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Covid-19 : faut-il vacciner les enfants ?

La vaccination des enfants est-elle nécessaire pour sortir de l'épidémie ? [©Philippe LOPEZ / AFP]

Pour l’heure, les enfants ne font pas partie des cibles prioritaires de vaccination dans l’Hexagone. Mais cette option pourrait être envisagée. Et pour cause, face à l’émergence des variants, immuniser les personnes mineures serait indispensable pour lever totalement les mesures de restrictions et revenir à la vie normale.

C’est en tout cas ce que suggère la dernière modélisation de l’Institut Pasteur publiée ce mercredi 7 avril. Selon celle-ci, il faudrait que 90% des adultes soient vaccinés pour atteindre l’immunité collective et stopper la circulation du SARS-CoV-2 et de ses variants, en sachant qu’au 11 mars, près de 3.604.650 personnes ont reçu deux doses de vaccin, soit 5.38% de la population. 

l’immunité collective

Mais en vaccinant les plus jeunes, ce pourcentage serait bien moins élevé. Si on administre le précieux sérum aux personnes de 0 à 64 ans, tout en continuant à vacciner massivement les plus de 65 ans, il suffirait d'atteindre 60 à 69% de cette population vaccinée, pour bloquer la circulation du virus, analysent les chercheurs. 

«Il faut envisager tout de suite la vaccination des enfants. Seule l’immunité collective nous permettra de reprendre la vie d’avant et de contrôler l’épidémie», confirme le professeur Yves Buisson, épidémiologiste et membre de l'Académie nationale de médecine. Si on ne vaccine pas les enfants, «il y aura toujours une circulation du virus». Même si les mineurs font moins de formes sévères, «leur vaccination est incontournable, elle va arriver tôt ou tard».

Avant d’envisager un quelconque élargissement, il faut cependant être certain de l’efficacité des vaccins chez les enfants, rappelle-t-il. Or pour le moment, faute de données suffisantes, le vaccin Moderna ne peut pas être administré aux sujets de moins de 18 ans et celui de Pfizer/BioNTech est autorisé pour les personnes âgées de 16 ans et plus.

«Ce que l’on souhaite savoir c’est si le vaccin est aussi efficace chez les enfants que chez les adultes et s’il est sans danger pour cette classe d’âge.» Ces études permettront également de savoir s’il y a «une posologie différentes dans le dosage». Chez les petits, «une seule dose pourrait par exemple être suffisante», précise-t-il. 

Pour le moment, «on doit attendre les conclusions des essais cliniques». Plusieurs études sont en cours et certaines ont déjà montré des résultats encourageants. Un essai clinique a notamment été mené aux Etats-Unis sur 2.260 adolescents par les laboratoires Pfizer et BioNTech. Et sur cette tranche d'âge, le vaccin a «démontré une efficacité de 100%» pour prévenir la maladie, ont indiqué les deux entreprises.

A la suite de la publication de ces données, l'alliance Pfizer/BioNTech a d’ailleurs déposé, ce vendredi 9 mars, aux Etats-Unis, une demande d'extension de l'autorisation en urgence de son vaccin contre le Covid-19 aux adolescents âgés de 12 à 15 ans. De son côté, la firme Moderna a annoncé, le 16 mars dernier, avoir lancé des essais cliniques sur des milliers d’enfants âgés de 6 mois à 11 ans, aux Etats-Unis et au Canada.

un débat trop prématuré

Mais même si plusieurs pays se préparent à vacciner les enfants, en France, la question ne se pose pas, estime de son côté l’épidémiologiste Martin Blachier. Selon lui, «le débat est beaucoup trop prématuré». Vacciner les enfants serait même «contre-productif».

«Prioriser des doses pour cette population n'est pas une bonne idée», estime-t-il. Aujourd’hui, «la priorité n’est pas de vacciner les enfants, mais les personnes vulnérables. Il faut protéger chaque personne de la société qui risque de faire une forme grave, pour leur santé, mais aussi désengorger les hôpitaux», explique le spécialiste, soulignant que «d’autres modélisations ont montré que la vaccination des plus jeunes n’est pas une bonne stratégie».

Si on vaccine au maximum les personnes âgées de plus de 18 ans, «je ne vois pas ce que la vaccination des enfants peut apporter. Je ne pense pas que les infections des plus jeunes puissent suffire à relancer l’épidémie si tous les adultes sont couverts». Pour Martin Blachier, «la vraie question est de savoir si on va vraiment atteindre l’immunité collective, et comment on peut encourager davantage d’adultes à se faire vacciner».

Se demander s’il faut ou pas administrer le sérum aux enfants, «c’est une interrogation de fin de course». Actuellement, conclut l'épidémiologiste, «l'important est de gérer le déconfinement du pays le plus vite possible avec les autotests, la mise en place des différents protocoles, l’impact du variant britannique, en suivant le calendrier vaccinal, et en prenant en compte l’effet potentiel de l’été».

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