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Séparatisme : comment l'Etat veut agir

Le sujet, brûlant, est au cœur des préoccupations d’Emmanuel Macron depuis plusieurs mois. La lutte contre le séparatisme doit franchir une étape clé ce vendredi, avec un discours du chef de l’Etat dans la ville des Mureaux (Yvelines).

Cette prise de parole attendue annonce l’arrivée d’un projet de loi durant l’automne, qui aura pour objectif de lutter plus efficacement contre le phénomène, semblable au communautarisme, que l’on peut définir comme la volonté d’un groupe de ne plus suivre les lois de la République, au profit d’autres valeurs, qu’elles soient religieuses ou culturelles.

Des lieux de culte aux médecins

La lutte contre l’islam radical est évidemment dans le viseur. La fin des imams étrangers détachés dans les mosquées devrait notamment faire partie des mesures annoncées, afin d’éviter que l’islam ne soit enseigné par des personnes ne connaissant pas le contexte culturel et social français. Le contrôle du financement des mosquées devrait également y figurer.

Il s’agira aussi de se pencher sur certaines associations locales, que les autorités soupçonnent de réaliser un «lavage de cerveau» religieux ou communautaire. Or, ces associations cultuelles sont celles vers qui les populations se tournent, plutôt que la mairie, pour obtenir un emploi ou une place en crèche dans certains quartiers. Le but est de savoir précisément qui les dirige et y intervient. Une charte de la laïcité devrait être mise en place, les engageant à la respecter sous peine de se voir retirer les subventions publiques.

La protection de la dignité humaine sera aussi un volet du projet de loi, afin d’en terminer avec les pratiques dégradantes liées à la religion. C’est dans ce cadre que s’inscrira la pénalisation des médecins délivrant des certificats de virginité, réclamés à certaines futures mariées.

L'islam ciblé ?

Enfin, la neutralité religieuse dans les services publics devrait être abordée. L’exécutif souhaite ainsi mettre fin à la présence de salles de prière ou au fait que des agents refusent de travailler avec des femmes.

Face à ces pistes, certains estiment que la priorité devrait aller à plus de justice sociale et de moyens pour lutter contre les inégalités, et mettent en garde contre une stratégie qui semble cibler l’islam. Le gouvernement a réagi en parlant «des» séparatismes. Pour prévenir ces accusations, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, a en outre indiqué que le projet concernera aussi le «suprémacisme blanc» et les «dérives sectaires».

Un thème cher au RN et à LR

En faisant du séparatisme un des dossiers majeurs de l’automne, l’exécutif veut marquer les esprits. La campagne pour la présidentielle 2022 devrait se lancer d’ici à environ un an, et il faut renforcer l’image du président là où ses adversaires l’attaquent : son manque d’autorité. De quoi raffermir sa stature, tout en allant jouer sur un terrain habituellement favorable à des formations politiques comme Les Républicains ou le Rassemblement national.

Avec le séparatisme, il tient un sujet clivant, mais surtout extrêmement important aux yeux des Français, car il touche au respect des valeurs de la République. Dans un sondage paru en septembre, 76 % d’entre eux se disent d’ailleurs favorables à une loi contre le phénomène. La course à l’Elysée va peut-être commencer aujourd’hui, aux Mureaux.

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