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La semaine de Philippe Labro : Des larmes de joie, les armes du malheur

Les Bleus se sont imposés sur le fil face aux Gallois, samedi dernier, et espèrent l'emporter contre l'Ecosse ce soir. [Anne-Christine POUJOULAT / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 24 MARS

Pardon d’apparaître aussi superficiel si je tente de me détacher de ce mélange de lassitude, de morosité, d’inquiétude, d’exaspération qui gagne notre pays «covidé», mi-confiné, mi-déconfiné. Pardon, mais j’ai envie de me projeter vers un événement qui, je l’espère, apportera un peu de bonne humeur et de détente : le match de rugby de ce vendredi 26 mars entre la France et l’Ecosse. L’ultime possibilité de gagner le Tournoi des 6 Nations et, surtout, la perspective d’assister, de nouveau, au spectacle de l’inattendu offert par les Bleus nouvelle génération.

Ils étaient dominés contre le pays de Galles, l’autre jour – ils n’avaient pas plus de 36 % d’occupation du terrain. A la dernière minute, ils se trouvaient encore à 80 mètres des lignes adverses. Ils ont réussi à remonter, à travailler les rucks pour construire le scénario d’une belle passe en arrière, suivie de plusieurs passes et courses pour que le talentueux Brice Dulin marque l’essai de la victoire : 32 à 30 !

Ce genre de retournement, la joie quasi enfantine de ces athlètes s’embrassant et se congratulant, les visages décomposés des Gallois, qui avaient pourtant fourni un excellent match, l’envie de voir, revoir et revoir encore l’essai de la dernière seconde, tout cela, comme souvent avec le sport, a procuré une parenthèse de bonheur simple et de plaisir absolu. Sept millions de personnes ont vécu l’événement. Seront-elles aussi nombreuses pour le match contre l’Ecosse ?

JEUDI 25 MARS

Eh bien, voilà que tout recommence. En vérité, cela n’avait jamais cessé : les fusillades américaines, la sempiternelle et insupportable répétition d’un massacre. Dix morts, lundi, dans un supermarché de Boulder (Colorado). Quelques jours auparavant, le 17 mars, à Atlanta (Géorgie), trois autres fusillades, huit morts. Le Colorado, cet Etat que j’ai connu et aimé dans mes années de jeunesse, n’en est pas à son premier massacre. Est-ce un effet de contagion, un mimétisme pervers ? Une fatalité ? Le 20 avril 1999, dans le lycée de Columbine, douze élèves et un professeur tués, vingt-quatre élèves blessés. Vingt ans plus tard, en 2019, dans une autre école de la banlieue de Denver, un mort, plusieurs blessés.

Pourquoi le Colorado ? La vérité, c’est que tout l’Ouest américain est armé. La vérité, c’est que le problème des armes à feu n’a jamais été résolu. Joe Biden aura beau réclamer l’interdiction des fusils d’assaut – type AR-15, avec chargeurs à grande capacité –, il se heurtera aux républicains et au puissant lobby de la NRA. Avant lui, Clinton, Bush (un peu), Obama (beaucoup) avaient essayé de réduire ce danger permanent, d’éradiquer cette maladie nationale. Rien n’y a fait. Rien n’y fera, selon moi, jamais. Le fameux 2e amendement de la Constitution américaine ne sera jamais aboli : Il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes.

VENDREDI 26 MARS

Il y a un moment que je ne vous ai pas parlé de livres. Ils continuent de paraître, à un rythme effréné. Rarement le monde de l’édition aura été aussi dynamique et prolifique. Dans le désordre, je note : L’autobiographie de Manuel Valls, Pas une goutte de sang français (éd. Grasset) – le bandeau qui accompagne le livre rajoute : «Mais la France coule dans mes veines.» Un inédit qui va passionner les fer­vents admirateurs de Rainer Maria Rilke : Lettres à une jeune poétesse (éd. Bouquins). L’autoportrait de Pierre Nora, Jeunesse (éd. Gallimard). Une originale histoire vraie, signée Anne-Sophie Jahn, celle d’un amour entre le roi du reggae Bob Marley et une jeune femme, Pascaline Bongo : Bob Marley et la fille du dictateur (éd. Grasset), qui sortira le 7 avril.

Il n’y a pas beaucoup de fiction pure dans tout cet arrivage. Mais c’est le ton de l’époque : on raconte sa vie ou celle des autres. Pourquoi pas, puisque toute vie est un roman.

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