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Montpellier : Elle ouvre une cagnotte pour soutenir un livreur à vélo de 76 ans

Le septuagénaire travaille sur Deliveroo depuis 2018. Photo d'illustration. [GERARD JULIEN / AFP]

Elle ne s’attendait pas à un tel élan de soutien. Une jeune Montpelliéraine de 28 ans a décidé d’ouvrir une cagnotte en ligne pour venir en aide à un septuagénaire à la retraite qui travaille pour subvenir aux besoins de son foyer, lui dont la femme est lourdement handicapée.

Il y a «deux, trois semaines», Lisa Garcia est à la fenêtre de son appartement situé dans le centre-ville de Montpellier, à deux pas de l’église Saint-Roch, quand elle aperçoit Pierre*. Le vieil homme ne lui est pas inconnu.

En 2019, elle l’avait déjà vu passer plusieurs fois dans l’Ecusson (centre-ville de Montpellier) avec sa «tenue [de livreur] et le gros sac à dos carré sur son vieux vélo», confie-t-elle à CNEWS. La même année, elle était tombée sur un article du Midi Libre : «Là, j’en ai su plus sur son histoire». Lisa apprend notamment que le septuagénaire enfourche sa bécane de 18h à minuit chaque jour de la semaine.

Quand elle l’aperçoit dans sa rue, aux alentours de 23 heures, «en galère car il ne cessait d'appeler la personne qu’il livrait et elle ne répondait pas», Lisa connaît donc déjà le quotidien de cette homme de 76 ans. «Il voulait aller voir les noms sur les sonnettes mais il n’osait pas abandonner son vélo, se rappelle-t-elle. Je me suis dit "même pendant cette période de Covid, il continue"».

«un emploi à mon âge, c’était mission impossible»

Dans l’article du média local, le septuagénaire avait affirmé qu’il continuait de travailler car il s’était retrouvé à la retraite «avec moitié moins de revenus, soit 1.200 euros au lieu de 2.200 euros environ». «Je n’étais pas totalement foutu et je voulais rester dans mon logement mais trouver un emploi à mon âge, c’était mission impossible», avait-il confié en 2019 au quotidien.

Après la parution de son histoire, l’homme s’était vu offrir une nouvelle bicyclette par une «boîte qui fait des vélos», croit savoir Lisa. Il avait affirmé auprès du média local se faire «largement un smic avec» son activité de livreur et gagner «toujours autour de 50 euros par soir».

Pourtant, sa famille ne sait pas qu’il travaille car il ne souhaite pas «que ça devienne un problème pour eux ou qu’ils culpabilisent». «Ça ne me viendrait pas à l’idée de leur demander de l’aide», a assuré au journal le septuagénaire, qui a surtout déclaré s’occuper de son «épouse gravement handicapée» : «Mon objectif est de pouvoir lui acheter un fauteuil, un jour».

Cette dernière phrase tourne en boucle durant plusieurs mois dans l’esprit de Lisa. Elle évoque auprès de son copain l’idée de venir en aide à Pierre* et pense qu’«une cagnotte, ça marcherait trop».

La précieuse aide de YouTubeurs 

Le temps s’écoule et Lisa pense ponctuellement au vieil homme. Entre temps, le Covid, le confinement, les épreuves personnelles font que la jeune femme vaque à ses occupations. Jusqu’à ce soir où l'homme se retrouve en bas de sa fenêtre, dans sa rue.

Elle a donc décidé de passer à l’action et trouve de l’inspiration en entendant l’histoire «du boulanger de Besançon qui a fait grève pour conserver son apprenti sans papier et d’autres histoires de solidarité» : «je me suis dit que j’avais juste à lancer un truc sur Internet et que si ça marchait ça serait trop cool, et sinon, tant pis j’aurais essayé. J’ai donc créé la cagnotte vendredi en fin de journée».  

Elle poste alors un message sur ses réseaux sociaux comme Twitter ou Instagram. Elle ne compte qu’une centaine d’abonnés mais y croit. Lisa décide aussi d’écrire des messages privés à quelques comptes avec beaucoup plus de followers.

Et la magie prend forme. Des YouTubers, qui cumulent des centaines des milliers d’abonnés, répondent à l’appel de la jeune femme en recherche d’emploi. Ils relaient le message durant le week-end et la cagnotte prend son envol.

«Il faut qu’il reste chez lui le papy»

«L'un m’a répondu et en plus il a donné 100 euros. Il m'a dit qu’il allait en parler à des potes journalistes et je lui ai demandé de retweeter mon thread sur Twitter, car il a une grande communauté. Pareil avec un autre youtubeur qui est originaire de Montpellier». L’aide des YouTubeurs est précieuse, «à partir de là, ça ne s’est pas arrêté. J’ai reçu des notifications pendant 48 heures non-stop. Les gens ont retweeté, aimé, commenté et la somme n'a cessé de grimper», souligne Lisa.

Ce lundi matin, c’est Nikos Aliagas qui a retweeté son thread. La cagnotte a depuis dépassé la barre des 4.500 euros. «Il me suit, j’ai donc envoyé un message. Il l’a lu et il l’a partagé». Le tweet de la jeune femme comptabilise désormais plus de 2.000 retweets et autant de likes : «ça dépasse mes espérances, surtout que je ne tweete jamais, quand je le fais, ça fait des flops».

L'Héraultaise a multiplié les appels pour retrouver l’homme de 75 ans. «J’attends d’entrer en contact avec lui car si ça se trouve il va m’envoyer chier (sic) et me dire "mademoiselle, vous vous prenez pour qui vous vous prenez". A côté de ça, il a accepté que le Midi Libre fasse un article sur lui, c’est ce qui m’a aidée à me décider aussi. J’attends d’avoir ses coordonnées, de le contacter, de savoir de combien il aurait besoin. Là ça fixera un plafond».

Mardi soir, elle a appris que le vieil homme était en possession de son numéro. «Il devrait m'appeler très bientôt», a-t-elle partagé sur Twitter.

Lisa pourra alors avancer sur un objectif pour la cagnotte car le prix d’un fauteuil varie selon le type d’handicap : «ça peut être des sommes énormes, genre des dizaines de milliers d’euros». Aujourd’hui, la Montpelliéraine espère «l’aider et le rencontrer, savoir la suite».

Elle espère soulager le livreur de «son quotidien pendant quelques temps». «Qu’il arrête de faire du Deliveroo, c’est ça mon but. Il a l’âge de mon grand-père, ça m’a fait penser à lui direct. Ce n’est pas possible, il faut qu’il reste chez lui le papy», glisse-t-elle affectueusement.

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