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Enlèvement de Mia : ce que l’on sait des ravisseurs

L'affaire de la jeune Mia, retrouvée le 18 avril dernier après avoir été enlevée par trois hommes à la demande de sa mère, a connu, ce dimanche 30 mai un important rebondissement. Rémy Daillet, soupçonné d'être le «gourou» des ravisseurs de la fillette, a été arrêté en Malaisie.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, l'homme, âgé de 54 ans, a été arrêté la veille, samedi 29 mai, par la police locale.

Cet ancien membre du MoDem aurait «joué un rôle clé dans l’organisation de l'enlèvement et aurait fourni les coordonnées de l'accueillante de la mère et de l’enfant à Neuchâtel», avait dit à l'époque des faits, François Pérain, le procureur de la République de Nancy.

Décrit comme «complotiste», «anti-5G», «anti-masque» et proche du mouvement QANon, Rémy Daillet avait trouvé refuge en Malaisie. Mais l'homme aurait toutefois été arrêté en raison de sa situation irrégulière sur le sol malaisien. Son arrestation n'a donc pas de lien avec l'enlèvement de Mia et le mandat d'arrêt international.

Néanmoins, il peut désormais être expulsé vers la France par les autorités malaisiennes pour séjour irrégulier, ou bien extradé, sachant que cette procédure sera beaucoup plus complexe. La France et la Malaisie n'ont pas de traité d'extradition, et cette procédure serait par ailleurs impossible si l'homme est accusé d'un délit de nature «politique» dans le droit malaisien.

Concernant les cinq autres individus qui avaient été interpellés en avril, trois sont soupçonnés d’avoir directement participé au rapt de l’enfant. Ils avaient indiqué avoir agi à la demande de la mère, Lola Montemaggi, qui n’avait plus de droit de garde sur sa fille. Ils auraient été contactés via Internet, avait alors indiqué le procureur de la République.

«A la manière d'Arsène Lupin»

Agés de 23 à 60 ans et sans antécédents judiciaires, ces individus avaient été respectivement arrêtés à Paris, aux Lilas (Seine-Saint-Denis), en Meurthe-et-Moselle et en Seine-et-Marne. Selon le procureur, ils avaient longuement préparé leur action, à la manière de militaires, allant jusqu'à la nommer «Opération Lima» et à se donner des surnoms, comme «Pitchoun», Le Corbeau, ou encore «Jeannot». 

Chez l’un d’eux avait été découvert le «script d'un discours à tenir devant la grand-mère de Mia pour se faire passer pour un éducateur». Ils s’étaient en effet présentés comme des membres de la Protection judiciaire de la jeunesse en se rendant chez la grand-mère de la jeune fille pour l’enlever (elle en avait la garde).

L’homme chez qui ce document avait été retrouvé, âgé de 58 ans, s'était décrit devant les enquêteurs comme une «personne dissidente» et «résistante à la barbarie de ce système», «fier» de ce qu'il avait fait «à la manière d'Arsène Lupin», a informé le procureur. Chez un autre, «des éléments susceptibles d'entrer dans la composition d'explosifs étaient découverts». Il avait expliqué aux enquêteurs avoir agi «dans le but de sauver la vie de l'enfant» même s'il avait admis avoir «peut-être été manipulé».

Mouvance survivaliste et considérés comme dangereux

«Plutôt insérés socialement», pas connus de la justice, ils s'étaient rencontrés via les réseaux sociaux et partagent «une même communauté d’idées» : contre l’Etat et la «dictature sanitaire» (un faux certificat pour échapper à la vaccination a été retrouvé chez l'un d'eux), ils pensaient que les enfants placés par les services de protection doivent être récupérés et rendus à leurs parents.

Leur appartenance à la mouvance survivaliste était avérée par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), qui suivait leur profil. La plaque d’immatriculation de la voiture qu’ils avaient utilisée était notamment enregistrée dans la base de données des services de renseignement, ce qui avait permis de les arrêter. Le Parquet national antiterroriste avait également un dossier les concernant. «Ils évoquaient pêle-mêle les institutions, l'Elysée, des centres de vaccination, des centres de finances publiques, des bâtiments administratifs...» comme cibles potentielles, a précisé une source proche de l'enquête.

Ils étaient également proches de thèses de l’ultra-droite. Jugés dangereux, c’est cet aspect qui avait poussé les autorités à stopper l’alerte enlèvement, pour protéger de potentiels témoins.

La quatrième personne interpellée, un homme de 43 ans, est soupçonnée d’avoir participé à la préparation de l’enlèvement mais pas à l’expédition. 

Enfin, un dernier homme, un ressortissant français vivant en Suisse qui avait pris en charge Mia et sa mère une fois la frontière passée, avait été également interpellé.

Quant à Rémy Daillet, soupçonné donc d'être l'«animateur» présumé de la «mouvance» anti-système des ravisseurs, il est devenu une figure du mouvement complotiste. Il se prononce ouvertement contre la 5G et pour la sortie de la France de l'Europe. Plus récemment, il s'est opposé au port du masque qu'il juge «inutile», ainsi qu'au confinement.

Décrit comme quelqu'un d'«extrême», «mythomane» et «mégalomane», l'homme avait fini par être exclu du MoDem en Haute-Garonne, dont il avait pris la tête dans les années 2000. Il avait poursuivi son combat sur les réseaux sociaux, et s'était prononcé notamment sur la «fin du placement abusif d'enfants». Il défendait le principe de l'école à la maison, en rupture avec l'Education Nationale.

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