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Photos d'exactions de Daesh sur Twitter : Marine Le Pen et Gilbert Collard jugés

Les photos litigieuses avaient été publiées en 2015, quelques semaines après les attentats de Paris et de Saint-Denis. [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Après avoir été repoussé deux fois, le procès de la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, et du député européen Gilbert Collard doit se tenir, ce mercredi 10 février, devant le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine). La justice leur reproche la diffusion, sur Twitter en 2015, de photos d'exactions de Daesh.

A l'époque, l'affaire avait soulevé un tollé d'une partie de l'opinion.

Le 16 décembre 2015, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin, qu'elle accusait d'avoir «fait un parallèle» entre Daesh et le Front national (devenu en juin 2018 Rassemblement national, NDLR), Marine Le Pen avait partagé sur son compte Twitter trois photos d'exactions du groupe terroriste islamiste accompagnées des mots : «Daesh, c'est ça !».

Les photos, au coeur du procès d'aujourd'hui, montraient un soldat syrien écrasé vivant sous un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et le corps décapité du journaliste américain James Foley, la tête posée sur le dos.

De son côté, Gilbert Collard, alors député du Gard, avait le même jour publié sur Facebook et Twitter la photo d'un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec cette formule : «Bourdin compare le FN à Daesh : le poids des mots et le choc des bobos !».

Dans la matinée, lors de son émission Bourdin Direct, Jean-Jacques Bourdin recevait le spécialiste du monde arabe Gilles Kepel venu parler de son livre «Terreur dans l'Hexagone». Au cours de l'échange, le journaliste avait déclaré : «Je voudrais revenir sur les liens... euh... entre Daesh et le Front... enfin les liens, pas les liens directs entre Daesh et le Front national, mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté... d'esprit, parce que l'idée pour Daesh c'est de pousser la société française au repli identitaire».

Quelques semaines après les attentats de Paris et de Saint-Denis, la comparaison avait aussitôt fait bondir Marine Le Pen et Gilbert Collard, qui avaient donc décidé de publier ces images d'exactions pour réfuter tout parallèle. Celles-ci avaient toutefois soulevé un tollé et après un signalement effectué par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, le parquet de Nanterre, avait ouvert deux procédures judiciaires distinctes contre les deux responsables politiques.

Dans cette affaire, Marine Le Pen s'était ainsi vu retirer son immunité parlementaire, en tant qu'eurodéputée puis députée, avant d'être mise en examen en mars 2018, deux mois après Gilbert Collard. Puis, en septembre 2018, un juge d'instruction avait ordonné une expertise psychiatrique de Marine Le Pen, prévue par les textes. Dénonçant des «méthodes totalitaires», la responsable politique avait refusé de s'y soumettre. 

«Un procès politique»

En 2019, après près de trois ans d'instruction, Marine Le Pen et Gilbert Collard avaient été renvoyés devant le tribunal de Nanterre pour diffusion de messages violents ou portant gravement atteinte à la dignité humaine. Une accusation aggravée par le fait que ces messages étaient susceptibles d'être vus par un mineur, une infraction passible de trois ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Repoussé une première fois, à la demande de la défense, puis en raison de la pandémie de Covid-19, le procès devrait être, dans la perspective de la présidentielle, très suivi.

«Marine Le Pen n'a jamais eu l'intention, ni même la conscience, de mettre en péril quelque mineur que ce soit. Elle a répondu à une attaque, une provocation d'un journaliste», a déjà fait savoir son avocat, Maître David Dassa-Le Deist, dans une déclaration faite à l'Agence France-Presse. 

A quinze mois du vote pour la fonction suprême, le conseil de Gilbert Collard, Maître Jean-Marc Descoubes, a quant à lui dénoncé un «procès politique». Selon un sondage Harris Interactive commandé par le cabinet CommStrat et le quotidien l'Opinion, la présidente du Rassemblement national rallierait 26 à 27 % des suffrages au premier tour, contre 23 à 24 % pour Emmanuel Macron.

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