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Masques : qu'est-ce que le graphène, ce matériau potentiellement dangereux ?

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a porté des masques contenant du graphène. [STEPHANIE LECOCQ / POOL / AFP]

Début avril, quatre ONG ont adressé une lettre à la Commission européenne afin de défendre l'application d'une réglementation de précaution concernant le graphène. Cette substance est en effet utilisée dans la fabrication de certains masques mis en vente sur le marché européen. Qu'est-ce que ce nanomatériau ? Est-il vraiment dangereux ?

Plusieurs organisations (Center for International Environmental Law (CIEL), ETC group, Health Care Without Harm et Women Engage for a Common Future) ont appelé l'exécutif européen à la vigilance dans un document transmis le 6 avril dernier. Dans leur ligne de mire : le graphène, une substance potentiellement toxique contenue dans certains masques. 

«Nous demandons à la Commission de prendre des mesures urgentes. Autoriser la mise sur le marché de masques non évalués et potentiellement dangereux a de graves conséquences sur la santé et peut dangereusement ébranler la confiance du public dans le port de masques», ont-elles prévenu. 

Un nanomatériau aux nombreuses qualités

Le graphène, «ce feuillet de carbone aussi fin qu’un atome» - comme le qualifiait le CNRS en 2014 sur son site - est à la fois ultra-léger, ultra-résistant, ultra-conducteur et ultra-imperméable. «Meilleur conducteur que le cuivre, deux cents fois plus résistant que l’acier mais six fois plus léger, flexible, imperméable : sur le papier, le graphène est premier dans toutes les catégories», résumait l'article du centre de recherche. Très prisé des industries aéronautique et électronique, le graphène a aussi démontré des propriétés antivirales, comme le rapportait cette étude publiée en août 2020. C'est d'ailleurs ce qui a encouragé des entreprises à intégrer le matériau dans leurs masques. 

Retrait du marché au Canada

Mais, au Canada, les masques fabriqués avec du graphène ont été rappelés le 26 mars dernier. En cause, des symptômes respiratoires et dermatologiques décrits par plusieurs enfants dans des écoles du Québec où ce type de masques avait été distribué. Le ministère de la Santé canadien a publié un second avis le 2 avril dans lequel il faisait état d'«une toxicité pulmonaire précoce chez les animaux» causée par l'inhalation de particules de graphène.

«Cependant, l'inhalation potentielle de ces particules par les humains via les masques, et les risques pour la santé associés, ne sont pas enconre connus», écrivait aussi le gouvernement. Face à ces doutes, les autorités canadiennes ont opté pour le principe de précaution en retirant ces produits du marché. 

Similaires aux nanotubes de carbones ?  

Comme les nanotubes de carbone, le graphène est composé de feuillets carbonés. «Ces feuillets d’atomes de carbone ne sont pas fondamentalement différents des nanotubes de carbone, auxquels d’importantes études, dont on peut s’inspirer, ont été consacrées par le passé», expliquait ainsi Alberto Bianco, directeur de recherche à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire auprès du journal du CNRS en 2015.

Or la toxicité des nanotubes, « lorsqu’ils étaient d’un certain type et dépassaient une certaine taille», a été démontrée par plusieurs travaux, peut-on lire dans la publication scientifique. 

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