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«Antirelous» : un numéro anti-harcèlement de rue créé par une étudiante

Les femmes victimes de harcèlement de rue peuvent se débarrasser d'un homme trop insistant en donnant le 07 80 99 37 34 plutôt que leur propre numéro.[Pixabay]

Depuis qu'elle a créé un numéro «antirelous», Daisy reçoit environ 200 sms par jour. Sans compter les appels, qui finissent systématiquement sur le répondeur. Le 07 80 99 37 34 a été conçu pour décourager le harcèlement de rue. L'idée est de fournir une alternative aux femmes qui ne souhaitent pas donner leur propre numéro de téléphone à un individu trop insistant.

Dans ce cas là, et pour se débarrasser du harceleur, elles peuvent donner à la place ce numéro anti-harcèlement créé le 16 juillet dernier par Daisy, une étudiante en communication âgée de 24 ans. Si l'homme appelle le 07 80 99 37 34, il tombera invariablement sur le répondeur, dont le message sensibilise à la notion de consentement.

«Bonjour, j’espère que tu vas bien. Alors si tu es sur ce numéro, c’est parce que tu as été trop insistant avec une femme ou une fille qui ne souhaitait pas te donner son numéro. Elle s’est sentie forcée de te donner ce numéro pour que tu la laisses tranquille. Un "non" ne signifie pas "continue, peut-être que tu auras ta chance", mais "laisse-moi, je ne suis pas intéressée". J’espère que tu comprendras la prochaine fois. Et bien évidemment, il n’est pas nécessaire de laisser un message. Bonne soirée, bonne journée.»

Si le contact s'effectue par SMS, le processus n'est pas automatisé. C'est Daisy qui se charge de répondre à chaque fois. Le premier envoi est plutôt neutre, destiné à engager la conversation, puis la créatrice du numéro s'adapte à la réponse de l'interlocuteur pour personnaliser un message type, qui lui sert de base, semblable à celui du répondeur.

Interrogée par Checknews, l'étudiante de 24 ans affirme que la gestion de ce numéro anti-harcèlement lui prend énormément de temps. Elle répond aux sms du lundi au vendredi et «y passe toute la journée, jusqu'à 2 voire 3 heures du matin».

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lisez svp • IL FONCTIONNE : PAS BESOIN D’ESSAYER. - UNIQUEMENT POUR LES FEMMES : Femmes, filles de toutes origines et toutes les personnes perçues comme femmes : ayant une identité ou un genre féminin. (Si nous avons été maladroits dans nos propos nous nous excusons) - PAS D’ABUS : CE N’EST PAS UN NUMÉRO POUBELLE. • Ce numéro est un numéro que vous pourrez fournir à ces hommes trop insistants envers vous. C’est un numéro qui leur rendra la monnaie de leurs pièces à ces monstres. Que toutes les femmes puissent le connaître et puissent l’utiliser pour se défendre. Tant qu’il n’y aura pas de solution : créons notre solution ! • Ces témoignages sont les miens. Ils auraient pu être le tien, celui de ma sœur, de ta sœur, de ton amie, de ta cousine, de ta fille .. Ce ne sont que 2 histoires sur les nombreuses histoires que j’ai déjà subit, que je vais sûrement subir encore et que tu as peut-être subit, peu importe ton âge. C’est une situation que l’on connaît beaucoup trop et ce n’est pas normal, ça ne doit pas se normaliser. •

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L'automatisation totale ne semble pourtant pas la solution puisque des initiatives précédentes en ont fait les frais. Un numéro semblable avait été créé en 2017 par Clara Gonzales et Eliott Lepers, avant d'être désactivé deux jours après son lancement à cause d'une campagne de harcèlement menée notamment par les membres du forum «Blabla 18-25 ans» de jeuxvideo.com.

Ils avaient orchestré le sabotage du numéro en le saturant de fausses sollicitations. L'affaire avait pris de l'ampleur lorsque ces mêmes internautes s'étaient retournés contre Nadia Daam, chroniqueuse pour Europe 1, qui s'était moqué de leur campagne de haine contre le numéro antirelous. Elle avait alors été victime d'insultes parfois racistes mais aussi de menaces de mort et de viol, certaines envoyées sur son adresse mail et son téléphone personnels.

De son côté, Daisy affirme elle aussi avoir essuyé des tentatives de sabotage et de piratage de son adresse mail. En un week-end, elle a reçu «plus de 500» sms ainsi «qu'une centaine de messages malveillants sur le répondeur». Grâce à son fonctionnement manuel, elle a pu bloquer ces numéros au fur et à mesure alors que, selon elle, «le service n’a pas le temps de réagir s’il est automatisé».

Convaincue du bien fondé de son initiative, l'étudiante ne se laisse pas impressionner par ses détracteurs. Sur Instagram, elle partage ses propres expériences de harcèlement de rue pour encourager les femmes à se défendre face à une situation «que l'on connaît beaucoup trop» et «qui ne doit pas se normaliser».

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