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Paris : après ceux du 20e, les riverains du 10e s'inquiètent de l'arrivée de nouvelles «salles de shoot»

Ce week-end, des manifestations contre l'ouverture de nouvelles salles de consommation ont eu lieu à Paris. Ce week-end, des manifestations contre l'ouverture de nouvelles salles de consommation ont eu lieu à Paris. [© THOMAS COEX / AFP]

Plusieurs mobilisations de riverains ont été organisées ce week-end à Paris contre l'ouverture de nouvelles salles de consommation à moindres risques (SCMR) à destination des consommateurs de crack. Dans le 20e, où le projet de l'installation d'une salle de soins pour toxicomanes divise, mais aussi dans le 10e.

La mobilisation de riverains et d'élus d'opposition était en train de monter dans le 10e arrondissement ce week-end, pour dénoncer la possible prochaine ouverture de deux nouvelles salles de consommation à moindres risques (SCMR). Et même si le projet n'a absolument rien d'officiel, les riverains sont d'ores et déjà vent debout pour éviter qu'il ne devienne réalité.

La cause de leur courroux ? Le courrier de la maire de Paris, Anne Hidalgo, envoyé au Premier ministre, Jean Castex, le 30 août dernier, au sujet des «problématiques relatives à la toxicomanie de rue». Dans ce courrier, l'édile parisienne propose au chef du gouvernement «4 solutions» pour mieux accompagner les toxicomanes en grande déshérence qui vivent principalement dans le nord-est parisien.

Vers l'ouverture de deux nouvelles SCMR ?

Parmi elles, l'élue socialiste explique que «deux sites dans le quartier des Grands Boulevards» – sans en donner l'adresse – ont été «identifiés» pour «accueillir des espaces intégrés de prise en charge pour sortir les usagers de crack de la rue». Et de préciser que l'un des deux sites en question pourrait être «opérationnel avant la fin de l'année».

Un projet qui inquiète particulièrement les riverains, qui dénoncent l'ouverture d'une deuxième SCMR dans un arrondissement qui en compte déjà une et qui craignent de voir le problème de consommation de rue se déplacer dans leur quartier. Ensemble, ils ont lancé une pétition sur change.org, disant «non à la multiplication des salles de shoot dans le 10e».

Une pétition, signée par près de 400 personnes ce dimanche après-midi, dans laquelle ils expriment leur colère face à un projet pour lequel ni «riverains, collectifs, associations et élus» n'ont «été consultés, ou même informés», et ce, alors qu'il s’agit, selon eux, «d’infrastructures déjà connues pour avoir des effets délétères sur la sécurité et le quotidien des riverains». Fustigeant un «déni de démocratie participative», ils ne veulent pas voir le 10e «devenir l’arrondissement des salles de shoot et des centres d'accueil pour les toxicomanes».

Et de citer la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui demande à ce que «chacun prenne sa part», pour contester qu'il existe déjà une SCMR dans le 10e ainsi que «3 Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD) sur les 11 qui existent à Paris», «2 unités mobiles CAARUD qui stationnent à Stalingrad, Gare de l’Est, Gare du Nord, Château Landon et La Chapelle», ainsi qu'«un centre de soins et d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA)».

A leur côté, l'élu LR Bertil Fort, membre du groupe Changer Paris au Conseil de Paris et proche de Rachida Dati, a écrit un courrier à la maire du 10e arrondissement, lui demandant «de communiquer les emplacements exacts [...] retenus avec la maire de Paris», mais aussi «de dire laquelle des deux salles a été identifiée comme opérationnelle d'ici à la fin de l'année» et enfin, «d'organiser un débat sur le sujet» au prochain conseil d'arrondissement prévu le 28 septembre prochain. Une lettre restée sans réponse à ce jour. 

«Aujourd'hui, j'ai le sentiment que tous les arrondissements ne prennent pas leur part», explique l'élu, qui estime que le nord-est parisien ne doit pas être «condamné à accueillir toutes les salles de consommation» de la capitale. De plus, selon lui, «le 10e prend déjà sa part» et il y a maintenant «un sentiment de trop plein pour la population» qui souffre déjà, selon lui, des problèmes de «trafic», de «prostitution» et de «saleté». Et de conclure : «je suis convaincu que l'ouverture de deux nouvelles salles ne va pas permettre d’améliorer la situation».

Un espace de repos envisagé

Interrogée à ce sujet, Alexandra Cordebard, la maire socialiste du 10e arrondissement, a assuré que l'ouverture d'une nouvelle salle de consommation à moindres risques (SCMR) n'y était «pas envisagée, ni même à l'étude». Loin d'exclure d'ouvrir de nouveaux centres d'accueil pour toxicomanes, tels qu'«il en existe déjà une trentaine dans le 10e», l'élue explique quand même qu'il existe «différents formats» de lieux de prise en charge, dont certains n'ont rien à voir avec des salles de consommation.

Par exemple, dans le 10e «qui a en effet déjà pris sa part», c'est un «lieu de repos» qui pourrait voir le jour dans le quartier Bonne Nouvelle, «dans un espace repéré en sous-sol» et qui pourrait être «géré par l'association Charonne», assure la maire. Et de détailler : ce sera «ni un dortoir, ni une maison de vacances, mais un lieu d’accueil qui permet de fabriquer une sortie de la rue, et proposer une prise en charge sanitaire et sociale».

Pour autant, cette proche d'Anne Hidalgo est catégorique : le courrier de la maire de Paris daté du 30 août était loin d'être «un programme» et faisait uniquement état «de différentes propositions qui n'ont pas forcément vocation à toutes devenir réalité». Et d'ajouter : «Anne Hidalgo a fait un sacré travail pour identifier des lieux, maintenant, nous voulons que l'Etat prenne ses responsabilités face à cet enjeu de santé publique».

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