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Moins de 1% des pères prennent un congé parental à temps plein après la naissance d'un enfant

Depuis la réforme du dispositif en 2015, les pères restent peu nombreux à avoir recours au congé parental. [Pixabay/skalekar1992]

La réforme du congé parental, qui date de 2015, avait pour ambition d'inciter les pères à cesser ou réduire leur activité professionnelle pour s'occuper de leur nouveau-né. Cinq ans plus tard, une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) montre que l'objectif n'est pas atteint : moins de 1% des pères prennent un congé parental à temps plein après une naissance.

Un chiffre bien loin des 25% que visait la réforme de 2015. Selon les données publiées par l'OFCE mercredi 7 avril, le taux de recours des pères au congé parental «n'a presque pas augmenté», passant de 0,5% à 0,8%, contre près de 14% pour les mères. Le congé à temps partiel ne fait pas beaucoup mieux en attirant 0,9% des pères d'un enfant (13,2% des mères) et 1,8% des pères de deux enfants ou plus.

La réforme de 2015 a modifié la durée et la répartition de l'allocation au sein du couple. Pour un premier enfant, le congé est passé de six mois à se partager, à six mois chacun. A partir du deuxième enfant, la durée du congé parental pour un même parent a été réduite à deux ans au lieu de trois. Les trois années peuvent être maintenues uniquement si les parents les répartissent entre eux. L'un des deux peut par exemple s'arrêter deux ans pour s'occuper de l'enfant avant de passer le relais à l'autre pour la troisième année.

Ces deux mesures devaient permettre de réduire les inégalités professionnelles entre parents, augmentées par l'arrivée d'un enfant. L'objectif était double : encourager les pères à avoir recours au congé parental et permettre aux mères de retourner plus rapidement sur le marché du travail. Sur ce dernier point, la réforme semble avoir amorcé une amélioration puisque l'écart de rémunération entre parents trois ans après la naissance de l'enfant a été réduit de 14%.

Les pères en revanche n'ont toujours que peu recours au congé parental. En guise d'explication, l'étude de l'OFCE pointe notamment le faible montant de l'indemnisation proposée. Pour un congé à temps plein, un parent ne perçoit que 399 euros par mois, quelle que soit sa rémunération antérieure.

Le congé parental marqué par un «biais de genre»

Cependant, il semblerait que ce point n'explique pas tout, puisque parmi les pères qui travaillaient déjà à temps partiel avant la naissance de l'enfant, seuls 30% demandent un congé partiel, contre 75% des mères dans la même situation. Pourtant, dans ce cas-là, le congé partiel n'a pas d'impact négatif sur la situation financière de la famille puisqu'il donne droit à une indemnité de 149 à 258 euros par mois, qui vient s'ajouter au revenu habituel généré par l'activité professionnelle à temps partiel.

Hélène Périvier et Grégory Verdugo, les auteurs de l'étude, avancent ainsi «un effet genré du congé parental». Il suggèrent que certains pères considèrent ce congé comme «une affaire de femme», ou même qu'ils sont «dissuadés» en voyant que les autres pères autour d'eux n'y ont pas recours. Il est également possible que les jeunes papas connaissent mal leurs droits.

Pour dépasser ces différents obstacles, l'enquête de l'OFCE estime qu'une «réforme plus ambitieuse» du dispositif français est nécessaire. Elle doit notamment passer par «une indemnisation calculée en proportion du salaire passé», comme c'est le cas ailleurs dans le monde, en Allemagne ou en Scandinavie par exemple.

Mais l'aspect financier n'incitera pas, à lui seul, les pères à s'approprier leur congé parental. Pour cela, il est nécessaire de dépasser «le biais de genre qui affecte ce dispositif», soulignent Hélène Périvier et Grégory Verdugo. Tous deux préconisent ainsi d'investir dans une large «campagne d'information et de sensibilisation» à destination des jeunes parents.

Une suggestion qui pourrait être entendue par le cabinet d'Adrien Taquet, secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et des Familles, actuellement en «réflexion» concernant une éventuelle réforme du congé parental.

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