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Adama Traoré «violeur» : le policier poursuivi pour diffamation relaxé

Une manifestation du collectif Justice pour Adama, en juillet 2017. [Bertrand GUAY / AFP]

Attaqué par la famille d’Adama Traoré pour l’avoir qualifié de «violeur», un policier a été relaxé ce jeudi par le tribunal de Bobigny.

La décision s’est basée sur le fait qu’en droit, seuls les héritiers légaux sont légitimes à intenter une action en justice pour injure ou diffamation à la mémoire des morts, rapporte l'AFP. Or, lorsque le policier avait qualifié l’ancien délinquant, mort en 2016, de «repris de justice» et de «violeur», le 22 juillet 2017 dans un train face à des militants du collectif Justice pour Adama qui venaient de le prendre à partie, il «ne s'adresse (pas) à un quelconque héritier d'Adama Traoré» et ne pouvait supposer que ses propos étaient filmés et seraient diffusés, a estimé le tribunal. Il a également précisé que les documents transmis par la famille de l’homme décédé à 24 ans étaient «insuffisants» à établir leur lien d'héritiers.

A l'audience, le 15 avril dernier, le procureur s'était d'ailleurs interrogé sur la recevabilité de la plainte pour ces mêmes motifs. Il avait toutefois requis une amende de 1.000 euros avec sursis à l'encontre du policier, lui reprochant de n'avoir «pas respecté son devoir de réserve».

Des propos liés à la plainte d'un ancien codétenu

Le tribunal a par ailleurs estimé jugé qu'«aussi contestables» soient les propos tenus par ce fonctionnaire de 45 ans au regard de la déontologie, «l'intention de nuire n'est pas établie».

Présente sur place, Assa Traoré, militante contre les violences policières depuis la mort de son frère, n'a pas souhaité commenter cette décision dans l'immédiat.

Les propos du policier se rapportent à la plainte portée en mai 2016 par un ancien codétenu d’Adama Traoré, pour agressions sexuelles. Il avait notamment affirmé avoir dû lui pratiquer des fellations, sous la menace d'une fourchette. Si l’enquête a été classée sans suite à la mort de l’accusé (deux mois après la plainte), la Commission d'indemnisation des victimes d'infractions (CIVI) de Pontoise a indemnisé l'ancien codétenu en mars 2020, pour le préjudice subi. «La matérialité des infractions d’agressions sexuelles dénoncées doit être considérée comme établie», avait-elle estimé, sans pour autant aborder la question de l'auteur du préjudice qu'elle a réparé.

La famille d’Adama Traoré a toujours nié ces accusations et porte plainte systématiquement contre ceux qui les relaient publiquement, décrit l’AFP.

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