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À Paris, le difficile accompagnement des mineurs isolés

De la Goutte d'Or au Trocadéro, ces mineurs isolés sont souvent livrés à eux-mêmes dans les rues de la capitale. De la Goutte d'Or au Trocadéro, ces mineurs isolés sont souvent livrés à eux-mêmes dans les rues de la capitale. [© JOEL SAGET / AFP]

Alors que la France a annoncé avoir trouvé un accord avec le Maroc au sujet du rapatriement des mineurs isolés marocains, présents en nombre dans la capitale, l'accompagnement de ces jeunes reste une problématique sur le territoire.

Le roi du Maroc a récemment espéré «régler définitivement» le problème des mineurs marocains en situation irrégulière présents sur le territoire français, et en plus grand nombre, à Paris. Cette semaine, le ministère des Affaires étrangères a même souligné la «volonté commune» du Maroc et de la France de «traiter au mieux cette question difficile».

Dans un «esprit de confiance et de partenariat» selon le Quai d'Orsay, les deux pays souhaitent travailler main dans la main pour trouver une solution pérenne. De son côté, le Maroc a salué la «coopération modèle» avec la France, avec un dialogue «basé sur le respect mutuel». Mais la réalité du terrain est toute autre.

«L'indifférence des pouvoirs publics»

Difficile à approcher, ces jeunes en déshérence font peu confiance aux inconnus, et ne souhaitent que très rarement entrer dans un système de prise en charge et d'aide à l'enfance. L'été dernier, un campement d'une centaine de ces mineurs – originaires du Maroc certes, mais aussi d'Algérie, du Mali ou encore de Côte d'Ivoire – avait été installé près de la place de la République.

L'association Médecins sans frontière (MSF) avait alors dénoncé «l'indifférence des pouvoir publics», alors que le campement était resté plus de trois semaines, sans que personne ne propose de solution pérenne, notamment en termes d'hébergement. Pourtant, la loi est claire à ce sujet en France : toute personne mineure – étrangère ou non – doit être protégée.

Et cette protection revient aux départements, dont la compétence est de les accompagner jusqu’au rendu d’une décision judiciaire définitive sur leur situation. Celle-ci doit comprendre, selon MSF, «un hébergement adapté à leur vulnérabilité ainsi qu’un accompagnement éducatif, sanitaire et social».

Mais il est parfois trop tard, et de la Goutte d'Or (18e), au nord de la capitale, jusqu'aux quartiers chic du Trocadéro (16e), ces jeunes se retrouvent à la rue, où ils sont obligés de devenir de petits délinquants pour s'en sortir ou tombent dans la drogue. C'est d'ailleurs ce que décrit un récit du Monde publié ce vendredi 4 juin, qui relate comment une équipe de pédo-psychiatre de l'hôpital Debré à Paris tente de «réparer ces enfants».

Souvent accros à un anxiolytique puissant, commercialisé sous le nom de Rivotril, dont l'utilisation à long terme présente un risque de dépendance très élevé, certains peinent en effet à décrocher. «L’idée est de se substituer à leur dealeur et de les ramener petit à petit vers le droit commun», explique au Monde la psychiatre Emmanuelle Peyret, cheffe d'une unité spécialisée en addictologie des enfants.

Vers l'ouverture de structures sur mesure ?

Un constat également réalisé par les élus de terrain. Il y a plus de 6 mois, le maire du 18e arrondissement de Paris, Eric Lejoindre, avait écrit au gouvernement pour réclamer notamment la création «de structures sur mesure pour accompagner ces jeunes et les extraire d'un milieu qui les détruit».

Déterminé à obtenir l'aide de l'Etat, Eric Lejoindre avait alerté les ministres de la Santé, de l'Intérieur, et de la Justice sur cette question. «Nous faisons face depuis maintenant 4 ans à la présence de jeunes étrangers isolés poly-toxicomanes et délinquants ayant fait de La Goutte d'Or leur territoire», avait-il déploré dans ce courrier, plaidant pour «la mise en place de dispositifs de soins renforcés [...] désormais indispensables». 

Plusieurs mois plus tard, force est de constater que ces structures, pourtant indispensables, n'ont toujours pas vu le jour. Du côté de la municipalité parisienne, qui assure que «l'accueil et l’accompagnement des mineurs non accompagnés (MNA) est une priorité», on souligne qu'un nouvel appel à projet sera lancé, alors qu'un premier – désormais clos – vise à la création d’un abri de nuit collectif d’environ 12 places.

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