En direct
A suivre

La semaine de Philippe Labro : Le choix de la France, l'hésitation en Amérique

Le pays est lancé dans un deuxième confinement qui va porter un nouveau coup à plusieurs secteurs d'activité. [AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 28 OCTOBRE

Ainsi donc, ça recommence. Le président de la République a parlé. Ses annonces ont été claires et nettes. On reconfine. Les mots sont forts – «brutalité», «surprise», «submergés», «débordés», «va­gue meurtrière» –, et les faits sont têtus. Les chiffres, comme les faits, parlent d’eux-mêmes et, quelle que puisse être la colère, la déception, la frustration, la tristesse, la lassitude, la révolte, voire l’écœurement, aussi bien des petits commerçants que d’autres acteurs et activités, il n’y avait apparemment aucun autre choix : le pays est lancé dans un deuxième confinement. Essayons, si possible, d’énoncer quelques évidences :

1. L’opposition – aussi bien politique que médiatique – n’aura de cesse de poser de nombreuses questions. Nous sommes en démocratie, et il est normal et attendu que le discours critique se développe. Le gouvernement et le président ne seront pas épargnés. C’est fatal.

2. L’explosion violente du virus n’est pas un mythe, une fable. C’est une réalité terrible, et nul ne peut l’ignorer. Il y a une urgence à sauver des vies.

3. On sait, d’expérience, que «le confinement, ça marche». Cela a marché une fois, il faut que cela soit aussi efficace. Mais les dégâts collatéraux, économie, commerce, consommation, culture, vont être considérables. Fermer les librairies, par exemple, c’est une catastrophe. Ce n’est pas seulement un écrivain qui vous parle, c’est aussi un lecteur et un journaliste, pour qui l’actualité littéraire de novembre reste un moment fort, passionnant et vital pour la présence du livre dans la vie quotidienne d’un pays qui aime lire, qui a besoin de lire. Quant au cinéma, qui relevait la tête, c’est un coup mortel.

4. Le mot «civisme» n’est pas gratuit. Essayons donc de suivre et d’accomplir les gestes indispensables, limitons nos relations. Je déteste l’expression «distanciation sociale», mais elle dit bien ce qu’elle veut dire.

5. Il ne faut jamais oublier l’espoir, seul sentiment qui doit être unanimement partagé. Espoir en l’extraordinaire peuple de la santé (hôpitaux, cliniques privées, hommes et femmes que nous applaudissions à une certaine époque, et qu’il faut, à nouveau, admirer et respecter). Espoir, enfin, que l’autre danger, majeur, celui du terrorisme soit jugulé et combattu. L’atroce décapitation d’un admirable professeur a indigné tout un pays. L’attentat de Nice ne fait malheureusement que confirmer cette autre guerre dans laquelle la France est engagée.

                                                                                                                                             ***

Cette double saloperie (Covid et terrorisme) qui dévore nos existences et bousille notre art de vivre occupe tellement les médias, les conversations, les esprits, les familles et les professions qu’on a quelque peine à parler d’autre chose. Et pourtant, il y a cette échéance qui pointe aux Etats-Unis et qui, d’une certaine manière, concerne aussi l’Europe, la communauté internationale, le reste du monde. Oui, à J-5, l’élection présidentielle américaine ne peut laisser indifférent. Pour la suivre de très près, il me semble que l’on peut envisager deux scénarios tout à fait contraires. Premier scénario : malgré de mauvais sondages, malgré une lamentable gestion de la pandémie qui ravage les Américains, Trump peut l’emporter. Car sa base demeure forte, et les violences récentes encouragent les indécis à suivre celui qui se fait le champion de «law and order» – la loi et l’ordre. 

Deuxième scénario : un grand nombre d’électeurs américains ne votent pas forcément pour Biden – mais contre Trump – et, porté par tout ce qui est négatif chez Trump et tout ce qui apparaît comme positif chez Biden, ce dernier est alors élu dans un véritable «landslide» – un raz-de-marée. Deux certitudes : le résultat risque d’être impalpable avant quelques jours. Enfin, il ne faut pas exclure un événement inattendu de dernière minute.

Retrouvez toutes les chroniques de Philippe Labro ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités