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Pédocriminalité dans l'Eglise : un appel à la «démission collective» des évêques lancé

Les 120 évêques catholiques que compte la France doivent-ils tous démissionner après les conclusions du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise ? Pour François Devaux, Christine Pedotti et Anne Soupa, la réponse est oui.

Le cofondateur de l'association de victimes La parole libérée, qui a révélé les affaires Preynat et Barbarin, la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien et la théologienne estiment qu'il s'agit de «la seule issue honorable» pour faire face à la «faillite» de l'Eglise catholique.

Leur appel intervient six jours après la publication des travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase). Le nombre de personnes victimes d'un prêtre ou d'un religieux en France depuis les années 1950 y a été estimé à 216.000. Le chiffre grimpe même à 330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs, en lien avec les institutions de l'Eglise.

Pour François Devaux, Christine Pedotti et Anne Soupa, ce rapport montre «bien plus que des défaillances» au sein de l'institution catholique. «N'importe quelle organisation, association, entreprise en tirerait les conséquences qui s'imposent : se défaire de ses dirigeants», écrivent-ils.

Ils voient là «un premier acte de repentir concret, coûteux, à l'égard des victimes», mais aussi «la seule façon de rendre possible l'indemnisation» de ces dernières, «car la faillite de l'institution est aussi matérielle. Les fidèles ne veulent pas contribuer pour des fautes qu'ils n'ont pas commises. Mais dans une Eglise restaurée dans laquelle tous et toutes seront représentées, cette solidarité et cette fraternité nouvelles permettront de trouver les ressources financières nécessaires», assurent-ils.

«Tous sont responsables»

Cette «démission collective de l'ensemble des évêques en exercice» est présentée par les trois signataires comme «le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes». Pour appuyer leur proposition, ils précisent que des précédents existent, à l'image des «évêques du Chili» qui «ont remis leur démission collective au pape François après qu'une gigantesque affaire de pédocriminalité a été dévoilée».

Anne Soupa, qui avait postulé à l'archevêché de Lyon pour succéder à Mgr Philippe Barbarin, Christine Pedotti et François Devaux estiment que si tous les évêques français ne sont pas coupables, «tous sont responsables». Voilà pourquoi tous doivent démissionner selon eux, y compris ceux qui n'ont «pas couvert de crimes». «La structure même de la hiérarchie catholique suppose une continuité et une solidarité entre chaque évêque et son prédécesseur», justifient-ils.

Enfin, en attendant de travailler à «l'Eglise d'après», les trois signataires suggèrent au pape François de nommer Véronique Margron, présidente de la Corref (instituts et congrégations religieux), au poste de «légat», c'est à dire le représentant officiel du souverain pontife. Ensemble, ils veulent travailler à une réforme de l'Eglise catholique dans laquelle les fidèles seront impliqués, «comme un signe d'espoir et de renouveau».

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