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Un nouveau «manifeste des 343» réclame l'allongement du délai de recours à l'IVG

En France, l'IVG médicamenteuse est possible jusqu'à la cinquième semaine de grossesse, et l'IVG chirurgicale, jusqu'à la douzième. [Manoocher Deghati / AFP]

12 semaines : c'est le temps dont disposent les Françaises pour avorter. Une période bien trop courte selon 343 personnalités, qui demandent aujourd'hui un allongement du délai de recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

«Je déclare avoir avorté. En France. A l'étranger. Au-delà du délai légal français», écrivent-elles dans une tribune publiée par Le Journal du Dimanche. Elles espèrent ainsi libérer la parole sur une réalité qui concernerait des milliers de femmes. 

Parmi les signataires, on retrouve la militante féministe Caroline De Haas, la chanteuse et actrice Vanessa Paradis, la politicienne Najat Vallaud-Belkacem ou encore l'actrice Isabelle Carré. Toutes s'inscrivent dans le sillage du «Manifeste des 343» publié en 1971, dans lequel 343 femmes déclaraient avoir avorté. Ce texte fêtera son cinquantième anniversaire ce 5 avril. Sa publication est une étape cruciale dans la légalisation de l'avortement en France, votée en 1975. 

l'ivg, «un droit à conquérir»

«De 1971 à 2021, d'un manifeste à l'autre, le droit à l'avortement est toujours un droit à conquérir», affirment les signataires. Elles expliquent que, même si beaucoup de progrès ont été faits depuis 1975, l'accès à l'IVG reste encore entravé.

En particulier par les délais légaux. En France, l'avortement peut être pratiqué jusqu'à la douzième semaine de grossesse. Au-delà, il est «conditionné aux médecins qui statuent alors sur la "nécessité médicale"» d'interrompre la grossesse. «Pour les femmes et les citoyennes, la liberté s'arrête là où commence le pouvoir médical», dénoncent les 343. 

Autre frein : la «situation socio-économique». «Les personnes concernées dotées de ressources pourront se rendre à l'étranger, dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d'avorter», décrivent les signataires. 

14 semaines au lieu de 12 ? 

Mais de nombreuses femmes n'ont pas la possibilité de se rendre à l'étranger. Elles sont alors «forcées à poursuivre une grossesse non désirée». Ces cas de figure se sont multipliés depuis le début de la crise sanitaire. Les délais de prise en charge d'un IVG sont généralement longs, ce qui conduit certaines femmes à dépasser la limite des douze semaines. A cause de la pandémie, les praticiens ont manqué et des centres IVG ont fermé, aggravant la situation. 

Une proposition de loi avait été déposée fin 2020 pour rallonger de deux semaines le délai légal. Les personnes souhaitant avorter disposeraient ainsi de 14 semaines pour le faire. Si la proposition a été adoptée par les députés, elle a été rejetée en bloc par le Sénat, en janvier 2021. Elle devrait être à nouveau débattue à l'Assemblée nationale. 

En France, l'IVG concerne 1 femme sur 3, et 210.000 avortements sont réalisés chaque année. 

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