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Coronavirus : la détresse des soignants, usés par des mois de lutte contre le Covid-19

Alors que les services hospitaliers sont déjà très chargés, les soignants craignent que les variants du coronavirus entraînent un rebond de l'épidémie. [Philippe LOPEZ / AFP]

Pour eux, la pandémie s’est transformée en une course de fond. Depuis des mois, chaque jour, les soignants sont mis à l’épreuve. Actuellement, la situation épidémique en France connaît un plateau, marqué par des indicateurs élevés et plutôt constants.

Pour le gouvernement, cela permet d’éviter, ou de retarder, un nouveau confinement. Pour le personnel en revanche, c’est le travail à flux tendu qui continue, à un rythme effréné. Un quotidien sans répit, mais pas sans conséquence. Une enquête menée par le collectif Santé en danger, entre le 26 novembre et le 10 janvier, révèle que sur 1 877 professionnels interrogés, 74% estiment que la crise du Covid-19 a aggravé la dégradation de leurs conditions de travail.

La grande majorité (97,3%) d’entre eux témoignent d’une augmentation conséquente de la souffrance professionnelle depuis qu’ils ont commencé à exercer. Parmi eux, un sur cinq fait même état d’une hausse «extrême» du mal-être au travail. Résultat : plus d’un tiers des personnes interrogées est actuellement sous traitement et 39% d’entre eux se sont vus prescrire un arrêt de travail.

Un appel à la mobilisation lancé par l’intersyndicale, le 21 janvier, dénonçait pêle-mêle le manque de personnel, de lits, de moyens et l’augmentation des cadences. Autant de problématiques contres lesquelles le secteur tirait déjà le signal d’alarme avant la crise.

La pandémie, et le surcroît d’activité qu’elle engendre, sont donc venus élargir les failles du système. Pour faire face, les hôpitaux jonglent comme ils peuvent. Par exemple, les urgences de l’Hotel Dieu à Paris ont fermé, le 1er février. Les équipes ont été redirigées pour renforcer l’accueil des malades du Covid-19 aux urgences de l’hôpital Cochin, dont les personnels sont eux-même redéployés dans les services de soins intensifs et de réanimation.

L’«inéluctable» variant anglais

«Depuis début octobre, nous sommes à flux tendu de patients et à flux tendu de travail», alerte le Pr Yves Cohen, chef du service de réanimation de l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Il explique que le nombre de cas de Covid-19 dans son service a été «multiplié par trois» les semaines précédentes, l’obligeant à ouvrir une aile supplémentaire. Et si les malades affluent, les effectifs restent les mêmes, alors que les soignants voient, avec angoisse, la menace des variants enfler.

Le directeur médical de crise de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Bruno Riou, estime notamment que la prédominance du variant anglais est «inéluctable». Il craint que cela entraîne un rebond violent de l’épidémie.

Un scénario qui présente des similitudes avec la situation que vit Dunkerque actuellement. Dans la ville du nord, le variant anglais est très présent, avec un taux de pénétration six fois supérieur à la moyenne nationale. L’hôpital local a atteint son seuil d’alerte et est désormais contraint de transférer certains patients ailleurs dans la région.

Pour éviter que cela ne se généralise, Bruno Riou incite à envisager des mesures plus drastiques et même à «ne plus avoir peur d’un confinement total» qu’il juge nécessaire.

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