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Paris : l'avenir des cimenteries Lafarge sur les quais de Seine en débat

Une manifestation est prévue ce lundi, et une réunion de concertation le lendemain.[Franck FIFE / AFP]

Après la polémique suscitée par les vidéos et les photos de pollution dans la Seine, vient désormais le temps du bras de fer entre Lafarge et les autorités concernant l'avenir des centrales à ciment à Paris.

Une manifestation du mouvement PAZ (Paris Animaux Zoopolis) est prévue ce lundi 7 septembre à 13h, quai de Bercy (12e), pour dénoncer «les atteintes aux poissons et à leur habitat causés par les déversements de la société Lafarge dans la Seine».

Deux usines de Lafarge sont au centre des critiques : la première, située quai de Bercy, pour des rejets de ciment dans le fleuve révélés mardi 1er septembre par Europe1. La seconde, port de Javel, dans le 15e arrondissement, aurait également était le théâtre de pratiques polluantes. Surtout, cette dernière doit subir un projet de réaménagement, entamé en 2017, qui suscite les critiques depuis plusieurs années. Elle avait même subi une action d'Extinction Rebellion en février dernier.

Alors face au tollé suscité par les images de polluants déversés dans le fleuve, l'association dit «avoir écrit à tous les conseillers de Paris» pour leur demander de prendre part à cette manifestation ce lundi.

Une requête à laquelle va répondre Danielle Simonnet, conseillère de Paris et oratrice nationale LFI. Celle-ci est mobilisée depuis plusieurs années sur le sujet. Elle dénonce à CNews «le gouffre entre le discours écolo affiché par la mairie et la réalité de la gestion des dossiers» et demande «de suspendre le projet du port de Javel, a minima, pour en savoir plus et remettre tout à plat».

Donner un statut juridique à la Seine

Plusieurs élus écologistes parisiens devraient également prendre part à la mobilisation aujourd'hui, dont Raphaëlle Rémy-LeLeu. Elle souhaite notamment que la ville dispose d'une «possibilité de veto sur les installations en bord de Seine». Et, «comme le stipule l'accord de mandature» PS-EELV, elle demande le lancement «d'une étude sur la faisabilité de donner un statut juridique à la Seine». Selon la conseillère de Paris, cette mesure, «qui n'existe pas dans le droit français, se développe dans de plus en plus de pays. Elle permet d'attaquer en justice sur des actes de pollution».

La présidente du groupe EELV au conseil de Paris, Fatoumata Koné, elle, va plus loin. Elle demande des sanctions plus sévères contre les pollueurs et un contrôle accru, tout en «accompagnant les entreprises de construction qui utilisent des méthodes qui respectent l'environnement». Elle rappelle également la ligne des écologistes défendue lors de la campagne des municipales, demandant l'abandon du projet de la centrale du port de Javel. En mai dernier, David Belliard, alors candidat EELV à Paris, avait envoyé une lettre en ce sens à Lafarge.

Une réunion de concertation à la mairie

Le lendemain de cette manifestation, mardi 8 septembre, la première d'une série de trois réunions de concertation -«prévue depuis plusieurs semaines», précise-t-on à la mairie- doit avoir lieu à l'hôtel de ville. Des riverains et des élus des 15e et 16e arrondissements se retrouveront autour d'une table avec des représentants d'Haropa - Ports de Paris ainsi que de Lafarge. Preuve de l'importance du sujet, cette réunion sera dirigée par Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d'Anne Hidalgo habituellement envoyé en première ligne dans les situations de crise.

L'avenir du port de Javel sera abordé longuement dans ces négociations, qui s'annoncent compliquées. Le permis de construire pour le réaménagement a été en effet délivré en bonne est due forme en 2017, date à laquelle était censé expirer le bail précédent de Lafarge. Pour cela, le cimentier a d'abord signé une convention avec Haropa, qui gère les quais de la capitale. Une instance dans laquelle «la ville de Paris n'a aucun pouvoir puisque l'Etat est majoritaire», regrette Christophe Najdovski, maire adjoint qui siégeait dans le précédent conseil d'administration d'Haropa.

Puis, la préfecture de police de Paris a aussi délivré un arrêté, dans le cadre de la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Enfin, «le dossier étant complet et légal, le permis a été délivré» par la ville, comme l'oblige le code de l'Urbanisme, a rappelé l'an dernier dans Le Figaro Jean-Louis Missika, ex-adjoint à l'urbanisme d'Anne Hidalgo.

N'ayant guère de marge de manoeuvre pour stopper le projet de réaménagement, l'équipe d'Anne Hidalgo entend donc plutôt trouver «un nouveau compromis plus ambitieux» avec Haropa et Lafarge. En février dernier, le cimentier s'était déjà engagé à revoir d'un tiers la baisse sa production sur le futur site (80.000 m3 par an contre 120.000 prévu initialement). «Il est évident que les riverains sont désormais davantage en position de force», commente-t-on à la mairie.

Baignade en 2024 et piscine flotantte

D'autant qu'Emmanuel Grégoire défend la présence de ces centrales dans le cadre de l'activité de construction à Paris : «c'est mieux d'un point de vue environnemental. Ces micro-usines livrées en matériaux par des péniches évitent que des milliers de camions toupies circulent sur les routes d'Ile-de-France», argumente-t-il dans Le Parisien.

Et si la mairie de Paris n'a pas porté plainte contre Lafarge, le parquet de Paris ayant finalement décidé de lui-même d'ouvrir une enquête, elle envisage de se constituer partie civile «si les faits sont avérés». Pour rappel, l'objectif d'Anne Hidalgo est de pouvoir se baigner dans la Seine aux JO 2024. Une piscine flottante «de taille olympique» ainsi qu'un centre de remise en forme et un complexe sportif sont également censés être installés sur le port de Javel, dans le cadre de l'appel à projet Réinventer la Seine.

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