En direct
A suivre

Grand Paris : le fossé se creuse entre les plus riches et les plus pauvres

[Thomas SAMSON / AFP]

La région la plus prospère et la plus inégalitaire de France. Les écarts de revenu se sont accrus depuis quinze ans au sein du Grand Paris, c'est-à-dire dans la capitale et en petite couronne, selon une étude publiée ce jeudi 17 septembre par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur).

Globalement, les habitants des territoires les plus favorisés, Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines, ont vu leurs revenus progresser plus rapidement que la moyenne de la région entre 2001 et 2016. C'est le cas le plus fréquent, puisqu'il concerne plus d'un tiers (35 %) des quartiers étudiés. «Les territoires de richesse se sont consolidés en attirant toujours plus de cadres. L'enchérissement des prix de l’immobilier et des loyers exclut progressivement les catégories modestes du parc locatif privé ou en propriété», souligne l'Apur.

C'est ce que montre cette carte, où les zones en rouge marquent une progression du revenu plus élevée que la moyenne, celles en jaune une évolution standard, et celles en vert une variation négative :

evolution_revenu_apur_5f636bae4d1c1.jpeg

A contrario, les salaires des personnes vivant en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne ont augmenté moins vite que la moyenne régionale. Ces situations représentent 28 % des lieux observés. «Dans ces quartiers, nombreux sont les ménages qui ne disposent que d'un seul revenu, voire d'aucun. L'évitement des cadres et la concentration d'actifs peu qualifiés exposent davantage ces secteurs à la montée du chômage et à la précarité de l'emploi», commente l'atelier d'urbanisme.

Enfin, certains territoires moins favorisés enregistrent une hausse rapide des revenus. Un «processus de gentrification» qui concerne en particulier des zones limitrophes de la capitale bénéficiant de projets de renouvellement urbain. Une tendance qui concerne 13 % des quartiers, et s'observe notamment dans l'ouest de Saint-Ouen, le bas de Montreuil ou encore le sud de Clichy. Idem dans les arrondissements plus modestes de Paris, les 10e, 18e, 19e et 20e, où «de jeunes cadres sans enfant sont venus s'installer, attirés par des niveaux de loyers plus accessibles».

Le poids du passé, l'impuissance du présent

«La diversité sociale des territoires au sein de la métropole est largement héritée du passé. Elle est le fruit de choix économiques (implantation des anciennes zones industrielles, de l’habitat ouvrier et effets des délocalisations...)», indique l'Apur. Bien qu'inclus dans les grandes orientations stratégiques de l'Etat, de la région et des villes, les efforts de rééquilibrage et de mixité sociale produisent des effets qui «paraissent limités», selon les urbanistes.

Le document met néanmoins en avant l'impact local important que peuvent avoir des projets d'aménagement urbains, de logements sociaux ou de création de transports. Une question d'autant plus importante qu'elle dicte l'égalité d'accès aux services et aux aménagements suivant où vivent les habitants du Grand Paris.

En chiffres, la moitié des ménages du Grand Paris ont déclaré en 2016 un revenu mensuel brut inférieur à 1.934 euros (par adulte). «Ce revenu médian est supérieur de + 12 % à celui de l'ensemble des Français», d'après l'étude. Ce qui en fait la métropole «où les inégalités sont les plus marquées, notamment du fait de la concentration de populations disposant de très hauts niveaux de revenus». Et pour cause, les 10 % les plus riches habitants du Grand Paris gagnent 9,6 fois plus que les 10 % les plus modestes. Dans les autres métropoles, ce rapport varie de 5,6 pour la métropole de Brest à 9 pour celles de Strasbourg, Lille et Montpellier.

ecarts_revenus_apur_5f636bc1a38d6.jpeg

«Avant la crise de 2008, la progression des inégalités de revenus s'expliquait essentiellement par une forte progression des revenus les plus élevés. Depuis, les inégalités se sont creusées davantage par une moindre hausse des revenus des ménages les plus modestes, qui ont été plus impactés par les effets de la crise économique de 2008», pointe l'Apur.

Retrouvez toute l'actualité sur l'Ile-de-France ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités