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Policiers brûlés à Viry-Châtillon : pourvoi en cassation de 3 condamnés

Le verdict a été dénoncé comme trop clément par les syndicats de policiers.[Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Trois hommes condamnés dimanche en appel à 18 ans de réclusion pour avoir attaqué et brûlé des policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016 se sont pourvus en cassation, alors que la défense dénonce une enquête tronquée et met en cause la véracité de certains procès-verbaux.

Au terme de six semaines de procès à huis clos, la cour d'assises des mineurs de Paris avait déclaré, dans la nuit de samedi à dimanche, cinq des 13 accusés coupables de tentative de meurtre sur des policiers à Viry-Châtillon en 2016.

Trois d'entre eux ont été condamnés à 18 ans de réclusion, l'un de 8 ans et le dernier de 6 ans d'emprisonnement. Les trois premiers se sont pourvus en cassation.

Ce verdict a été dénoncé comme trop clément par les syndicats de policiers, les avocats des victimes et de nombreux responsables politiques, même si la défense proteste contre la probité de l'enquête.

«C'est une erreur judiciaire, on a mis des innocents en prison car il fallait des noms à tout prix», regrette Sarah Mauger-Poliak, avocate d'un jeune acquitté à deux reprises. Selon la défense, les interrogatoires auraient été mal retranscrits, à la défaveur des accusés.

«UNE ENQUÊTE DÉLOYALE»

Ces critiques ont fait réagir le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux qui a pris la défense des enquêteurs. «Je les soutiens de toutes mes forces quoi qu'il arrive et quoi qu'on dise. Je les défends et je les défendrai», a-t-il déclaré mercredi.

Plusieurs avocats affirment qu'un témoin central, qui était mis en cause au début de l'enquête, a expliqué à la barre, lors du procès en appel à huis clos, qu'il souffrait d'une addiction à la codéine et que lors de sa garde à vue, il était «en manque» et avait eu une «crise de panique».

Cet élément ne figurait pas dans le dossier, selon les avocats de la défense. A la barre, le témoin aurait reconnu avoir «dit de la merde pour se sortir de la merde». Il n'avait pas été entendu en première instance, à Évry en 2019.

«Sur le procès verbal, on a l'impression que le témoin désigne mon client de manière directe. Mais sur la vidéo (de la garde à vue à laquelle les avocats ont eu accès, ndlr), on voit qu'il ne fait qu'acquiescer aux questions des policiers», explique le conseil d'un jeune homme qui a bénéficié de deux acquittements. «Mon client a fait 34 mois de détention provisoire sur la base d'une enquête déloyale. En première instance, le parquet avait même requis 30 ans contre lui», ajoute-t-il.

Frédérick Petipermon, avocat d'un des accusés qui se pourvoit en cassation, a indiqué avoir déposé une plainte contre les enquêteurs auprès du parquet d'Évry pour «faux et usage de faux». Contacté, le parquet a précisé n'avoir pas encore reçu la plainte.

Une partie de la classe politique dénonce un verdict léger

D'autres avocates, Sarah Mauger-Poliak et Yaël Scemama, ont également exprimé leur intention d'attaquer les enquêteurs en justice. «Les policiers ont transmis 15 pages d'audition de mon client aux magistrats quand ils auraient dû en transmettre 245», affirme Mauger-Poliak, confirmant des informations révélées mercredi par Médiapart. «Ses propos où ils mettaient formellement hors de cause un autre acquitté ont disparu», appuie-t-elle.

Un des jeunes acquittés dimanche a déclaré à Médiapart que les enquêteurs «ne cherchaient pas les coupables mais des coupables».

A l'inverse, une partie de la classe politique a dénoncé un verdict léger et des propos prêtés à l'avocat général qui avait requis 12 peines allant de 12 à 25 ans de réclusion et un acquittement.

Dans un entretien au Figaro dimanche, Thibault de Montbrial, avocat d'une victime, avait assuré que l'avocat général avait dit aux accusés «qu'ils constituaient à ses yeux "une richesse pour le pays"». Une déclaration qui a suscité de nombreux commentaires à droite et à l'extrême droite, notamment de Valérie Pécresse et Marine Le Pen.

La procureure générale de Paris Catherine Champrenault a dénoncé mercredi une «tentative de déstabilisation de l'institution judiciaire» et a regretté la diffusion de «propos erronés».

«La déformation publique, parcellaire et trompeuse, des propos d'un magistrat, par des personnes manifestement animées d'une intention de nuire et dont certains n'ont pas assisté aux débats, constitue une nouvelle tentative de déstabilisation de l'institution judiciaire», a-t-elle écrit dans un communiqué.

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