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L'édito de Guillaume Bigot : «Passeport sanitaire ou passeport intérieur ?»

L'éditorialiste Guillaume Bigot aborde ce mardi dans sa chronique le pass sanitaire évoqué il y a quelques jours par Emmanuel Macron en vue de la réouverture de certains lieux publics.

Le président a évoqué la création d’un pass sanitaire pour accéder à certains lieux et participer à certaines activités concentrant du public. Le chef de l’Etat a précisé qu’il ne s’agissait pas encore d’un passeport vaccinal. Sous-entendu, lorsque le vaccin sera offert à tous, les 20 % qui le refuseront devront en assumer les conséquences.

En décembre dernier, un projet de loi prévoyait déjà de «subordonner les déplacements, les accès aux moyens de transport ou à certains lieux […] » notamment à la vaccination. Ce projet a soulevé un tel tollé que le gouvernement a jugé sage de le ranger.

En tous cas, cette idée de pass sanitaire est prématurée en raison du retard pris par la vaccination mais aussi à cause des incertitudes liées aux nouveaux variants.

Mais cette fois, c’est l'UE qui réfléchit à un passeport sanitaire conditionnant les déplacements à la vaccination et, pour l’instant, à un test PCR négatif. La Commission présentera, le 17 mars, son «Digital Green Pass» qui doit «permettre aux Européens de se déplacer en sécurité au sein de l'UE.» Passer par l’union européenne pour mettre en œuvre un mécanisme de ce type soulève trois difficultés. D’abord, demander à l’Europe de concevoir un passeport vaccinal alors qu’elle est responsable du retard de la vaccination est pour le moins ironique. Ensuite, Bruxelles n’est pas compétent en matière de santé. Et c’est pour préserver la liberté de circulation au sein de l’Union que la Commission justifie son passeport vert. La troisième difficulté est l’absence de légitimité démocratique des institutions européennes.

Sur le principe, la mise en œuvre d’un passeport vaccinal, n’est pas scandaleuses en soi. Mais le Conseil d’État a rappelé que des mesures de type passeport sanitaire doivent être temporaires et strictement «proportionnées et appropriées». Or, la crise sanitaire a sérieusement limité notre champ d’action. Et le passeport vaccinal permet aux gouvernants de nous faire croire qu’ils nous rendent nos libertés.

Autre paradoxe, pour éviter de fermer les frontières, on invente, avec le passeport vaccinal, une sorte de passeport intérieur qui limite la circulation des personnes dans chaque pays. Par ailleurs, en démocratie, seul le peuple ou ses représentants peuvent restreindre les libertés.

Un danger pour la démocratie ?

Un danger pour la démocratie ? Pas s’il est adopté, en toute connaissance de cause, par une majorité franche et pour une période limitée.

Mais, en réalité, depuis le début de la crise sanitaire, l’Europe est très influencée par le modèle chinois. L’efficacité chinoise face au virus, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies, fascine nos élites. Chaque fois qu’un État devient extrêmement puissant, son modèle finit, tôt ou tard, par influencer toute la planète. Or, la culture confucéenne aggravée par le communisme piétine les libertés individuelles et étouffe la démocratie. Pour le parti communiste Chinois, il y a d’un côté des experts qui savent et de l’autre, la masse qui doit se contenter de suivre. Pour le capitalisme rouge de Xi Ji Ping qui écrase la démocratie à coup de Qr Code, la prospérité économique et la liberté des affaires passent avant les libertés individuelles et la démocratie.

Cela ne vous rappelle rien ? C’est un modèle qui, sans que nous en ayons toujours conscience, influence déjà ceux qui nous gouverne. Avec le passeport sanitaire, un État post démocratique européen disposerait d’un outil permettant le traçage sanitaire des individus. Ce que le philosophe Michel Foucault appelait le biopouvoir.

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