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Adama Traoré «violeur» : décision de justice ce lundi pour le policier accusé de diffamation et d’injure publique

Une des multiples affaires dans l'affaire. [THOMAS SAMSON / AFP]

Il avait qualifié Adama Traoré de «violeur». Le tribunal de Bobigny doit rendre sa décision ce lundi 10 mai suite à une plainte contre un policier pour injure et diffamation de la part de la famille de l'ancien délinquant, décédé en 2016.

Une amende de 1.000 euros avec sursis a été requise il y a un peu moins d’un mois contre le fonctionnaire. Les faits remontent au 22 juillet 2017, lorsque l’agent, qui opérait sur le réseau ferroviaire francilien et effectuait un contrôle sur un passager n’ayant pas de titre de transport, avait été insulté et malmené par une demi-douzaine de militants du collectif Justice pour Adama.

L'une d’entre eux, qui se rendait à une marche blanche à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) en mémoire du jeune homme, avait invectivé le policier en lui montrant le tee-shirt du collectif qu’elle portait et en lui demandant s’il savait pourquoi elle était dans le train. Il lui avait répondu que oui, en expliquant qu’Adama Traoré était un «repris de justice» et un «violeur». La scène, filmée, avait été diffusée sur les réseaux sociaux.

Une plainte pour agressions sexuelles déposée deux mois avant sa mort

En mai 2016, un ancien codétenu d’Adama Traoré avait porté plainte à son encontre, pour agressions sexuelles. Il avait notamment affirmé avoir dû lui pratiquer des fellations, alors qu’il le menaçait avec une fourchette. Si l’enquête a été classée sans suite à la mort de l’accusé (deux mois après la plainte), la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI) de Pontoise a indemnisé l'ancien codétenu en mars 2020, pour le préjudice subi. «La matérialité des infractions d’agressions sexuelles dénoncées doit être considérée comme établie», avait-elle estimé, sans pour autant aborder la question de l'auteur du préjudice qu'elle a réparé.

La famille d’Adama Traoré a toujours nié ces accusations et porte plainte systématiquement contre ceux qui les relaient publiquement, décrit l’AFP.

«Devoir de réserve»

A la barre, en avril dernier, le policier a dit avoir parlé «sous le coup de l'énervement». «Je voulais les informer (...), je savais que son ex-codétenu avait déposé plainte contre lui», a-t-il affirmé, expliquant avoir entendu les faits à la radio «quelques mois auparavant».

Le procureur Loïc Pageot lui a reproché de n'avoir «pas respecté son devoir de réserve». «Quand on est dépositaire de l'autorité publique, on n'a pas à être pour ou contre, on ne représente pas un camp mais la République et ses lois», a-t-il expliqué. Il a ainsi requis une amende de 1.000 euros avec sursis, tout en s'interrogeant sur la recevabilité de la plainte pour injure et diffamation déposée par la famille d'Adama Traoré, puisqu’en matière d'injure à la mémoire des morts, seuls les héritiers légaux sont légitimes à intenter une action en justice.

Il s’agit là d’une des multiples affaires qui entourent la mort d’Adama Traoré. Sa sœur Assa est elle aussi poursuivie pour diffamation, après avoir publié un texte sur Facebook où elle accuse les gendarmes d’avoir tué son frère, en citant publiquement leurs noms. L’audience s’est tenue la semaine dernière et la décision sera rendue le 1er juillet.

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