En direct
A suivre

Coronavirus : le secteur de la garde d'enfants fragilisé par la crise et le confinement

Pendant le confinement, les assistantes maternelles ont été mobilisées pour garder les enfants de soignants, alors que les crèches étaient fermées.[LOIC VENANCE / AFP]

La liste des professions fragilisées par la pandémie est longue et celle d'assistante maternelle y a sa place. Dans son rapport annuel sur le coût de la garde d'enfants, la plate-forme Yoopies, spécialiste du secteur, désigne ces professionnelles comme «les grandes perdantes de la crise sanitaire».

Pourtant, sur l'année écoulée, les salaires du secteur ont augmenté. Les chiffres relevés par la plate-forme de garde d'enfants montrent une hausse de 1,99% (3,59€ par heure et par enfant en moyenne) et même de 2,08% en ce qui concerne la garde à domicile (avec un salaire net horaire moyen de 9,31€).

Mais cette augmentation des tarifs est à nuancer, notamment parce que, selon Benjamin Suchar, fondateur de Yoopies, elle ne reflète pas «le formidable élan de solidarité» observé durant la crise.

Il assure que pendant les deux mois de confinement, «40% des gardes» enregistrées sur sa plate-forme étaient bénévoles. Si ces dernières étaient prises en compte, «les prix moyens seraient en réalité fortement à la baisse» selon l'entrepreneur.

De plus, le confinement a réduit les besoins de garde d'enfants presque à néant. Si les assistantes maternelles ont eu la possibilité, durant cette période, d'accueillir jusqu'à six enfants au lieu de quatre, le nombre d'heures de travail a en réalité «brutalement chuté».

Cette baisse d'activité a d'ailleurs été marquée par la rupture de nombreux contrats, interrompus «en dehors de tout cadre légal» par les employeurs.

Les professionnels du secteur ont pu bénéficier du chômage partiel, mais seulement à hauteur de 80%, contre 84% pour les autres professions. Sans compter que ce paiement compensatoire, qui doit prendre fin le 31 août, n'entraîne pas de droits à la retraite ou au chômage.

Mobilisées pour garder les enfants de soignants alors que les crèches étaient fermées pendant le confinement, les assistantes maternelles ont dû assumer personnellement le coût des masques et produits désinfectants. Il n'a par ailleurs jamais été question de leur faire bénéficier de la prime Covid.

Selon Benjamin Suchar, les assistantes maternelles demandent depuis des années «qu'on respecte et valorise leur travail». Il estime que «la crise du Covid a été la goutte d'eau qui a cristallisé leur ras le bol».

Les entreprises ont «un rôle à jouer»

A présent, le secteur interpelle les entreprises qui ont «un rôle à jouer» dans sa reprise économique. Elles doivent, selon le rapport, «prendre leur part et financer la garde d'enfant de leurs salariés, qui a un impact direct sur leur performance».

Le budget n'est pas le même partout en France. Sur le podium des régions les plus chères en matière de garde d'enfant, on retrouve la Corse sur la première marche (9,75€ de l'heure), l'Ile-de-France sur la deuxième (9,41€ de l'heure) et enfin Provence-Alpes-Côte d'Azur avec un tarif horaire de 9,31€.

Le Grand-Est et les Hauts-de-France se placent au contraire du côté des zones les plus abordables, avec des tarifs horaires respectifs de 8,88€ et 8,86€.

Quoi qu'il en soit, Benjamin Suchar estime que le gouvernement devrait permettre «le versement de prime ou de rémunération variable sous forme de financement  de service à la personne afin de revitaliser le secteur».

Pour qu'une telle mesure soit mise en place, le fondateur de Yoopies a une solution toute trouvée : il suggère de l'intégrer au plan de relance de l'économie, dont la présentation vient d'être repoussée à la première semaine de septembre.

Retrouvez toute l'actualité sur le coronavirus ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités