L'annonce a été faite ce mardi 20 octobre par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Samuel Paty, le professeur décapité vendredi dernier à Conflans-Sainte-Honorine, va recevoir la Légion d’honneur à titre posthume, ainsi que les Palmes Académiques.
A la veille d'un hommage national, qui sera rendu mercredi soir dans la cour de la Sorbonne, à Paris, l'Etat a donc souhaité, par ces deux distinctions, appuyer le souvenir de l'enseignant tué pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Mais que revêtent, concrètement, ces deux décorations ?
La Légion d'honneur
La Légion d'honneur est la plus ancienne décoration honorifique française. Cette récompense, instituée en 1802 par Napoléon Bonaparte, met en avant les «mérites éminents» militaires ou civils rendus à la Nation.
Une personne seule ne peut pas elle-même demander à recevoir la Légion d'honneur. En effet, la procédure passe toujours par un tiers. Il s'agit généralement d'un ministre - sur une proposition faite par des préfets, des associations ou des élus - qui se charge de proposer un nom. Mais un collectif réunissant au moins cinquante citoyens peut également en proposer un. Il faut avoir au minimum vingt années d’activité pour être distingué dans la Légion d’honneur.
Pour autant, une personne peut très bien refuser de recevoir la Légion d'honneur. En effet, pour être décoré, il faut accepter de recevoir la distinction en main propres lors d’une cérémonie de remise de médaille (d'ailleurs, seule une personne elle-même déjà décorée peut remettre cette médaille).
Ne pas s'y rendre sans être représenté peut donc équivaloir à un refus. Néanmoins, les civils sont généralement prévenus en amont (les militaires le sont obligatoirement), ainsi, s’ils ne souhaitent pas être décorés, leur nom n’apparaitra pas au Journal officiel et, de fait, ils ne seront pas retenus à la cérémonie.
A noter également qu'un légionnaire peut en théorie être déchu de sa décoration s’il a commis une faute grave «contraire à l’honneur ou de nature à nuire aux intérêts de la France» explique la Chancellerie de la Légion d’honneur. Cependant, ce cas ne se présente que très rarement et jamais lorsque la Légion d'honneur est remise à titre posthume.
En tant que tel, si la Légion d'honneur ne présente aucun intérêt matériel ou financier (au contraire puisqu’il faut généralement l’acheter, et elle peut coûter de 75 euros et jusqu’à 990 euros pour une grand-croix), elle reste un symbole de reconnaissance nationale.
Les promus peuvent toutefois intégrer la société des membres de la Légion d'honneur qui s'unissent pour concourir au rayonnement de la France. Autre point : tous les descendants féminins d'une personne récompensée pourront candidater aux maisons d'éducation de l'institution.
Les Palmes Académiques
Les Palmes Académiques sont une décoration «emblématique puisque elles proviennent de l'ordre qui va avec les professeurs, avec le monde de l'Education et le martyre de Samuel Paty vaut bien cette reconnaissance de son institution», a déclaré Jean-Michel Blanquer pour annoncer qu'elles seraient remises en mémoire du professeur tué.
Historiquement, les Palmes Académiques ont été instituées sous cette dénomination par Napoléon 1er en 1808, par un décret portant organisation de l'Université impériale.
Elles étaient donc d'emblée un titre honorifique pour honorer les membres de l'Université (englobant alors les lycées) et comptaient alors trois grades : les titulaires, les officiers de l'Université et les officiers des Académies.
Les modalités de leur attribution ont ensuite été étendues en 1866 à des personnes non enseignantes ayant rendu des services éminents à l'Education.
Puis, plus récemment, par un décret en date du 4 octobre 1955 signé par le Président René Coty, l'ordre des Palmes Académiques a été institué, comportant les grades de Chevalier, d'Officier et de Commandeur.
Aujourd'hui, les Palmes Académiques constituent toujours le troisième grand ordre national après la Légion d’Honneur et l’Orde National du Mérite.
Concernant Samuel Paty, un autre honneur pourrait lui être rendu au volet éducatif, puisque, dimanche 18 octobre, le département des Yvelines a proposé de donner le nom du professeur d’histoire-géographie à son établissement.
Cette proposition sera mise aux voix lors du prochain conseil d’administration du collège, avant d’être éventuellement approuvée par la commune puis par le département, qui a la compétence sur les collèges.
Enfin, une minute de silence sera observée dans tous les collèges et les lycées le 2 novembre prochain, lors de la rentrée scolaire, et des débats, avec la présence éventuelle d'intervenants extérieurs, pourront être aussi organisés.