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L'édito d'Eugénie Bastié : «les écolos se débarrasseront-ils du gauchisme culturel ?»

Dans son édito de ce 15 septembre, Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, revient sur la primaire écologiste dont le premier tour se tiendra jeudi.

Même si Anne Hidalgo rêve de l’élection de Sandrine Rousseau ce qui lui permettrait de se tailler la part du lion à gauche, il semble plus probable que Yannick Jadot l’emporte demain. Est-ce à dire que les écolos français seraient devenus plus raisonnables ? Rien n’est moins sûr. Même si Yannick Jadot est élu aux primaires, il y a encore du boulot pour donner aux verts français une véritable culture de gouvernement.

Il n’y a qu’à se rendre sur leur site, où est exposé leur projet pour 2022, pour s’en convaincre. Passons sur l’idée de «s’affranchir de l’énergie nucléaire», dogme des écolos depuis 40 ans, en total inadéquation avec la volonté de sauver le climat à court terme. Tous les ingrédients du gauchisme culturel sont réunis dans ce programme écrit en écriture inclusive, bien entendu. Ainsi, au volet éducation, on prône une «école ouverte et inclusive», où il faut en finir avec la compétition. On évoque la nécessité de parler de «matrimoine» autant que de patrimoine », on propose le droit de vote à 16 ans, et la PMA pour  «toutes les personnes en capacité de porter un enfant». Il me semble qu’on disait «femme», mais apparemment, je suis moins forte en bio que les écolos.

«Le régime présidentiel à la française pousse à la radicalité politique»

Sur l’immigration, l’éthique de la conviction supplante totalement l’éthique de la responsabilité : large régularisation des sans-papiers, élargissement du droit d’asile aux réfugiés climatiques, droit de vote des immigrés aux élections locales. Ce n’est pas avec un programme pareil que Yannick Jadot va pouvoir faire beaucoup mieux que Benoit Hamon qu’il avait soutenu en 2017… L’éternel débat chez les Verts français entre crédibilité et radicalité ne sera pas tranché par la victoire probable de Jadot. 

Il est vrai qu’en France, le goût pour l’idéologie, la table rase et la révolution fait que les avant-gardes politiques sont rarement modérées. Le régime présidentiel à la française pousse à la radicalité politique : là où le régime parlementaire allemand oblige les Verts à gouverner avec la droite dans des grandes coalitions, les écolos en France ne s’allient jamais au-delà de la gauche du PS. Ils développent une culture contestataire plutôt que de gouvernement, préfèrent le zadisme au pragmatisme. Ils ne sont pas si radicaux : s’ils l’étaient vraiment, ils prôneraient, comme José Bové une méfiance envers la PMA et la GPA qui sont des manipulations du vivant au même titre que les OGM. Ils sont surtout imprégnés d’un gauchisme culturel dont ils ne parviennent pas à se défaire et qui n’a rien à voir avec l’écologie. Il le faudra pourtant s’ils veulent faire de celle-ci un grand projet de société plutôt qu’un supplément d’âme pour la bourgeoisie des métropoles mondialisées. 

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