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#loveisnottourism : séparés par le coronavirus, les couples binationaux se mobilisent pour se retrouver en France

Plus de 700 Français seraient séparés d'un conjoint non européen. Plus de 700 Français seraient séparés d'un conjoint non européen.[Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Plusieurs centaines de couples binationaux non mariés ne peuvent plus se retrouver en France depuis les mesures sanitaires prises pour lutter contre l'épidémie de coronavirus en mars. Ils se mobilisent pour faire entendre leur voix.

«En France aujourd'hui, notre conception du couple date de Napoléon», regrette, amère, Jean-Marc Fraval, 55 ans, qui vit depuis le début de l'année une relation amoureuse à distance avec sa compagne kazakhe. Ni mariés ni pacsés, ne pouvant justifier d'une vie en commun, séparés par plus de 6.000 km, ils ne peuvent plus se voir. Le 17 mars 2020, l'Union européenne fermait ses frontières extérieures à tous les ressortissants étrangers (sauf ceux d'une liste de 12 pays visible ici). Alors chacun reste chez soi et fait fonctionner à fond les applications de messagerie.

Comme Jean-Marc, ils seraient 700, selon les chiffres récoltés par la députée Anne Genetet (LREM), à se morfondre dans l'attente de pouvoir revoir leur bien-aimé. «Je suis enceinte, c'est mon premier enfant et je vais peut-être accoucher seule. Ce sont des moments ratés qu'on ne nous redonnera jamais», témoigne Ségolène Ndzouba, 28 ans, bourguignonne et loin de son compagnon californien. Elle aussi aimerait que l'Etat se modernise : «les couples binationaux et non mariés, c'est la norme en 2020».

Eux, et la communauté des couples binationaux, en revanche, sont bien de leur époque : sur les réseaux sociaux, ils se sont réunis autour du mot-dièse #loveisnottourism (l'amour, ça n'est pas du tourisme) et alertent députés, sénateurs et ministres pour tenter de faire entendre leur voix, reconnaître leur situation et changer la législation. Le 25 juillet, l'engagement numérique a débouché sur une (petite) manifestation devant le ministère des Affaires étrangères à Paris.

Conséquence, vendredi 31 juillet, cinq représentants du mouvement ont été reçus par des membres du ministère des Affaires étrangères et du ministère de l'Intérieur. Bilan de la réunion ? «Notre sujet est pris très au sérieux et nous avons été écoutés. Il nous a été dit que le ministère souhaitait trouver une solution rapidemment», rapporte Aude Guivarch qui faisait partie de la délégation invitée. 

A en croire le tweet ci-dessus de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie («quand on a vu le tweet de Lemoyne, on était comme des barges», dixit Jean-Marc), le salut pourrait arriver dans les prochains jours. Deux questions subsistent : quels justificatifs va-t-il falloir apporter pour prouver la relation (déclaration sur l'honneur ? factures communes ? photos ? voyages précédents ?) et quel protocole sanitaire devront respecter les nouveaux venus. Pour l'instant, aucune solution n'a été trouvée à l'échelle européenne, en revanche certains pays ont déjà creusé la question : l'Autriche, la République tchèque, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas ont accordé des autorisations spéciales pour faire venir son partenaire de vie parfois sur la présentation d'une simple déclaration sur l'honneur. 

En attendant une éventuelle issue positive, ceux qui peuvent se le permettre se rejoignent dans des «pays tiers». Ségolène et son compagnon se sont retrouvés trois semaines au Mexique, pays qui accepte les ressortissants français et américains. Jean-Marc et son «amoureuse» connaîtront la joie des retrouvailles en septembre, en Géorgie, choisie dans ce cas aussi pour des raisons de visa. Car l'amour n'attend pas.

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