En direct
A suivre

Pas «d'état de grâce» en vue pour Anne Hidalgo à Paris

La socialiste fait déjà face à la crise financière, aux critiques externes et à des remous en interne.[© Thomas COEX / AFP]

Malgré sa réélection confortable aux municipales à Paris fin juin, Anne Hidalgo traverse déjà des turbulences plus ou moins importantes dès le décollage de son second mandat.

La tempête coronavirus fait logiquement figure de problème majeur. Ses conséquences financières seront d'ailleurs au cœur du premier conseil de Paris de cette nouvelle mandature, qui sera largement consacré au vote d'un budget supplémentaire ces jeudi 23 et vendredi 24 juillet. «Les effets du Covid vont désormais commencer à être inscrits dans les comptes de la ville», appréhende Paul Simondon, nouvel adjoint de la maire chargé du budget, ce lundi 20 juillet en conférence de presse.

Face à la crise, la socialiste prévoit de faire entériner un plan de relance de 200 millions d'euros, qui s'ajoutera à un manque à gagner de 365 millions d'euros dans les finances parisiennes. Or, à l'heure actuelle, l'Etat ne finance que 17 millions (la moitié du prix des masques achetés depuis mi-avril). Pour combler ce «trou», Anne Hidalgo et son équipe planchent donc sur de «nouvelles ressources», comme le stationnement payant des deux-roues ou l'augmentation des taxes sur les logements vacants.

Dans l'immédiat, la municipalité a prévu de piocher dans son épargne ainsi que d'emprunter «400 millions d'euros supplémentaires», a indiqué Paul Simondon. A la fin de l'année, la dette de la capitale devrait ainsi s'élever à près de «6,5 milliards d'euros».

Rachida Dati, première opposante déterminée

De quoi donner à nouveau du grain à moudre à Rachida Dati. Car comme si la défaite au municipales n'avait pas d'effet sur elle, la candidate LR malheureuse continue à attaquer à tout va : «gabegie financière», «insécurité qui explose», «absence de vision sur la propreté»... La nouvelle leader de la droite parisienne entend incarner son rôle de première opposante à Anne Hidalgo «dans une perspective assumée de reconquête» et «sans rien laisser passer».

Après avoir «redonné de l'espoir» à son camp, Rachida Dati entend désormais «tenir sa promesse» de campagne de revenir «régulièrement à la rencontre des Parisiens, dans tous les quartiers, aussi bien dans le nord que dans l'est ou le sud». Objectif : «mettre l'exécutif devant son irresponsabilité».

Si on ne sait pas combien de temps Rachida Dati parviendra à maintenir cette pression sur sa rivale socialiste, elle peut en tout cas s'appuyer sur une garde rapprochée solidement constituée pendant la campagne des municipales ainsi que sur un large groupe de 55 élus au conseil de Paris.

Des dangers en interne pour la maire

Mais Anne Hidalgo doit également surveiller des écueils au sein de son propre camp. Un sujet de tension subsiste depuis de longues semaines avec les écologistes et menace maintenant de s'envenimer : la reconduction au poste d'adjoint à la culture de Christophe Girard. Celui-ci est mis en cause pour sa proximité supposée avec l'écrivain Gabriel Matzneff, soupçonné de pédocriminalité.

«Nous avons envoyé un courrier à Anne Hidalgo lui demandant la suspension de Christophe Girard, en attendant des éclaircissements sur ses liens avec Gabriel Matzneff, ainsi que l'ouverture d'une enquête par l'Inspection générale» de la mairie de Paris, a expliqué ce lundi 20 juillet Fatoumata Koné, présidente du groupe EELV de la capitale.

Une exigence à laquelle Emmanuel Grégoire, le bras droit de la maire, a opposé une fin de non-recevoir : «Il n'y a aujourd'hui pas de raison juridique ou éthique d'écarter Christophe Girard. Cela dépendra de la justice, pas de la mairie de Paris ou des écologistes», a-t-il affirmé. Mais admettant qu'il s'agit «d'un sujet délicat pour la majorité», qui est «suivi de très près par Anne Hidalgo», le premier adjoint de la maire a prévu de «discuter» avec les verts désamorcer la question.

En attendant, une manifestation d'associations féministes est prévue ce jeudi 23 juillet à midi devant l'hôtel de ville, en plein conseil de Paris, contre «l'adjoint à la culture du viol». Une mobilisation à laquelle «plusieurs élus écologistes ont prévu de participer», a fait savoir Raphaëlle Rémy-Leleu, l'une des conseillères de Paris EELV, rappelant avec malice «que le manque de certains votes d'élus verts en faveur d'Anne Hidalgo lors de son investiture n'est pas le fruit du hasard...»

Si la manifestation du jeudi 23 juillet n'a mobilisé que quelques dizaines de personnes, les écologistes n'entendent pas désarmer. «Emmanuel Grégoire a toujours la même position, celle d'Anne Hidalgo, à savoir que c'est un "non-sujet". Mais pour nous, tant que rien ne changera, on continuera à se mobilier», a prévenu Raphaëlle Rémy-Leleu.

Une menace à peine voilée qui pourrait vite se transformer en problème politique. Si la maire dispose d'une large majorité pour gouverner, avec 96 conseillers (sur 83 nécessaires) de Paris, son attelage comprend pas moins de 23 élus écologistes. «Un groupe charnière qui entend bien peser sur les décisions», a martelé sa nouvelle présidente Fatoumata Koné. D'autant que cinq verts figurent aussi dans l'équipe d'adjoints de la maire.

Surtout que d'autres sujets brulants vont arriver sur la table dans les mois à venir, avec l'organisation d'états généraux du stationnement et de la mobilité, ainsi que la remise à plat de certains grands projets d'urbanisme. Attaquée à l'extérieur et fragilisée à l'intérieur, Anne Hidalgo ne commence pas son deuxième mandat dans la tranquillité que pouvait lui laisser espérer sa victoire convaincante il y a seulement trois semaines.

Retrouvez toute l'actualité concernant la politique ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités