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L'édito de Guillaume Bigot : Trop de comm' tue la comm' !

L'éditorialiste Guillaume Bigot revient ce mercredi la communication gouvernementale.

S’il est un domaine où le pouvoir actuel semble à l’aise, c’est celui de la comm'. Devant un prompteur ou en impro, en déplacement sur le terrain qui ne ment pas, dans la rue ou dans un vaccinodrome, sur Brut, sur Twitch, avec des influenceurs ou au 20H, nos dirigeants communiquent comme ils respirent. Moins ils agissent et plus ils nous servent leur novlangue en contreplaquée. Et la crise du Covid n’a rien arrangé.

Le premier slogan inventé par les communicants de la République sous Covid fut le tryptique : «Tester, tracer, isoler». Puis le bide de Stop Covid a contraint l’exécutif à infléchir son discours. Cela a donné un second tryptique : «Tester, alerter, protéger». Ensuite, le président s’est fâché et a demandé à ce que l’application permettant le traçage soit poussé d’où le nouveau slogan : «Dépister - Tracer – Isoler ». Puis, le contact tracing et l’isolement des malades n’étant toujours pas au rendez-vous et un nouveau trio lexical est apparu : «tester-accompagner-protéger» reflétant la nouvelle intention maternante du gouvernement. Enfin, les vaccins sont arrivés, justifiant une cinquième trinité verbale : «Tester, tracer, vacciner».

Mais le manque de doses et le cafouillage logistique ont engendré un sixième tryptique : «accélérer, amplifier, simplifier». La semaine dernière, le vrai faux reconfinement de 16 départements a donné lieu à une septième déclinaison ternaire avec la présentation d’une approche «pragmatique, proportionnée et territorialisée».

Enfin, ce lundi, nouvelle inflexion de la communication gouvernementale avec la géniale trouvaille : «Dedans avec les miens, dehors en citoyen.»

Français, rions un peu, tout en essayant d’ouvrir les yeux de ceux qui nous gouvernent et en inversant, pour une fois, les rôles. Rions un peu en s’adressant à eux dans leur nouvel idiome, le français simplifié :

Je reste dedans mon rôle au service des miens ;

J’arrête de parler aux Français comme s’ils avaient 5 ans d’âge mental ;

Je relis la Constitution et je recopie cent fois l’article 3 ;

Je ne communique plus à tort et à travers ;

Je ne tiens plus de conférences de presse si je n’ai rien à dire ;

J’arrête de faire diversion, cela se voit trop ;

J’arrête de fanfaronner lorsque je me suis planté ;

J’ouvre des lits de réa et j’arrête de saccager le petit commerce non essentiel ;

Je me débrouille pour avoir des vaccins.

Ces zig zag incessants témoignent d’une absence de stratégie. Cette communication n’est pas destinée à légitimer des choix mais à habiller des reculades, à masquer des pénuries et à maquiller des erreurs. Rien ne réhausse mieux l’autorité que le silence.

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