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Remaniement : qui pourrait remplacer Edouard Philippe ?

[© Thomas SAMSON / POOL / AFP]

Alors qu'Edouard Phillippe vient de remettre sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron ce vendredi, l'heure est donc au choix de son successeur. Une tâche délicate pour amorcer la «phase 3» du quinquennat du chef de l'Etat. La réponse devrait officiellement être connue dans les prochaines heures.

Et les hypothèses de travail sont nombreuses si l'on se réfère aux dernières notes qu'Emmanuel Macron a échangé avec Gilles Le Gendre, le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Celles-ci ont été rendues publiques par l’hebdomadaire Marianne. Les voilà.

Jean-Yves Le Drian

Ministre de la Défense sous François Hollande puis ministre de l’Europe et des Affaires étrangères depuis l'élection d'Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian est cité par Gilles Le Gendre comme un des favoris pour remplacer Edouard Philippe.

Ses qualités ? Extrait des écritures de Gilles Le Gendre citées par Marianne : «Envoie le bon signal politique ; saura gérer la majorité, dans la complexité actuelle de sa composition ; offre un contraste de générations avec toi (Emmanuel Macron, ndlr) qui n’est pas inintéressant». Agé de 72 ans, Jean-Yves Le Drian a en effet trente ans de plus que le président de la République. Ministre depuis 2012 de façon ininterrompue, il a pendant longtemps été membre du PS et présente donc un profil un peu plus social qu'Edouard Philippe.

Bruno Le Maire

Le ministre de l’Economie serait l'autre favori du moment. Gilles Le Gendre estime que Bruno Le Maire «porterait parfaitement la reconstruction» avec ses «pensées et discours limpides», mais il n’aurait qu’un «faible charisme». Cet ex-membre de LR et de l'UMP a été en vue lors de la crise sanitaire, multipliant les interviews et les apparitions à la télévision pour détailler les mesures prises pour sauver l'économie française. Une médiatisation qui avait été jugée excessive au sein du cabinet du Premier ministre, comme le rapportait Challenges à la fin du mois de mai. 

Son passage d’un an (entre 2006 et 2007) comme directeur de cabinet de Dominique de Villepin, alors Premier ministre de Jacques Chirac, lui donne de l’expérience et du poids. Problème, Bruno Le Maire s’est présenté en 2016 aux primaires de la droite et n’a récolté que 2,38 % des voix, ce qui le rend peu légitime devant les Français. Surtout, l'intéressé a déclaré début juin sur RTL : «je ne suis pas intéressé par Matignon et ma réponse est définitive». Reste à savoir si d'autres arguments ne lui ont pas fait changer d'avis.

François Bayrou

Ephémère ministre de la Justice sous Emmanuel Macron (1 mois et 4 jours entre mai et juin 2017), François Bayrou est également cité par les commentateurs politiques comme un probable remplaçant de l'actuel Premier ministre.

S'il est un allié de choix pour le chef de l'Etat au Parlement grâce à son groupe du Modem, François Bayrou a le désavantage de trainer des casseroles judiciaires. En 2017, il a démissionné de son poste de garde des Sceaux à cause des accusations d’emplois fictifs qui pèsent sur lui et son parti. Enquête qui est d’ailleurs toujours en cours et dans laquelle il a été mis en examen. Le Modem est soupçonné d’avoir utilisé des crédits européens pour rémunérer des assistants parlementaires travaillant au service du parti.

Gérald Darmanin

A l'instar de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin s'est largement mis en avant médiatiquement pour défendre ses agissements au sein du ministère de l’Action et des Comptes publics durant le confinement. Son interview au JDD, le 23 mai, dans laquelle il a déclaré vouloir «peser davantage sur (les) choix, défendre (ses) convictions», a sonné pour beaucoup comme une déclaration de candidature.

Mais contrairement à son collègue de Bercy, Gérald Darmanin peut se prévaloir du soutien des urnes. Il a été réélu avec plus de 60% des voix comme maire de Tourcoing.

OLIVIER VÉRAN 

La trajectoire de l’actuel ministre de la Santé est fulgurante. A peine a-t-il été nommé pour succéder à Agnès Buzyn pour gérer la crise sanitaire en février que certains, dont Gilles Le Gendre, l'ont vu comme un potentiel Premier ministre. La crise du coronavirus lui a permis de se faire connaître des Français. 

MANUEL VALLS

C’est l’énorme cote de ce casting et c’est une hypothèse assez improbable. Ministre de l’Intérieur (2012-2014) puis Premier ministre (2014-2016) sous François Hollande, celui qui vit actuellement à Barcelone a été cité dans la fameuse note de Gilles Le Gendre, qui suggère son retour aux Affaires étrangères. «Un cas complexe», selon les propos de ce dernier. «Nous n’avons pas tant d’atouts dans notre jeu pour négliger ce poids lourd», consent toutefois Le Gendre. 

Et les femmes dans tout ça ?

Le casting imaginé ici est exclusivement masculin. De quoi ce problème est-il le nom ? De la preuve de la moindre compétence des femmes pour ce poste ? Évidemment non. De leur faible représentation dans les postes importants du gouvernement et de la majorité ? En partie oui. «On doit faire plus pour faire monter des femmes. Je partage le constat que les postes importants dans la vie politique, y compris parfois au sein de mon propre parti politique (LREM, ndlr) sont très occupés par des hommes», déclarait Marlène Schiappa le 7 juin sur BFMTV. La secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, a elle-même déclaré ne pas être candidate au poste de Premier ministre. Dans un article de L’Obs, le nom de Marisol Touraine (l'ex-ministre de la Santé de François Hollande) a bien été cité mais sans que la source de cette proposition soit bien identifiée.

Emmanuel Macron, lors de sa campagne pour l’élection présidentielle, avait émis le «souhait» de nommer une femme à Matignon. Pour rappel, ce n’est arrivé qu’une fois dans l’histoire de la Ve République qu’une femme atteigne le plus haut niveau de responsabilité du gouvernement : c’était Edith Cresson, sous François Mitterrand, en 1991…

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