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Hommage à Samuel Paty : la lettre de Jean Jaurès modifiée par l’Education nationale ?

La «Lettre aux instituteurs et institutrices» de Jean Jaurès sera lue aux élèves pour rendre hommage au professeur Samuel Paty.[Pascal GUYOT / AFP]

Un choix hautement symbolique. Pour rendre hommage au professeur Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, ce lundi à 11h, c'est la «Lettre aux instituteurs et institutrices» de Jean Jaurès qui sera lue aux élèves. Seulement, de nombreux enseignants dénoncent les modifications effectuées par le gouvernement sur le texte original.

«Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants.» C'est par ces mots forts que débute la célèbre lettre dont des extraits avaient déjà été lus pendant la cérémonie d'hommage à Samuel Paty organisée le 21 octobre. Mais en lisant la suite, des professeurs ont constaté des changements par rapport à la version originale publiée le 15 janvier 1888. Plus exactement, des passages entiers ont été supprimés du texte diffusé aux enseignants. 

En réalité, deux versions de la lettre sont proposées aux enseignants sur le site de l'Education nationale. Une version courte est destinée aux enfants les plus jeunes tandis que la plus longue est destinée aux élèves plus âgés, comme les lycéens.

Un paragraphe critiquant le «système» supprimé

Pourtant, la version «longue» n'est pas non plus fidèle à l'originale, comme l'ont pointé plusieurs professeurs. Un paragraphe critiquant le «système» - et pouvant faire écho à certains des griefs formulés par les enseignants contre le gouvernement actuel - en a été retiré.

Voici une retranscription du passage manquant :

«J’en veux mortellement à ce certificat d’études primaires qui exagère encore ce vice secret des programmes. Quel système déplorable nous avons en France avec ces examens à tous les degrés qui suppriment l’initiative du maître et aussi la bonne foi de l’enseignement en sacrifiant la réalité à l’apparence ! Mon inspection serait bientôt faite dans une école. Je ferais lire les écoliers, et c’est là-dessus seulement que je jugerais le maître.»

«Cette phrase résonne singulièrement avec le projet d’école de Blanquer : des évaluations nationales imposées aux élèves et personnels, réforme du baccalauréat et du lycée, épreuves de contrôle continu dans le déni des besoins des éléves, des familles et personnels, parcoursup», juge le syndicat Sud Education dans un communiqué.

«Un passage très daté»

Par ailleurs, comme le pointe l'organisation, le terme «institutrices» a également été supprimé du titre («Lettre aux instituteurs et institutrices à l'origine») réduisant ainsi les destinataires de cette lettre aux seuls instituteurs. 

Le ministère a justifié ces aménagements par «la volonté de fournir un outil clé en main» aux professeurs notamment. «Et est-ce que quelques lignes tronquent le message global ?» s’est interrogée la chargée de communication du ministère contactée par Libération, avant d'ajouter qu'elle «(trouvait) personnellement ce passage très daté».

Ce dimanche, le ministère a également réagi en mentionnant par un signe la suppression d'un passage du texte, mais n'a pas rétabli les lignes manquantes.  

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