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Crise économique : quelles conséquences sur les transports franciliens ?

Le Covid-19 aurait causé une perte de 2,6 milliards d'euros pour les transports franciliens. [© PATRICK KOVARIK / AFP]

Face aux énormes pertes financières causées par la crise du coronavirus, Ile-de-France Mobilités, autorité gestionnaire des transports en région parisienne, a décidé ce mercredi 8 juillet de ne plus payer la RATP et la SNCF, en attendant que l'État mette la main au portefeuille. Une décision qui risque d'avoir des répercussions profondes.

Pour l'instant, les voyageurs peuvent se rassurer : les métros et les RER devraient continuer à rouler «au moins pour l'été», indique-t-on chez IDF Mobilités. «Les opérateurs vont utiliser leur trésorerie» pour payer leurs salariés et assurer la circulation des transports publics, a souligné Valérie Pécresse, présidente de la région et d'IDF Mobilités.

«La RATP maintiendra en juillet son offre de transport nominale. Les financements levés par l’entreprise depuis le début de la crise sanitaire lui permettent de continuer de faire face à ses obligations contractuelles pendant un certain temps, de façon à laisser un délai raisonnable pour trouver une issue positive aux discussions entre IDFM et l'Etat», a répondu la régie des transports au Monde.

Un impact sur les investissements futurs

Mais à terme, si la situation reste bloquée, la RATP et la SNCF «ne pourront pas supporter indéfiniment» cette absence de rentrée d'argent. «Cela fait porter des risques sur qualité et la quantité des transports dans la région», regrette-t-on chez IDF Mobilités. En particulier sur les investissements indispensables pour améliorer le réseau.

Car l'industrie des transports, en raison des coûts très élevés, fonctionne sur un temps long. Par exemple, «Valérie Pécresse va devoir bientôt trancher sur l'automatisation de la ligne 13 du métro prévue dans les prochaines années. Si elle n'a toujours pas de visibilité financière, peut être qu'elle ne voudra pas se lancer tout de suite». Décalant donc d'autant le lourd projet, qui aurait plutôt besoin d'un coup d'accélérateur.

En outre, si les transporteurs étaient contraints de ralentir leurs commandes de nouveaux trains, les entreprises productrices de matériel, comme Alstom et Bombardier, pourraient aussi subir des dommages collatéraux. Avec de possibles conséquences sur l'emploi. En revanche, pas question de toucher aux dépenses liées à la sécurité. Les chantiers d'entretien sont les premiers qui ont repris après le confinement, assure IDF Mobilités.

La hausse du navigo pas à l'ordre du jour

Au total, le coronavirus a engendré des pertes de recettes estimées à 2,6 milliards d'euros par la région : 1,6 milliard d'euros de recettes commerciales perdues en raison de la chute de la fréquentation des voyageurs et 1 milliard d'euros du versement mobilité des entreprises. De son côté, l'État a pour l'instant proposé de verser seulement 425 millions d'euros.

Pour combler ce trou, l'une des possibilités pour la région serait d'augmenter le prix du Navigo de 20 euros pendant cinq ans. Mais pour l'instant, «il est hors de question que les voyageurs payent la facture Covid», a martelé Valérie Pécresse. Elle a notamment cité d'autres pays comme l'Allemagne, où l'Etat a volé au secours des transports en injectant plusieurs milliards d'euros.

La présidente francilienne a révélé avoir alerté sur le sujet le nouveau Premier ministre Jean Castex dans les heures suivant sa nomination. Celui-ci lui aurait «assuré de sa volonté de se saisir de ce dossier», a-t-elle affirmé. Mais Valérie Pécresse regrette pour l'instant d'«avoir l'impression de parler dans le vide avec un gouvernement de comptables». 

Dans un premier temps, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari avait présenté la compensation de 425 millions d'euros comme «un acompte» pour «parer à l'urgence». Il conteste toutefois les sommes mises en avant par Valérie Pécresse, estimant que le calcul ne prendrait pas en compte les économies de coûts, l'effet TVA, et des gestes commerciaux. «C'est plutôt autour de 1,7 ou 1,8 milliard, les chiffres sur lesquels nous arrivons», avait-il dit sur Public Sénat.

Avec un budget de fonctionnement d'environ 10,5 milliards d'euros par an, l'Ile-de-France représente une grosse moitié du secteur des transports publics en France. La facture liée à l'épidémie de Covid-19 pour cette année est estimée à environ 4 milliards d'euros pour l'ensemble des autorités organisatrices, les structures locales chargées des transports publics sur leur territoire.

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