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Tahiti : un enseignant condamné pour avoir pété et craché dans la bouche de ses élèves

L'affaire a éclaté à l'école Vaiaha, dans la commune de Faa'a, à Tahiti (Polynésie). [Capture d'écran / CC Mairie de Faa'a].

Une histoire de maltraitance institutionnelle qui s'est conjuguée des années durant au sordide et au silence. Massimo R., un enseignant retraité d'une école de Tahiti, en Polynésie, a été condamné, mardi 8 septembre, à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, pour des sévices physiques et psychologiques perpétrés sur d'anciens élèves.

Reconnu coupable, l'homme porte avec lui une longue liste d'actes abjects qu'il n'a pas hésité à faire subir à de tout jeunes élèves de CM1, en l'occurrence leur cracher ou leur péter dans la bouche, les mettre à genoux en classe, les inciter à se battre entre eux ou encore les affubler de surnoms humiliants, suivant le compte-rendu détaillé qu'en fait le média local Outre-mer La Première.

Un violent, un manipulateur et un escroc

Des faits que Massimo R. savait sans doute répréhensibles puisqu'il avait pour habitude de soudoyer ses victimes afin qu'elles ne parlent pas. «Il nous donnait 100 francs pacifique (l'équivalent actuel de 83 centimes d'euros, NDLR) pour qu'on ne raconte pas ce qui se passait en classe», a ainsi témoigné une ancienne élève. 

Mais le «palmarès» de l'enseignant sadique ne s'arrête pas là. Il a en effet été également condamné pour escroquerie après avoir revendu du matériel scolaire et des affaires de football aux parents d'élèves à son seul profit. Des équipements normalement mis à disposition gratuitement de l'école publique et la coopérative locales... dont il était le trésorier. 

Il prétexte le Covid-19 pour ne pas aller au tribunal 

Absent aux premières heures de son procès - après avoir assuré avoir contracté le coronavirus - des vérifications complémentaires ont ensuite permis d'établir qu'il s'agissait en fait d'un mensonge et qu'il était bien négatif. Ce faisant, des gendarmes ont été dépêchés à son domicile pour le conduire au tribunal, mais ont trouvé porte close. Massimo R. a finalement été retrouvé en ville et s'est présenté à la barre avec deux heures de retard. 

Face au juge, il a assuré que ces accusations ne sont qu'une «vengeance» des parents d'élèves et «un coup monté» du directeur de l'école, le responsable ayant, selon lui, mis les élèves les plus difficiles dans sa classe. De quoi conforter, une fois de plus, le rapport de l'expert-psychologue qui s'est penché sur le cas de Massimo R, un homme, selon l'expert, dans «le déni des faits, la banalisation de la violence et d'un manque d'empathie». Un profil de manipulateur et de psychopathe, donc, à des années-lumière du profil attendu d'un professionnel de l'éducation ayant la charge de très jeunes enfants.

Trente ans dans l'Education, sans être inquiété

Massimo R. a pourtant pu agir en toute impunité pendant plus de trente ans. Outre-mer La Première précise en effet que le premier signalement à l'encontre de l'enseignant remontait à 1993. A l'époque, un enfant avait bénéficié de six jours d'ITT (interruption totale de travail) pour des ecchymoses. Des faits similaires qui seront reproduits dix ans plus tard, en 2003, sur un autre élève. Massimo R. s'en sortira simplement avec deux avertissements et une mutation à l'école Vaiaha où tout finira par remonter et éclater. 

Le post Facebook d'une ancienne élève, aujourd'hui âgée de 30 ans, commencera par déclencher des centaines de témoignages puis un nouveau signalement, de la part d'un autre parent d'élève «déclenchera enfin un tsunami», témoigne auprès d'Outre-mer La Première Loris Peytavit, l'avocat de l'école Vaiaha. «L'administration a été défaillante pendant trente ans [...] Massimo R. n'aura rien eu jusqu'en 2019, année où il est parti à la retraite, sans jamais avoir été révoqué de la fonction publique», a-t-il résumé. 

Le professeur tortionnaire et pervers a finalement écopé de quatre ans de prison, dont deux avec sursis et mandat de dépôt. Il a également l'interdiction définitive d'exercer une activité en contact avec des mineurs. De son côté, le directeur de l'école a lui aussi été condamné et a écopé d'une peine de quatre mois de prison avec sursis. Finalement, alors qu'au total 21 enfants s'étaient portés partie civile, l'Etat a été condamné à verser 300.000 francs pacifique (environ 2.500 euros, NDLR) à chacun d'entre eux.

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