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Tout savoir sur l'affaire Alexandra Richard, condamnée à 10 ans de prison pour le meurtre de son conjoint violent

Le procès en appel d'Alexandra Richard s'est tenu du 19 au 23 octobre, à Evreux. [Loïc Venance/ AFP]

Le procès d'Alexandra Richard, 43 ans, s'est déroulé du 19 au 23 octobre à Evreux (Eure). La mère de famille, jugée en appel pour avoir tué son conjoint violent en 2016, a été condamnée à 10 ans de réclusion criminelle.

Lors de son premier jugement, en novembre dernier, Alexandra Richard avait été reconnue coupable de meurtre et condamnée à la même peine. Ses avocats espèraient faire jouer la légitime défense lors du procès en appel, mais elle n'a pas été retenue.

Un conjoint violent et alcoolique 

Les faits reprochés à l'accusée se sont produits le 16 octobre 2016 à Montreuil-en-Caux (Seine-Maritime). A l'époque, Sébastien Gest, partage la vie d'Alexandra Richard depuis deux ans et a commencé à boire du whisky très tôt dans la matinée. Il est ivre lorsque sa compagne vient l'informer de l'arrivée de son ex-femme. Il se lève de son fauteuil en menaçant de «défoncer la gueule» d'Alexandra. Celle-ci, en possession d'un fusil de chasse, lui tire dessus. Sébastien Gest décède à l'âge de 36 ans. 

Pour justifier son acte, Alexandra Richard a évoqué devant le tribunal un conjoint alcoolique et violent, qui lui faisait vivre un enfer. Elle a expliqué avoir rencontré Sébastien Gest dans son entreprise après son divorce. Ils ont emménagé ensemble, avec les deux filles d'Alexandra, et les deux enfants de Sébastien, issus d'une précédente union. Ils ont également eu un fils, âgé de 17 mois au moment des faits. Mais très vite, le conte de fées s'est transformé en cauchemar : Sébastien Gest buvait énormément de whisky, frappait et insultait Alexandra, la forçait à changer de médecin, lui interdisait de prendre une douche sans son autorisation, la menaçait de mort... «Même en prison, je dormais mieux qu'à côté de lui», a expliqué Alexandra Richard en 2020. «Personne ne me frappait.» La mère de famille a adressé de multiples demandes de remise en liberté. La cinquième a été rejetée par la chambre d'instruction de la cour d'appel ce 14 octobre. 

Légitime défense ? 

Si Alexandra Richard a toujours reconnu avoir tiré sur Sébastien Gest, elle nie avoir eu l'intention de le tuer. Pourtant, le fusil était chargé. La victime comme l'accusée pratiquaient la chasse et le ball trap. Mais «c'était une arme de dissuasion», a plaidé Alexandra Richard en 2020. «Qu'il soit décédé, ce n'est pas ce que je voulais (...), je voulais (...) m'enfuir avec mes enfants.» 

Ses avocats ont donc plaidé la légitime défense, mettant en avant le caractère violent et imprévisible de la victime, et s'appuyant sur une plainte pour violences conjugales déposée quelques mois avant le drame. A noter que Sébastien Gest avait déjà été condamné en 1999, pour avoir tiré sur un homme dont il était jaloux. 

Mais pour l'accusation, Alexandra Richard a prémédité son acte. «On est sur le terrain de l'homicide volontaire», estime Rose-Marie Capitaine, l'avocate des parents de la victime, qui le présentent comme un homme digne de confiance. «Il n'y a pas de légitime défense. Il n'y a pas une agression au moment précis où elle tire.»

Soutien des associations 

L'histoire d'Alexandra Richard rappelle celle de Jacqueline Sauvage, condamnée (puis graciée en 2016) après avoir abattu son époux. Celui-ci l'agressait physiquement et sexuellement. Plus récemment, Valérie Bacot a été condamnée en juin à quatre ans de prison (dont trois avec sursis) pour le meurtre de son mari qui la battait et la prostituait. 

Dans toutes ces affaires, les associations féministes ont apporté leur soutien à l'accusée. Le collectif Osez le féminisme sera présent au procès d'Alexandra Richard. Le collectif Les Effrontées a quant à lui lancé une pétition, «pour Alexandra Richard et toutes les autres : clarifions la loi sur la légitime défense», qui a déjà récolté plus de 28.000 signatures. «En France, chaque année, on estime à 220.000 le nombre de femmes victimes de violences conjugales», écrit le collectif. «La légitime défense est un droit naturel, qu'on refuse encore aujourd'hui aux femmes victimes, agressées, menacées de mort imminente, de qui on exige plus de sang-froid qu'à un policier.» 

Une deuxième pétition, signée par 44.000 personnes, a été rédigée par un collègue d'Alexandra. «En quoi cela changerait-il la société de mettre une mère de famille aimante en prison, tout ça pour un compagnon violent qui a retourné sa violence contre lui-même ?», s'interroge-t-il. Un questionnement et une mobilisation qui, aux yeux des jurés de la cour d'assises de l'Eure, n'ont pas pesés suffisammment pour retenir la légitime défense dans cette affaire. 

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