Le ministre de Louis XIV est critiqué pour avoir été l’auteur du Code noir, qui régissait la condition des esclaves au regard du droit, et le fondateur de la Compagnie des Indes occidentales. Sur le territoire, en plus de statues, de nombreuses rues, collèges ou lycées portent son nom.

Dans sa lettre, le président du CRAN avait notamment interpellé Arnaud Montebourg, qui «célébrait en Colbert non pas l’esclavagiste, mais celui qui avait développé l’économie française. Un peu comme ces gens d’extrême droite qui affirment qu’ils célèbrent en Hitler, non pas l’auteur de la Shoah, mais celui qui a redressé l’économie allemande».

Des vestiges à Nantes, Bordeaux mais aussi Paris 

Dans les villes portuaires françaises enrichies par la traite négrière subsistent des vestiges en l’honneur des familles bienfaitrices.

Nantes, devenu le premier port négrier français entre le 17e et le 19e siècle, possède encore des rues aux noms de négriers comme le rappelle La1ère : la rue Guillaume Grou, ancien négociant-armateur, la rue «Montaudouine» qui fait référence aux Montaudouin, familler de négriers nantais et la rue Kervégan, au nom d’un ancien maire qui a participé à la traite.

Bordeaux était l'un des principaux ports négriers français du 17e au 19e siècle. Selon l'association Memoires et Partages, la ville girondine a une vingtaine de rues portant le nom d'esclavagistes quand la ville en a retenu six. Les rues Pierre Balguerie-Suttenberg et David Gradis, par exemple, suscitent toujours la polémique. 

A La Rochelle, second port négrier de France au 18e siècle, le square Rasteau a été nommé ainsi en mémoire d’une famille parmi les plus grands planteurs et négriers de la ville.

Dans d'autres villes portuaires concernées par le commerce triangulaire, comme Le Havre (les rues Masurier et Lecouvreur), Saint-Malo, Lorient ou encore à Marseille se trouvent toujours des héritages de la traite négrière. 

Paris n'est pas en reste. L’UNESCO a notamment rappelé que la capitale française conservaient des symboles de l'esclavage. Si la rue Richepanse, un général de Napoléon qui a écrasé une révolte d’esclaves dans le sang et commis un massacre, a été renommée Chevalier Saint-George, il reste notamment le cas Dugommier qui «n’est pas seulement le nom d’une station de métro ou de la rue paisible située dans le 12e arrondissement», c’est surtout celui d’un général «fervent  partisan l’esclavage» jusqu’à sa mort en 1794.

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