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Coronavirus : la France peut «basculer à tout moment»

«Nous pouvons basculer à tout moment»: dans l'insouciance de l'été et des vacances, la France n'est pas à l'abri d'une reprise incontrôlée de l'épidémie de Covid-19, avertit le Conseil scientifique qui guide le gouvernement, alors que les cas augmentent et que les restrictions se multiplient.

«Le virus circule de façon plus active, avec une perte accentuée des mesures de distanciation et des mesures barrières : l'équilibre est fragile et nous pouvons basculer à tout moment dans un scénario moins contrôlé comme en Espagne par exemple», met en garde l'instance dans un nouvel avis rendu public mardi.

«L'avenir de l'épidémie à court terme est en grande partie entre les mains des citoyens», qui doivent respecter les mesures barrières, poursuit le Conseil, selon qui «la France se trouve dans une situation contrôlée mais fragile».

Au-delà de la situation à court terme, l'instance juge «hautement probable qu'une seconde vague épidémique soit observée à l'automne ou l'hiver», comme elle l'avait déjà dit.

Ces dernières semaines, les autorités mettent en garde contre une possible aggravation de la situation, à la lumière d'indicateurs en hausse près de trois mois après la fin du confinement.

La semaine du 20 au 26 juillet, le nombre de nouveaux cas confirmés en France a connu une augmentation importante, de 54% (5.592 au total), et la barre des 1.000 nouveaux cas par jour a été dépassée, a souligné le 30 juillet l'agence sanitaire Santé publique France dans son dernier point hebdomadaire.

En outre, le nombre de patients atteints du Covid-19 hospitalisés en réanimation a augmenté de 13 cas depuis vendredi (384 au total), rompant avec la tendance à la baisse observée depuis avril, selon le dernier point quotidien de la Direction générale de la Santé (DGS) diffusé lundi soir.

Face à ce constat, les autorités ont multiplié les mesures ces dernières semaines. Après l'obligation du masque dans les lieux clos, dont les commerces, le 20 juillet, le gouvernement a permis aux préfets de l'imposer également à l'extérieur dans les endroits où ils le jugent nécessaire.

C'est notamment le cas dans plusieurs dizaines de communes de la Mayenne, département où le virus est particulièrement présent, et dans certaines zones de Nice, Toulouse ou encore de la métropole lilloise.

«Je ne vois pas trop la logique: pourquoi doit on le porter ici mais pas sur le trottoir d'en face?», s'est étonné lundi Enzo Lorini, 21 ans, alors que le Premier ministre Jean Castex était en visite à Lille.

«Le virus n'est pas en vacances. Nous non plus», a lancé le chef du gouvernement. «Il faut nous protéger contre ce virus, surtout sans faire arrêter la vie économique et la vie sociale, c'est-à-dire en évitant la perspective d'un reconfinement généralisé».

«Alarmisme»?

C'est également la ligne du Conseil scientifique: «La réponse à cette probable deuxième vague (à l'automne ou à l'hiver, ndlr) devra être différente de la réponse à la première».

Des policiers informent les passants sur la promenade des Anglais à Nice de l'obligation de porter le masque, le 3 août 2020<br />
 [VALERY HACHE / AFP]
Photo ci-dessus Des policiers informent les passants sur la promenade des Anglais à Nice de l'obligation de porter le masque, le 3 août 2020 [VALERY HACHE / AFP]

Le Conseil demande aux autorités de mettre en place des «plans de prévention» axés notamment sur les vingt plus grandes métropoles: «Un 'confinement local' plus ou moins important en fonction de l'épidémie doit faire l'objet d'une préparation dans ces zones à forte densité de population».

Il déplore également des «lenteurs» dans la stratégie gouvernementale consistant à tester, tracer et isoler les cas positifs. Il préconise d'améliorer «l'accès aux tests» de dépistage, dont les délais sont actuellement trop longs en raison d'une forte demande.

«Il faut tester de façon plus rationnelle, en ciblant mieux (les régions les plus touchées, ndlr) et en allant très vite», assure l'épidémiologiste Catherine Hill à l'AFP.

Toutefois, certains scientifiques appellent à mettre les chiffres des indicateurs en perspective.

«La situation en France ne justifie aucunement de dire qu'il y a une aggravation», a récemment affirmé à l'AFP Yonathan Freund, professeur de médecine d'urgence à la Pitié-Salpêtrière à Paris.

«S'il y a 1.000 cas par jour, c'est parce que le virus circule, et c'est normal. L'épidémie est maîtrisée, si jamais on se fait dépasser, on le saura très en avance», a poursuivi ce médecin, qui s'élève contre un excès «d'alarmisme», même si sa position est minoritaire.

L'épidémiologiste Antoine Flahault, lui, pointe une hausse de «l'anxiété» depuis la fin du confinement: «Elle conduit à faire glisser progressivement de l'objectif initial (éviter l'engorgement des services de réanimation) vers un objectif de suppression de la circulation du virus au niveau le plus bas possible».

«On passe d'un risque qui était jugé acceptable et que l'on cherchait à contrôler à une doctrine du risque zéro», dit-il à l'AFP.

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