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#MusicToo : le #MeToo de l'industrie musicale appelle les victimes à témoigner

Le collectif #MusicToo a mis au point un formulaire de témoignage, à disposition des victimes jusqu'au 30 septembre. [Pixabay]
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Plus silencieux ces derniers mois, on pourrait croire que le mouvement #MeToo s'est essouflé. Erreur : il s'organise. Sous le hashtag #MusicToo, un collectif lance un appel à témoignages pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans l'industrie musicale. Jusqu'au 30 septembre, un formulaire est mis à disposition des victimes qui peuvent rester anonymes.

Dans leur manifeste, les personnes à l'origine de cette initiative les encouragent néanmoins à nommer leurs agresseurs. «Il est temps que la peur change de camp», insistent-ils.

Leur objectif est de recouper les récits afin de, peut-être, «associer des agressions et violences entre elles, commencer à dessiner des profils et rassembler des plaintes».

Sur Twitter, le collectif #MusicToo fait référence à l'article publié par NEON, le 22 juin. Rassemblant les témoignages de 16 femmes qui accusaient l'artiste parisien Wilfrid A., connu pour son tag «L'amour court les rues», d'agression sexuelle ou de viol, il a été suivi de l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris. Par la suite, 25 victimes présumées ont porté plainte.

«C'est parce que NEON a rassemblé 16 femmes qui accusaient Wilfrid A. que l'article a pu sortir sans être attaqué en diffamation, écrit #MusicToo. Nous espérons avoir assez de témoignages pour les recouper entre eux».

Certaines récurrences semblent déjà apparaître puisque le collectif a publié des appels à témoignages plus précis, destinés à étayer des récits concordants. Il est notamment question de «viols/tentatives de viols/agressions sexuelles» dans le Grand-Est, mais aussi d'«envois non-sollicités de contenus (textes & images) à caractère pornographique» en Ile-de-France.

Pour mener ce projet à bien, les membres du collectif travaillent avec des avocates et deux associations spécialisées, afin de proposer un soutien psychologique et un suivi juridique aux témoins qui en auraient besoin. Les créateurs de #MusicToo, souhaitent rester anonymes mais leur manifeste indique qu'ils ou elles sont «issu.e.s du secteur musical». «Certain.e.s d’entre-nous ont quitté la filière il y a plusieurs mois ou années, certain.e.s y évoluent encore aujourd’hui», précisent-ils.

Ensemble, ils dénoncent «une filière professionnelle parfois dangereuse, souvent toxique pour les femmes, pour la communauté LGBTQIA+ et les personnes racisées sous représentées».

L'industrie musicale est décrite comme «un secteur dominé par les hommes : ce sont eux qui occupent les métiers en lien avec l’artistique, la direction, la technique et tiennent les postes clés qui permettent le développement ou la fin des carrières. Le rapport de pouvoir est tel que les abus - en nombre - ne sont jamais dénoncés, de peur de perdre son emploi, dans un secteur très concurrentiel et sexiste».

L'objectif de cette initiative est de faire cesser «l’impunité des agresseurs [...] qui n’ont aucune raison d’arrêter leurs agissements si personne ne parle».

Pour appuyer leur propos, les membres du collectif citent notamment les résultats de l'enquête publiée en octobre 2019 par le collectif CURA, selon lesquels une femme artiste sur trois a été agressée ou harcelée sexuellement dans l'industrie musicale française. Pour y mettre un terme, #MusicToo mise sur l'entraide et la cohésion : «l'union fait notre force».

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