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Coronavirus : 4 raisons qui expliquent la difficile campagne de vaccination

Le gouvernement croit toujours à l’objectif annoncé par Emmanuel Macron de vacciner tous les Français adultes «d'ici à la fin de l'été». Le gouvernement croit toujours à l’objectif annoncé par Emmanuel Macron de vacciner tous les Français adultes «d'ici à la fin de l'été». [Valery HACHE / AFP]

Une campagne cahin-caha. Si la vaccination contre le coronavirus s'accélère en France depuis ce week-end (585.000 personnes vaccinées entre vendredi et dimanche), elle reste poussive. Seulement 5,9 % de la population a reçu au moins une dose de vaccin, et 3 % les deux injections. Une lenteur qui s'explique par plusieurs facteurs.

Des retards de livraisons

Comme l'ensemble des pays européens, la France souffre des retards de livraisons des doses commandées aux laboratoires. Si ces difficultés industrielles ont affecté Pfizer et Moderna, elles ont atteint leur paroxysme avec AstraZeneca, qui a annoncé fin janvier qu'il ne pourrait livrer que 40 millions de doses à l'Union européenne au premier trimestre, sur les 120 millions prévues.

Pour la France, le retard de la firme suédo-britannique a provoqué un déficit de 800.000 doses sur le mois de février, que le gouvernement promet de rattraper, afin de pouvoir tenir l'objectif affiché par Emmanuel Macron de vacciner tous les Français adultes «d'ici à la fin de l'été».

Des problèmes logistiques chez les médecins

Ouverte depuis le 25 février, la vaccination chez les médecins généralistes reste balbutiante, en raison de problèmes de logistique. De nombreux professionnels regrettent notamment le manque de visibilité sur le nombre de doses disponibles, mis en lumière par la décision dimanche soir de la Direction générale de la santé (DGS) de suspendre pour une semaine les commandes pour les médecins, au profit des pharmaciens. De quoi provoquer un tollé chez les généralistes. Ceux-ci doivent également jongler avec le conditionnement complexe du vaccin d'AstraZeneca - après ouverture, un flacon, qui contient dix doses, ne se conserve que 48 heures -, tout en étant chargés de contacter et d'informer les patients sur la vaccination.

Selon Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à la faculté de médecine de l'université de Genève (Suisse), ces problèmes logistiques se rencontrent dans quasiment tous les pays développés. «On a l'impression que les pays riches ne savent pas bien faire des campagnes de vaccination de masse, car ils n'en ont pas l'expérience, contrairement aux pays du Sud», explique le professeur de santé publique. «Il y a eu des doses dormantes dans les réfrigérateurs, ça montre que l'absence de doses n'était pas le seul goulet d'étranglement.»

Des difficultés pour prendre rendez-vous

La volonté du gouvernement d'accélérer la campagne de vaccination se heurte également à des problèmes persistants concernant la prise de rendez-vous dans les centres de vaccination. Lorsque l'on se rend sur la plate-forme Doctolib, le message d'avertissement suivant apparaît : «En raison d'une demande très importante et d'un nombre limité de doses, les créneaux dans les centres de vaccination se font rares. Quant aux médecins généralistes, la plupart contactent eux-mêmes leurs patients éligibles.» De leur côté, les standards téléphoniques sont saturés et ont énormément de difficultés à répondre à tous les appels.

La méfiance des soignants

Si, contrairement à ce qui était craint, les Français semblent globalement montrer peu de réticences vis-à-vis de la vaccination - 80 % des résidents des Ehpad ont reçu au moins une dose -, il n'en est pas de même concernant les soignants. Jean Castex et Olivier Véran ont déploré la semaine dernière, lors d'une conférence de presse, la couverture vaccinale des personnels de santé, jugée insuffisante. Selon le ministre de la Santé, seuls 30 % sont vaccinés - 40 % chez les personnels des Ehpad. Vendredi, il leur a envoyé une lettre pour les exhorter à se faire vacciner.

Une méfiance justifiée par le vaccin d'AstraZeneca, qui leur est réservé, et dont ils pointent du doigt le manque d'efficacité face aux variants et les effets secondaires sévères, qui selon eux mettent en danger la bonne marche de leurs services. Face à ces réserves, l'exécutif refuse pour l'instant d'obliger les soignants à se faire vacciner. Une mesure réclamée par l'Académie de médecine ce mardi, après que l'Ordre des médecins a indiqué samedi que la vaccination était pour eux une «exigence éthique».

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