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Covid-19, cluster, confinement... Les mots de la pandémie ont contaminé le Petit Larousse

L'édition 2022 du Petit Larousse illustré intègre 170 nouveaux mots, contre 150 les autres années, notamment à cause du coronavirus. [CNEWS]

Le Petit Larousse c'est plus de 63.800 mots, 125.000 sens et 28.000 noms propres. Cette année, l'édition 2022 du dictionnaire intègre 170 nouveaux mots, contre 150 d'ordinaire. Un bouleversement nécessaire pour pouvoir rendre compte du vécu des Français en cette période de pandémie.

Pour Bernard Cerquiglini, professeur de linguistique et conseiller scientifique du Petit Larousse illustré, la lutte contre le coronavirus s'est d'abord jouée au niveau de la langue. «Le français devait disposer d'un lexique médical précis en vue du diagnostic, des soins, de la protection, écrit-il. [...] Une population entière, en effet, se protège en partageant des connaissances, des objectifs, des pratiques ; ce partage commence par les mots».

Il estime que pour cette nouvelle édition, «la langue générale» s'est enrichie d'«un vocabulaire jusqu'alors réservé aux spécialistes». Ainsi, le Petit Larousse illustré compte désormais des termes médicaux, tels que Covid-19, SARS-CoV-2 ou cluster mais aussi des mots liés au numérique, comme le VPN, cet outil qui permet au télétravailleur d'accéder à un réseau professionnel depuis son domicile.

La crise sanitaire a également mis en lumière des termes qui faisaient déjà partie du dictionnaire mais dont l'usage était jusqu'ici peu fréquent dans le langage courant. Bernard Cerquiglini cite notamment «asymptomatique, comorbidité, confinement, coronavirus, hydroalcoolique, incubateur, intubation, pandémie, PCR, respirateur».

Leur soudaine entrée dans la «conversation quotidienne» a, dans certains cas, fait évoluer leur sens. Ainsi, l'adjectif asymptomatique, qui ne pouvait jusqu'ici qualifier qu'une maladie, «se dit désormais d'une personne». De même, «le confinement n'est plus seulement une précaution en matière de centrale nucléaire ; il est un confinement sanitaire, conduite imposée à une population, invitée à se protéger».

Des mots adaptés ou créés de toutes pièces

Confrontés à des situations inédites, les Français ont adapté leur langue pour y répondre. Ces créations de nouveaux sens peuvent prendre la forme de locutions, c'est à dire de groupes de mots formant une unité de sens. Ainsi l'attestation est dérogatoire, les gestes sont barrières et «la distanciation est devenue physique».

D'autres fois, les mots existants sont repensés : la quarantaine, peu adaptée à la réalité du coronavirus, est devenue quatorzaine. Le confinement s'est changé en déconfinement puis en reconfinement et le télétravail, qui figurait déjà dans le dictionnaire, a été décliné en verbe : télétravailler. Certains nouveaux mots ont encore été créés de toutes pièces, directement dérivés du coronavirus. Ainsi, «les corona bonds des emprunts européens» et «les coronapistes ouvertes en ville aux cyclistes entrent au Petit Larousse».

Même si la crise sanitaire est d'envergure internationale, la langue française a su résister à la pression des anglicismes. Le cluster est entré dans le langage courant mais il n'éclipse pas le foyer de contagion, le traçage supplante le tracking dans le dictionnaire et, selon l'équipe du Petit Larousse, le cliqué-retiré fait bonne figure face au click and collect.

Enfin, en s'appliquant à répertorier le vocabulaire de la pandémie, le dictionnaire ne pouvait pas passer à côté du principal débat linguistique de cette crise sanitaire : le ou la Covid-19 ? Le Petit Larousse reprend les explications de l'Académie française, selon lesquelles l'acronyme Covid est dérivé de «coronavirus disease» en anglais, soit la maladie du coronavirus, au féminin. Mais bien que «fondé», ce rappel des immortels est jugé un peu tardif, survenu alors que le masculin était déjà répandu. Si bien que le dictionnaire a décidé de proposer les deux genres, laissant à l'usage le soin de trancher.

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