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Pancarte, insultes, agressions... Le fléau sans fin de l'antisémitisme

La communauté juive est la cible de nombreuses offenses. [Nicholas KAMM / AFP]

«Pouvoir juif, menace planétaire», «Banquiers juifs ripoux», «Tous juifs, tous socialos»… Les messages antisémites retrouvés ce week-end dans plusieurs boîtes aux lettres de Romainville, en Seine-Saint-Denis, illustrent, une nouvelle fois, la menace qui pèse au quotidien sur la communauté.

Ils viennent s’ajouter à la longue liste d’actes commis chaque année. Insultes sur les réseaux sociaux, inscriptions haineuses, menaces, agressions pouvant aller jusqu’au meurtre… Face à l’ampleur de ce fléau, la justice agit lorsqu’elle est saisie, mais ne parvient pas à l’endiguer.

Outre Romainville, une autre affaire baignant dans l’antisémitisme agite l’actualité, cette semaine. Aujourd’hui, le tribunal correctionnel de Metz doit en effet rendre son jugement dans l’affaire dite de la pancarte, brandie lors d’une manifestation contre le pass sanitaire, le 7 août dernier, par Cassandre Fristot. Cette enseignante avait inscrit le nom de plusieurs personnes juives sur son panneau, avec un slogan ambigu : «Mais qui ?», pour désigner la communauté qui, selon un vieux cliché, occuperait les sphères dirigeantes.

Une idéologie très présente

Pour de nombreuses associations cette affaire n’est que le reflet des innombrables messages antisémites publiés sur les réseaux sociaux. Et celles-ci sont partagées par un public de tout bord. «Nous recensons trois formes d’antisémitismes», décrit Simone Rodan-Benzaquen, directrice Europe de l’American Jewish Committee : «Le premier peut être qualifié de musulman, car il n’est pas forcément islamiste. Le deuxième est d’extrême droite et le troisième d’extrême gauche, avec la haine d’Israël.»

Le problème a explosé au début des années 2000, analyse-t-elle. «Avant, on comptabilisait environ 80 actes par an. Ensuite, le nombre est passé à 350, soit un par jour. C’est fluctuant mais structurel, les chiffres ne descendent pas.» Un antisémitisme décomplexé, qui conduit parfois à des actes d’une gravité extrême. Les agressions physiques sont nombreuses, allant parfois jusqu’au meurtre le plus abject.

La semaine prochaine s’ouvrira ainsi le procès de l’affaire Mireille Knoll, survenu en 2018 à Paris. L’octogénaire avait été poignardée à onze reprises et son corps en partie brûlé par deux hommes. Le caractère antisémite du crime a été retenu, l’un des accusés ayant, au cours d’une discussion avec la future victime, reproché aux juifs «d’avoir des moyens financiers et une bonne situation».

Un combat difficile à mener

Pour les autorités et le gouvernement, la lutte contre l’antisémitisme est particulièrement compliquée à mener, car cette idéologie est souvent transmise au sein d’une communauté, d’un cercle d’amis ou d’une famille. Le ministère de l’Intérieur a sommé les hébergeurs de sites internet et les responsables des réseaux sociaux de «prendre leur responsabilité», pour tenter d’endiguer la diffusion des messages haineux. Un site antisémite a été fermé au mois d’août.

Pas de quoi envisager la fin du problème, cependant. Dans un contexte où le risque terroriste est toujours fortement ancré en France, cette désignation des juifs comme responsables de nombreux problèmes en fait des cibles potentielles. Les lieux de culte restent ainsi particulièrement surveillés, notamment durant les fêtes religieuses.

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