Entendue mercredi par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, l’ancienne ministre de la Santé Roselyne Bachelot a notamment pointé du doigt les médecins concernant la gestion du coronavirus.
Convoquée en compagnie de Marisol Touraine, Roselyne Bachelot s’est refusée à «donner des leçons» à ses successeurs tout en soulignant ses divergences d'appréciation.
Ministre de la Santé entre 2007 et 2010, celle qui a eu à gérer le risque de pandémie de grippe A(H1N1) en 2009, a déclaré que ce n’était pas «au moment où la pandémie se déclare qu'il faut constituer des stocks».
Elle a notamment regretté une certaine «infantilisation» actuelle, où l'on attend tout «du seigneur du château». «Enfin, des médecins qui n'avaient pas de masques dans leur cabinet, qui n'ont pas de blouse ? (...) On attend que le préfet ou le directeur de l'ARS (l'Agence régionale de santé, NDLR) viennent avec une petite charrette pour porter des masques ?», s'est-elle moquée.
"Qu'est-ce que c'est que ce pays infantilisé ? Il faut se prendre en main ! On attend que le préfet apporte des masques avec une petite charrette ?"
> @R_Bachelot tonne contre l'inaction de certains élus locaux ou des médecins qui se plaignent d'être sous-équipés.#DirectAN pic.twitter.com/D5dkV78Ssn— LCP (@LCP) July 1, 2020
L'épidémie de Covid-19 a signé le retour en grâce de l'ancienne ministre, vue comme l'incarnation d'un principe de précaution oublié par ses successeurs, alors qu'à l'époque elle avait été très critiquée pour avoir commandé trop de vaccins (94 millions de doses, dont seulement six millions avaient été utilisées) face à une pandémie finalement moins grave que redouté.
«Les procès dont j'ai fait l'objet, les moqueries, les mises en cause (ont été) d'une telle violence et d'une telle injustice que je peux comprendre les craintes suscitées chez certains de mes successeurs. On s'est dit qu'il y avait plus de risques à en faire trop qu'à en faire pas assez», a-t-elle analysé.
«C'est considérer que l'opinion publique doit faire la politique sanitaire du pays, ce qui n'est pas ma vision», a ajouté Roselyne Bachelot, appelant de ses vœux «la création d'une société résiliente, où chaque citoyen s'empare de sa protection».
- @ECiotti : "Je vous ai trouvé un peu sévère sur les médecins. (...) Il y avait une situation de pénurie"
- @R_Bachelot : "Évidemment il est trop tard au moment de la crise. (...) Mais les masques, c'est un tout petit investissement pour un cabinet médical"#DirectAN #COVID19 pic.twitter.com/e65NvN4PW5— LCP (@LCP) July 1, 2020