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Bridgestone : pourquoi la fermeture de l'usine de Béthune provoque l'indignation générale

Au lendemain de l'annonce de la fermeture du site de Béthune, des salariés se sont rassemblés devant l'usine pour protester.[DENIS CHARLET / AFP]

En annonçant la fermeture de son usine de Béthune (Pas-de-Calais), le fabricant de pneus japonais Bridgestone a fait l'unanimité contre lui. Les pouvoirs publics, de la Région jusqu'à l'Etat, les syndicats ainsi que des figures politiques de tous bords condamnent une décision jugée indigne.

C'est d'abord la brutalité de l'annonce qui a suscité l'émoi. La direction de Bridgestone a appris la fermeture du site aux ouvriers dans la matinée du mercredi 16 septembre, lors d'une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE).

Un coup de massue pour les 863 employés, sans compter les intérimaires et sous-traitants, qui se découvrent condamnés au chômage. «Quand vous prenez des mesures aussi radicales, pour plus de 800 salariés, vous allez a minima leur annoncer, le préparer et leur dire ce que vous avez prévu comme solution alternative et projet de reprise. Rien de ça n'a été fait», déplore Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports sur RTL.

Le gouvernement a également exprimé son indignation au travers de son porte-parole, Gabriel Attal. Il dénonce une trahison du fabricant de pneus japonais puisque l'usine de Béthune a bénéficié de l'aide de l'Etat et de la Région pendant des années. Selon les informations du Monde, l'entreprise a perçu, rien qu'en 2018, 1,8 million de crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et 500.000 euros du Conseil régional.

Pour Gabriel Attal, c'est une évidence : «L'entreprise a sous investi dans le site de Béthune au profit d'autres sites. C'est cette entreprise qui a été incapable d'installer les conditions d'un dialogue sain». Une version que les syndicats corroborent. Ils sont également convaincus que le site du Pas-de-Calais a sciemment été sacrifié, d'abord par une réduction drastique des investissements, pour financer de nouvelles machines par exemple, mais aussi en étant limité à la production des modèles de pneus les moins rentables. Alors que, dans le même temps, des chaînes de production se développaient en Pologne et en Hongrie.

De son côté, Bridgestone plaide une concurrence accrue en raison des pneus à bas coût proposés par la Chine et la Corée du sud. Elle signale des ventes en baisse et une surcapacité de production en Europe, qui justifient selon elle une fermeture de l'usine de Béthune à l'horizon 2021. Autant d'explications qui ne satisfont personne.

Chose rare, Xavier Bertrand, président Les Républicains des Hauts-de-France, s'est associé à Elisabeth Borne et Agnès Pannier-Runacher, respectivement ministres du Travail et de l'Industrie, pour exprimer son «désaccord total» avec la direction de l'usine, dans un communiqué commun.

Le document exige que Bridgestone propose des scenarios alternatifs à celui de la fermeture. Qualifiant la situation d'«assassinat prémédité», Xavier Bertrand ne cache pas sa colère. Il n'hésite pas à souligner la nécessité de «tout faire pour forcer» le fabricant de pneus à «envisager un autre plan industriel».

Sur Twitter, le président des Hauts-de-France précise que, si Bridgestone renonce à ce projet de fermeture et investit dans l'usine de Béthune pour la rendre à nouveau compétitive, alors «l'Etat, la Région et les collectivités les accompagneront pour assurer un avenir industriel et préserver des emplois». Une réunion doit se tenir lundi 21 septembre afin de confronter la direction de l'entreprise aux représentants de l'Etat. L'objectif est de trouver une alternative à la fermeture de l'usine de Béthune et ainsi sauver l'emploi de ses 863 salariés.

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