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Paris : les vélos en free-floating sont de retour

Les bicyclettes rouges de Jump, dernier opérateur encore présent dans la capitale, viennent d'être retirées. [© Philippe LOPEZ / AFP]

Après le retrait des vélos rouges de Jump mi-juin, Paris ne comptait plus de bicyclettes en free-floating. Une anomalie alors que ce moyen de déplacement n'a jamais eu autant la cote. Mais elle n'a pas duré longtemps, Bolt s'élançant ce mercredi 1 juillet dans la capitale.

Courant juin, en l'espace de quelques jours seulement, les 5.000 deux-roues de Jump (filiale d'Uber) avaient presque tous été enlevés, comme l'a fait remarquer lundi 15 juin Fluctuo, société spécialisée dans l'analyse des micro-mobilités :

Une action surprenante, alors que Jump, qui était la dernière entreprise du secteur présente à Paris, enregistrait «des résultats plutôt bons depuis le déconfinement», analyse Julien Chamussy, directeur général de Fluctuo. «Chaque vélo effectuait 4 à 5 trajets par jours, contre 7 à 8 trajets par jour pour Vélib'».

La décision d'Uber, déjà appliquée dans plusieurs villes à travers le monde, découle en réalité d'une récente opération financière globale. Début mai, le géant américain a conclu un deal avec Lime, transférant à cette entreprise la gestion de ses vélos et trottinettes. C'est d'ailleurs Lime qui a annoncé mardi 16 juin le retour des ex-Jump «dans les prochaines semaines» dans la capitale française.

Le pionnier Gobee.bike en octobre 2017

Depuis, les Parisiens ne pouvaient plus emprunter de vélos en free-floating, après les retraits successifs des entreprises du secteur. La société Gobee.bike avait été la première à lancer ses vélos verts sur le bitume parisien en octobre 2017. En quelques semaines à peine, plusieurs autres lui avaient pris la roue : Mobike, Obike, Ofo, Donkey Republic, Oribiky...

Si bien que les trottoirs Paris avaient fini par crouler sous des milliers de deux-roues. Leur stationnement anarchique était même devenu une problématique politique, forçant la mairie à édicter une charte de bonne conduite en juin 2018.

Alors comment expliquer que ces bicyclettes, que l'on trouvait presque à chaque coin de rue, aient disparu au moment où le vélo s'impose dans la vie des Parisiens ? D'une part, ces deux-roues, parfois de qualité médiocre et fragiles, ont subi de très nombreux actes de vandalisme. C'est notamment ce qu'a mis en avant le pionnier Gobee.bike, qui a quitté Paris au bout de quelques mois seulement, en déplorant «un effet domino de dégradations qui s'est abattu sur notre flotte».

Le déraillement de Vélib'

D'autant que la stratégie de ces entreprises était souvent basée sur le déploiement de nombreux vélos afin de saturer le marché et d'asphyxier les rivaux. Une logique très coûteuse, tandis qu'une concurrence acharnée s'est instaurée avec l'arrivée des scooters puis des trottinettes sur ce marché de la micro-mobilité.

Pour séduire les Parisiens, les vélos en free-floating ont également profité du déraillement de Vélib', après le changement d'opérateur en janvier 2018. Mais malgré des difficultés persistantes, le vélo en libre-service parisien a fini par se remettre en selle et retrouver de nombreux adeptes.

Des événements particuliers – grèves, coronavirus – et les aides financières mises en place par les autorités conduisent de plus en plus de Parisiens à s'acheter leur propre vélo. Ou à le louer pour une longue durée, faisant notamment le succès du Véligo proposé par la région Ile-de-France.

Et comme pour tous les secteurs, la crise du coronavirus a eu un impact terrible, en particulier avec la fuite des touristes, qui représentaient «en moyenne entre 30 et 40 % des usagers», selon Julien Chamussy. Cette activité devrait toutefois vite retrouver des couleurs.

«La situation conjoncturelle du confinement a gelé les projets, mais la demande explose et notre objectif est de continuer à avoir ce type de services. De nouveaux opérateurs sont désormais intéressés pour venir», fait savoir Christophe Najdovski, adjoint chargé des transports à la mairie de Paris.

Bolt s'élance avec 500 vélos

C'est donc chose faite ce mercredi 1er juillet, puisque Bolt a commencé à déployer sa flotte de 500 vélos à assistance électrique. L'entrerise était déjà présente à Paris sur le marché de la trottinette et des VTC.

Parmi les autres entreprises intéressées, figure l'opérateur français Pony, déjà implanté à Bordeaux et Angers. Après des discussions avec l'équipe d'Anne Hidalgo, cette société révèle à CNEWS «être en réflexion pour s'implanter à Paris dans les prochains mois, avec un vélo à assistance électrique deux places».

«Le marché parisien est énorme, en particulier avec les touristes. Il y a de place pour d'autres acteurs. Surtout que la ville a fait des efforts pour développer les pistes cyclables», souligne Julien Chamussy. Et l'expert en micro-mobilités assure que «le vélo partagé est complémentaire du vélo individuel, avec des usages différents».

Outre la flexibilité qu'il offre, le free-floating permet de contourner «le problème du stockage de sa bicyclette chez soi», veut croire le directeur général de Fluctuo. A condition de proposer des modèles à assistance électrique, selon lui : «les gens n'ont plus envie de trop faire d'effort et de transpirer».

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